Poussin, selon Bellori, considérait ce tableau comme
son meilleur.
Il a été peint en 1649 et a été acquis par Louis
XIV en 1685.
Salomon, roi d'Israël vers 950 avant J.C., la tradition insiste sur
sa sagesse.
l'histoire du jugement :
Deux femmes sont venues demander justice. Elles ont chacune un enfant du
même âge, mais l'un est mort accidentellement étouffé
pendant son sommeil. Chacune affirme que l'enfant vivant est le sien.
"Elles se disputaient ainsi devant le roi qui prononça : " Apportez-moi une épée", ordonna le roi ; et on apporta l'épée devant le roi, qui dit : "Partagez l'enfant vivant en deux et donnez la moitié à l'une et la moitié à l'autre." Alors la femme dont le fils était vivant s'adressa au roi, car sa pitié s'était enflammée pour son fils, et elle dit : "S'il te plaît, Monseigneur ! Qu'on lui donne l'enfant vivant, qu'on ne le tue pas !" mais celle-là disait : "Il ne sera ni à moi ni à toi, partagez !" Alors le roi prit la parole et dit : "Donnez l'enfant vivant à la première, ne le tuez pas. C'est elle la mère." (le Livre des Rois chapitre 3)
(le Livre des Rois chapitre 3)
Salomon a un visage de jeune homme, il occupe le centre du tableau et sur
un haut piédestal, il domine la scène. Les deux colonnes qui
l'encadrent et les lignes de fuite du pavement accentuent cette centralité.
Le front du jeune roi est le sommet d'un triangle qu'amorce ses deux bras
écartés. C'est le triangle de la tragédie qui se noue.
Cette symétrie remarquable n'est pas sans évoquer les plateaux
de la balance, symbole habituel de la justice.
Comme souvent avec Poussin plusieurs moments du récit sont représentés
simultanément.
Salomon vient de prononcer son premier jugement, l'index de sa main droite
désigne le soldat : "Partagez l'enfant vivant en deux et donnez
la moitié à l'une et la moitié à l'autre",
Le soldat , solidement
campé, saisit l'enfant par un pied, cette position renversée
renforce l'effet dramatique, il dégaine son épée et
commence la rotation de son arme qui lui permettra de frapper
une des femmes dit : "Il ne sera ni à moi ni à toi, partagez !"
C'est ici le mouvement le plus rapide et violent : la main pointée
au bout de son bras est comme une autre arme dirigée contre l'enfant.
Cette projection en
avant est renforcée par son décalage vers la gauche par rapport
aux axes de la composition.
l'émotion saisit
l'assistance, les deux personnages aux extrémités du tableau
se détournent de la scène
En écartant
ses bras dans un geste protecteur, la vraie mère implore "S'il
te plaît, Monseigneur ! Qu'on lui donne l'enfant vivant, qu'on
ne le tue pas !"
Ce geste ample qui enveloppe l'enfant, l'isole de l'épée noire.
Évoque-t-il les ailes déployées des déesses
protectrices de l'Égypte antique ?
Par le geste de la
main gauche, Salomon arrête son ordre précédent : Alors
le roi prit la parole et dit : "Donnez l'enfant vivant à
la première, ne le tuez pas. C'est elle la mère." Le
personnage en manteau orange semble louer la décision.