26 décembre 2004, terrifiant séisme au large de l'Asie du sud.
Une puissance équivalente à l'explosion de 30 .000 bombes atomiques similaires à celle d'Hiroshima.
La terre en a vibré sur son axe...

(documents et extraits d'article du journal "Le Monde " daté du 30 décembre 2004)

Le séisme qui a frappé la côte ouest du nord de l'île de Sumatra a été provoqué par le passage de la plaque océanique indo-australienne sous la microplaque continentale de Burma. Lors de ce choc titanesque un morceau d'écorce terrestre incliné sur un plan de 13° et situé à l'interface des deux plaques large de 100 km et long d'au moins 400 km s'est déplacé de 15 à 20 mètres.

Le séisme indonésien est le résultat d'un processus de 85  millions d'années


Le passage de la plaque indo-australienne océanique sous la plaque continentale provoque des chocs gigantesques


Le séisme de magnitude 9 qui s'est produit, dimanche 26  décembre, sur la côte ouest du nord de Sumatra est le fruit d'une histoire tectonique qui a commencé il y a 85  millions d'années. A cette époque - après la formation de l'océan Indien - la plaque indo-australienne qui porte l'Inde s'est séparée de l'Afrique. Elle a alors "  traversé" l'océan en direction du nord à la vitesse de 10  cm/an.

Puis, il y a 50  millions d'années, l'Inde est entrée en collision avec l'Eurasie et continue d'exercer ce mouvement au rythme de 5 à 6  cm/an. Cet événement a créé la chaîne himalayenne, les plus hautes montagnes du monde, et aussi fait glisser le bloc Indochine - qui porte l'archipel indonésien - vers le sud-est.

Résultat de cet affrontement titanesque, l'Indonésie - 17  000 îles réparties sur 5  000  km de long - est extraordinairement volcanique et très souvent sismique. En août  1883, la région a subi une des plus importantes explosions volcaniques de l'histoire  : le volcan Krakatau a provoqué un puissant raz de marée et la mort de 36  000 personnes.

Actuellement, un mouvement de subduction s'exerce le long de l'île de Sumatra et fait passer la plaque indo-australienne océanique sous la plaque continentale de la Sonde à la vitesse de 4 à 5  cm/an. Soit 5  mètres en cent ans. "  Il y a là une énergie phénoménale qui s'accumule lentement. Quand ces 5  mètres se relâchent en quelques minutes, cela provoque un séisme gigantesque" explique Mohamed Chlieh, spécialiste de la tectonique indonésienne, qui collabore au California Institute of Technology (Caltech, Etats-Unis) et à l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP).

L'énergie accumulée est telle qu'elle ne peut se dissiper en une seule fois. Aussi, provoque-t-elle de nombreuses répliques. Plusieurs dizaines ont déjà eu lieu et d'autres seront créées pendant encore plusieurs décennies, comme c'est le cas pour tous les très gros séismes. Le mouvement de subduction a aussi eu pour effet de "faire bouger horizontalement certaines parties de Sumatra de 15  à 20  mètres vers le sud-ouest", précise Paul Tapponnier, directeur du laboratoire de tectonique de l'IPGP. "L'île de Simeuleï, proche du lieu du séisme, a sans doute été soulevée de quelques mètres."

Des phénomènes similaires ont déjà été observés lors du séisme d'Alaska en 1964  : à cette occasion, des îles ont été haussées de 12  mètres au-dessus du niveau de la mer. "L'accumulation des séismes construit tous les reliefs de la Terre. Ce sont les grands architectes de nos paysages", ajoute Paul Tapponnier.

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En raison de son volcanisme et de sa sismicité exacerbés, l'archipel indonésien et sa région environnante sont étudiés depuis longtemps par des chercheurs de différentes nationalités. Entre 1991 et 2001, l'Union européenne a financé le programme Geodyssea (géodynamique du Sud et du Sud-Est asiatique), qui a permis de réaliser par satellite GPS une étude du déplacement des pays de cette zone, destinée à évaluer le mouvement des plaques. Ces travaux ont permis d'établir que les "contraintes se concentrent sur la faille de Sumatra, celle de Sulawesi et la grande faille des Philippines", explique Michel Villeneuve, directeur de recherches au CNRS (laboratoire de géologie de l'université de Provence, à Marseille).

Des études de paléosismicité ont aussi été menées à partir de sédiments anciens, indiquant que ces grandes failles rejouent en moyenne tous les 50 à 100 ans. (...)

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"Il y a malheureusement, indique Mohamed Chlieh, un très gros risque de voir se produire à l'avenir un séisme de magnitude 8,7 en plein milieu de Sumatra, à l'endroit où a eu lieu celui de 1833."

Christiane Galus (Le Monde 30 décembre 2004)


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