Résultat de cet affrontement titanesque, l'Indonésie
- 17 000 îles réparties sur 5 000 km de long
- est extraordinairement volcanique et très souvent sismique. En
août 1883, la région a subi une des plus importantes
explosions volcaniques de l'histoire : le volcan Krakatau a provoqué
un puissant raz de marée et la mort de 36 000 personnes.
Actuellement, un mouvement de subduction s'exerce le long de l'île
de Sumatra et fait passer la plaque indo-australienne océanique sous
la plaque continentale de la Sonde à la vitesse de 4 à 5 cm/an.
Soit 5 mètres en cent ans. " Il y a là
une énergie phénoménale qui s'accumule lentement. Quand
ces 5 mètres se relâchent en quelques minutes, cela provoque
un séisme gigantesque" explique Mohamed Chlieh, spécialiste
de la tectonique indonésienne, qui collabore au California Institute
of Technology (Caltech, Etats-Unis) et à l'Institut de physique du
globe de Paris (IPGP).
L'énergie accumulée est telle qu'elle ne peut se dissiper
en une seule fois. Aussi, provoque-t-elle de nombreuses répliques.
Plusieurs dizaines ont déjà eu lieu et d'autres seront créées
pendant encore plusieurs décennies, comme c'est le cas pour tous
les très gros séismes. Le mouvement de subduction a aussi
eu pour effet de "faire bouger horizontalement certaines parties
de Sumatra de 15 à 20 mètres vers le sud-ouest",
précise Paul Tapponnier, directeur du laboratoire de tectonique de
l'IPGP. "L'île de Simeuleï, proche du lieu du séisme,
a sans doute été soulevée de quelques mètres."
Des phénomènes similaires ont déjà été
observés lors du séisme d'Alaska en 1964 : à
cette occasion, des îles ont été haussées de
12 mètres au-dessus du niveau de la mer. "L'accumulation
des séismes construit tous les reliefs de la Terre. Ce sont les grands
architectes de nos paysages", ajoute Paul Tapponnier.
(...)
En raison de son volcanisme et de sa sismicité exacerbés,
l'archipel indonésien et sa région environnante sont étudiés
depuis longtemps par des chercheurs de différentes nationalités.
Entre 1991 et 2001, l'Union européenne a financé le programme
Geodyssea (géodynamique du Sud et du Sud-Est asiatique), qui a permis
de réaliser par satellite GPS une étude du déplacement
des pays de cette zone, destinée à évaluer le mouvement
des plaques. Ces travaux ont permis d'établir que les "contraintes
se concentrent sur la faille de Sumatra, celle de Sulawesi et la grande
faille des Philippines", explique Michel Villeneuve, directeur
de recherches au CNRS (laboratoire de géologie de l'université
de Provence, à Marseille).
Des études de paléosismicité ont aussi été
menées à partir de sédiments anciens, indiquant que
ces grandes failles rejouent en moyenne tous les 50 à 100 ans. (...)
(...)
"Il y a malheureusement, indique Mohamed Chlieh, un très
gros risque de voir se produire à l'avenir un séisme de magnitude
8,7 en plein milieu de Sumatra, à l'endroit où a eu lieu celui
de 1833."