Salvador Allende

Le 11 septembre 1973, il y a trente ans, le général Pinochet soutenu par les États-Unis renversait le régime démocratique de Salvador Allende.

Le 11 septembre 1973, une junte militaire renversait le
gouvernement de Salvador Allende et le Chili s'installait
dans une longue période de dictature. arrestations,
tortures, assassinats : trois mille personnes
sont mortes ou disparues durant les
années Pinochet. Trente ans plus tard, le président
chilien Ricardo Lagos, socialiste, a choisi de commémorer
officiellement le renversement de Salvador Allende
"pour montrer au monde combien le Chili a changé
depuis le retour de la démocratie ". Mais cette célébration
est fortement critiquée par les partisans du
général Pinochet, par l'opposition de droite et par les
alliés de la démocratie chrétienne. Les questions des
droits de l'homme et des réparations aux victimes et à
leurs familles demeurent sensibles. Beaucoup dénoncent
l'immunité assurée aux tortionnaires.

Le monde 11 septembre 2003

..
l'attaque du palais présidentiel de la Moneda


Au centre le président Allende lors de l'attaque du palais présidentiel de la moneda à Santiago. Il sera tué quelques instants plus tard.


dessin de Plantu publié dans le Monde du 11 septembre 2003

Le 19 septembre 2000 l'Agence centrale de renseignement américaine (CIA) a reconnu sa participation à la conspiration contre Salvador Allende et à la répression qui a suivi.


extrait d'un article de Laurent Joffrin .

Le Nouvel Observateur n° 2027 semaine du 11 septembre 2003


Chili - L'espérance assassinée


Dans l'histoire du socialisme, affligée de tant de trahisons, le parcours de l'Unité populaire reste comme un rêve inachevé. Un rayon de soleil dans ce terrible XXe siècle

"Nous l'avons tant aimée, cette révolution-là. Elle avait l'audace des candides, le panache des découvreurs, le scrupule des tolérants. Sur sa route, il n'y avait ni camps, ni crimes, ni bourreaux. En trois ans de pouvoir, l'Unité populaire n'a pas annulé une seule liberté, enfreint une seule loi, dénoncé un seul traité. Elle a mené sa politique, forte d'une victoire électorale régulière et d'un soutien populaire constant. Elle a fait ses réformes sans violer un principe démocratique. Allende était un marxiste qui aimait la Constitution, un combattant au sourire triste, un révolutionnaire par la loi. Pour nous, il était un Blum à la voix rauque, un Jaurès du Grand Sud. Dans l'histoire du socialisme, affligée de tant de trahisons, le parcours de l'Unité populaire reste comme un rêve inachevé, une espérance assassinée.
Car le respect des hommes, credo de la gauche chilienne, n'avait aucune importance aux yeux des stratèges de Washington. Les témoins ont parlé, les documents ont été révélés. On sait aujourd'hui que la réalité était pire que les accusations mécaniques des militants contre «l'impérialisme yankee». Dès le premier jour, dès la première heure, dès la première minute, les Etats-Unis n'eurent de cesse que de tuer l'espoir. Avant même que le gouvernement Allende ne prenne ses fonctions, la CIA, manipulant l'extrême-droite chilienne, commença à comploter, fomentant un premier coup d'Etat, faisant assassiner un premier militaire légaliste. Elle continua sans relâche cette guerre secrète préventive, finançant les camionneurs, excitant les matrones des beaux quartiers, organisant la calomnie et l'agitation jusqu'à ce que l'armée donne le coup de grâce, le 11 septembre 1973.
L'Unité populaire commit des erreurs? Certes. Dans sa volonté de remédier à l'injustice sociale, plaie du continent sud-américain, elle dépensa trop, affaiblit la monnaie et inquiéta les classes moyennes. Entre les campagnes mensongères de la droite et la surenchère dangereuse de l'extrême-gauche castriste, elle s'empêtra. Les fautes d'Allende, pourtant, n'avaient rien d'essentiel. Avec un peu de temps, on pouvait redresser la barre. Au pire, on serait battu à l'élection suivante. Le peuple, au demeurant, suivait. Aux élections qui ont immédiatement précédé le coup d'Etat, la gauche chilienne recueillit plus de suffrages que trois ans auparavant. Allende refusait de s'alarmer. Démocrate jusqu'au bout, il voulait compter sur la loyauté des militaires républicains, au premier rang desquels il mettait un certain Augusto Pinochet.
Cette assurance fondée sur l'élection a précipité le golpe. L'Unité populaire résistait légalement: il fallait en finir. Ce que la bourgeoisie, les militaires et les Américains craignaient d'Allende, ce n'était pas ses échecs: c'était ses réussites. Une voie pacifique vers le socialisme? Tout mais pas ça. Il fallait annuler l'exemple, exécuter l'espérance. A aucun prix le processus commencé à Santiago ne devait risquer de faire école. Le meurtre fut donc sauvage. Le palais présidentiel criblé de bombes, le président acculé au suicide, les ministres emprisonnés ou tués, les quartiers populaires bombardés, les militants concentrés dans les stades, humiliés, torturés, exécutés. Victor Jara, le chanteur-poète, battu et fusillé par des brutes bottées.
Par vindicte et par calcul, l'armée voulait la terreur. Epouvanter pour gouverner: tel était le mot d'ordre approuvé à Washington. Les Etats-Unis, si souvent engagés pour la démocratie, s'en méfiaient dans leur arrière-cour latine. En Amérique du Sud, la défense du «camp de la liberté» excluait la liberté des peuples. Mieux valait les terroristes en uniforme. Mieux valait les barbares, puisque c'était «les nôtres». Aussitôt les intérêts furent rassurés, les bourgeois rassérénés, les stratèges comblés. On avait conjuré le spectre. (...)"


Le dernier discours du Président Salvador Allende à la radio depuis son palais assiégé et bombardé.


"Seguramente, ésta será la última oportunidad en que pueda dirigirme a ustedes. La Fuerza Aérea ha bombardeado las antenas de radio Magallanes. Mis palabras no tienen amargura sino decepción. Que sean ellas un castigo moral para quienes han traicionado su juramento: soldados de Chile, comandantes en jefe titulares, el almirante Merino, que se ha autodesignado comandante de la Armada, más el señor Mendoza, general rastrero que sólo ayer manifestara su fidelidad y lealtad al Gobierno, y que también se ha autodenominado Director general de carabineros. Ante estos hechos sólo me cabe decir a los trabajadores: ¡No voy a renunciar!

Colocado en un tránsito histórico, pagaré con mi vida la lealtad al pueblo. Y les digo que tengo la certeza de que la semilla que hemos entregado a la conciencia digna de miles y miles de chilenos, no podrá ser segada definitivamente. Tienen la fuerza, podrán avasallarnos, pero no se detienen los procesos sociales ni con el crimen ni con la fuerza. La historia es nuestra y la hacen los pueblos.

Trabajadores de mi patria: quiero agradecerles la lealtad que siempre tuvieron, la confianza que depositaron en un hombre que sólo fue intérprete de grandes anhelos de justicia, que empeñó su palabra en que respetaría la Constitución y la ley, y así lo hizo. En este momento definitivo, el último en que yo pueda dirigirme a ustedes, quiero que aprovechen la lección: el capital foráneo, el imperialismo, unidos a la reacción crearon el clima para que las Fuerzas Armadas rompieran su tradición, la que les enseñara el general Schneider y reafirmara el comandante Araya, víctimas del mismo sector social que hoy estará esperando con mano ajena, reconquistar el poder para seguir defendiendo sus granjerías y sus privilegios.

Me dirijo a ustedes, sobre todo a la modesta mujer de nuestra tierra, a la campesina que creyó en nosotros, a la madre que supo de nuestra preocupación por los niños. Me dirijo a los profesionales de la patria, a los profesionales patriotas que siguieron trabajando contra la sedición auspiciada por los colegios profesionales, colegios clasistas que defendieron también las ventajas de una sociedad capitalista.

Me dirijo a la juventud, a aquellos que cantaron y entregaron su alegría y su espíritu de lucha. Me dirijo al hombre de Chile, al obrero, al campesino, al intelectual, a aquellos que serán perseguidos, porque en nuestro país el fascismo ya estuvo hace muchas horas presente; en los atentados terroristas, volando los puentes, cortando las vías férreas, destruyendo lo oleoductos y los gaseoductos, frente al silencio de quienes tenían la obligación de proceder.

Estaban comprometidos. La historia los juzgará.

Seguramente Radio Magallanes será acallada y el metal tranquilo de mi voz ya no llegará a ustedes. No importa. La seguirán oyendo. Siempre estaré junto a ustedes. Por lo menos mi recuerdo será el de un hombre digno que fue leal con la patria.

El pueblo debe defenderse, pero no sacrificarse. El pueblo no debe dejarse arrasar ni acribillar, pero tampoco puede humillarse.

Trabajadores de mi patria, tengo fe en Chile y su destino. Superarán otros hombres este momento gris y amargo en el que la traición pretende imponerse. Sigan ustedes sabiendo que, mucho más temprano que tarde, de nuevo se abrirán las grandes alamedas por donde pase el hombre libre, para construir una sociedad mejor.

¡Viva Chile! ¡Viva el pueblo! ¡Vivan los trabajadores!

Estas son mis últimas palabras y tengo la certeza de que mi sacrificio no será en vano, tengo la certeza de que, por lo menos, será una lección moral que castigará la felonía, la cobardía y la traición"



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