Vaste composition: 3 mètres 30 de haut sur 4 mètres 25
de large. Huile sur toile.
Genre: grande peinture d'histoire. (histoire romaine)
La scène se passe dans la cour intérieure dallée d'une
demeure de patriciens romains. Le fond obscur concentre toute l'attention
sur le premier plan. Comme chez Greuze l'espace représenté
est clos et parallèle au plan du tableau.
Les trois arcades distinguent trois groupes de personnages: de gauche à
droite :
les trois frères,
puis le père,
enfin les trois soeurs.
Lignes.
Pour les hommes dominent les lignes droites, bras et jambes tendus, épées,
lance.
Dans le groupe des femmes dominent les lignes courbes.
Alors que les hommes, debouts dépassent de la tête la médiane
horizontale, les femmes n'occupent que la moitié inférieure.
Ligne droite
force
dureté
virilité
résistance
résolution Ligne courbe
mollesse
douceur
féminité
fantaisie
souplesse
tendresse
Couleurs
Les hommes sont vêtus de couleurs éclatantes, les femmes de
couleurs rompues, c'est à dire dont l'éclat est atténué
par l'adjonction d'un peu de sa complémentaire.
Le message de David est clair. L' intérêt public (défendre
la cause de Rome, le groupe des hommes) passe avant les intérêts
privés (l'amour et les liens de famille, le groupe des femmes).
Lumière
On retrouve ici une lumière caravagesque car l'éclairage est
latéral et violent, les parties éclairées faisant un
important contraste avec le sombre du fond.
Le père fait face à la source de lumière, l'axe de
son regard est parallèle à celui de la limite ombre-lumière
sur les arcades (un parallèle est à faire avec le tableau
de Greuze).
David indique ainsi que le père est en contact avec la divinité,
avec les intérêts supérieurs de la cité, (symbolisés
au dessus de lui par les épées serrées dans son poing)
il ne regarde plus la réalité individuelle de son amour paternel,
mais l'abstraction civique de son amour patriotique.
Composition
La composition est ici une véritable transposition géométrique
de ces idées.
(Le point de fuite est dans la représentation de la
perspective, le point vers lequel semblent se diriger dans l'espace à
trois dimensions les droites parallèles.)
Ici toutes les droites, celles de l'architecture, des dalles du sol, des
chapiteaux, des colonnes, des pierres des murs latéraux ont pour
point de fuite la main du père, serrée sur les épées.
Le bras tendu du premier frère suit la médiane horizontale.
La ligne horizontale que suit son regard vers le poing du père est
la ligne d'horizon. Cette horizontale est calculée selon la section
d'or.
Avez vous remarqué la lance posée sur le chapiteau de gauche,
elle détermine avec le bord de la colonne de droite et celui du manteau
rouge du père un carré parfait, symbole de la cohésion,
de l'unité du groupe des hommes.
Ainsi rigueur du dessin, du rendu des volumes, de la composition et rigueur
des idées vont ici de pair.
Histoire des Horaces. récit de Tite-Live. Lors de la guerre entre Rome et Albe au VII°
siècle avant J.C., les trois frères Horaces furent désignés
comme champions de Rome à combattre les trois frères Curiaces,
champions d'Albe.
Lors du combat, deux des Horaces sont tués, les trois Curiaces sont
blessés. Les Albins semblent assurés de leur victoire. Cependant
le dernier Romain Horace n'a pas été blessé, et trop
faible contre trois, il feint de prendre la fuite. Les Curiaces le poursuivent
d'une course inégale, suivant la gravité de leurs blessures.
Dès qu'Horace voit ses ennemis séparés, il se retourne,
fond sur le plus rapproché qu'il égorge, puis il affronte
et tue le second et enfin il achève le dernier.
Épisode éminément tragique ou s'opposent intérêt
public et privé car Horace est l'époux de Sabine, native d'Albe
et l'un des frères Curiaces est fiancé à Camille la
soeur d'Horace ! Camille déplore la victoire de son frère
qui exaspéré la tue(Corneille en a tiré une tragédie
célèbre "Horace" 1640)