Voyage éclair en Transsibérien

ou

`"Les 12 jours d'Oulan Bator"

Ne cherchez ni David Niven, ni Charlton Heston, ils n'y sont pas !

(Par contre, moi, j'y suis)

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Avis aux amateurs

Au pays des orgues de Staline, les femmes sont "canons" !

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Je m'appelle Michel Ricard, j'habite à Paris et, au moment de ce voyage, j'avais 52 ans. J'en rêvais. Un jour, je l'ai fait ! C'était en août 1996. Mais comme j'avais promis d'être de retour le 18 août pour l'anniversaire d'un ami, j'ai dû rentrer au terme d'un périple de 12 jours ... alors que je n'étais plus qu'à un jour de Pékin (Grrr !).

Ci-dessous ma promenade. Départ en transsibérien le 4 août à Moscou. Arrivée 4 jours plus tard à Irkoutsk où, après visite de la ville et du Lac Baïkal, je suis reparti par le transmongolien. Faute de temps, je suis rentré par avion d'Ulan Bator vers Moscou.

 

Départ à Moscou le 4 août dans un climat intéressant : en raison des attentats tchéchènes, les hôtels à touristes étaient gardés par la troupe en armes.  

Question compagnons de voyages, je suis bien tombé : Andreï, un jeune ingénieur aéronautique parlant anglais et 2 charmantes jeunes femmes (Claire et Linna, 21 et 22 ans). Elles ne parlent pas anglais, mais le comprennent, et peut-être un peu le français (les compartiments sont pour 4 personnes).

Première mauvaise surprise : les WC sont proprement dégueulasses. Pour faire ma petite toilette le matin, je ne sais même même pas où poser les pieds. Les autres, ça ne les gêne pas, ils n'y vont pas.

Deuxième mauvaise surprise : on ne fume pas, ni dans les compartiments, ni dans les couloirs. Il faut aller dans le sas et comme je n'y suis pas tout seul, c'est enfumé comme dans un cabaret d'avant-guerre !

Surprise tout court : si la ligne est électrifiée, les wagons disposent chacun de se propre chaudière à charbon et de sa propre réserve (évidement, pour le cas où le train tomberait en panne en plein hiver). Quand on aperçoit dans les gares de triage les grues sur rails et les locomotives pourvues d'un chasse-neigne de 2,5 m de haut, on se dit que le voyage en hiver doit être intéressant !).

Dans le transsibérien, il n'y pas de touristes. Il n'y a d'ailleurs que très peu de civils car les passagers sont une écrasante majorité de militaires qui vont rejoindre leur affectation.

Il existe un esprit de clocher dans le train : le compartiment, c'est la famille, le wagon, c'est le village et le wagon voisin, c'est le village voisin.

Le voyage est long. Pour occuper le temps, on boit (1 bouteille de vodka/heure pour 4 personnes !) et on chante.Les jours se succèdent aux jours, et le décalage horaire est insidieux. Je me souviens d'ailleurs avoir été surpris ; e voyais 2 heures du matin à ma montre (heure de Moscou) et le soleil était là!

Les russes ne vont pas au wagon-restaurant (pourtant, il y en a) car c'est trop cher pour eux. Casses-croûtes et saucissons font le menu. Dans le compartiment, chacun met ce qu'il a en commun et on partage, même avec ceux qui, comme moi, n'avaient rien prévu. En plus, ils ne voulaient pas que j'aille au wagon-restaurant.

Ramboff. Je l'ai rebaptisé ainsi ça car je me souviens plus de son prénom.

C'est un vétéran de l'Afganistan où il a pris une balle dans la tête. 9 mois d'Hosto. Puis il est devenu prof de boxe. J'ai fait sa connaissance dans le sas du train où il s'entraînait en frappant les parois d'acier à mains nues. Une force herculéenne !

Il m'aimais bien, mais un jour, il a voulu violer Linna. Comme je me devais de défendre la réputation de la célèbre galanterie française, j'ai dû m'interposer. Grosse colère : il ne m'entendait plus et ne reconnaissait plus. Il était comme en transe et frappait à poings nus dans les montants des lits en guise d'avertissement. Heureusement, les autres sont revenus et il s'est trouvé tout con (j'ai eu chaud !)

Le lendemain, une fois qu'il avait cuvé, il m'embrassait dans le cou en me disant "Mi-i-i-i-chel, you are my brother"! (j'adore comme les russes prononcent non prénom !).

Claire (à gauche) et Linna (à droite), sont coquettes : en apprenant que j'étais français, elles ont fait promettre à Andreï de ne pas me dire qu'elles aussi, étaient militaires, avant qu'elles ne soient descendues du train. Elles m'avaient fait croire qu'elles avaient été nommées standardistes à Bratsch. Andreï avait surenchéri en me confiant que les femmes qui trouvaient un emploi en Sibérie, c'était parce qu'elles cherchaient un mari, et que dans les villes de garnison, elles avaient plus de choix logique, non ?).

Ci-contre, c'était notre dernière soirée en train. Elles se sont faites une beauté car je les avais invité tous les 3 au wagon-restaurant. Pour la 1ère fois, ils ont accepté. Le "Soviet-Champagne" a coulé à flots (10 F la bouteille). Ce n'est ni cher ni bon (un vilain muscat mousseux)!

Bratsh. Premiers adieux sur le quai. Les filles sont arrivées à destination et nous faisons des photos souvenir.

Le blond, c'est Andreï. Vous noterez que Linna n'est pas plus rancunière que ça avec Ramboff (lequel devait apparemment se croire photogénique)!

C'est vrai, ça fait un peu répétition, mais au moins, ça permet à ceux qui ne connaissent pas de voir un peu ma tronche.

Pour ceux qui me connaissent, ça leur permet de remarquer qu'en ce temps là, je n'étais pas encore barbu et en même temps, de découvrir qu'il y avait sous ma robe !

Ca y est. Irkoutsk ! Ramboff et moi descendons. Les autres continuent le voyage, mais le train commence à se vider sérieusement alors que Vladivostok est encore à 3 jours. Cette fois-ci ce sont les adieux pour de bon, on a tous un peu la larme à l'oeil.

La petite femme auburn que je tiens par le cou, c'est le cerbère du wagon. Elle contrôle les billets, entretient le samovar et surveille qu'on ne fume pas dans les compartiments (elle faisait des rondes !). C'est son premier premier sourire de tout le voyage.

Une dernière, pour revoir Andreï.

La brune tricolore, c'est la copine que Ramboff s'était trouvé dans le train. Lorsque je lui ai demandé lequel des 2 avait le plus haut grade, il a failli me casser la figure, mais elle s'est interposée pour me protéger ... (Ah, j'adore la galanterie russe !)

 

Etape suivante : Irkoutsk!