conférence d'Emmanuel Filhol, cercle d'étude :

La mémoire et l’oubli : l’internement des Tsiganes en France, 1940-1946, Mercredi 2 Juin 2004, 14 h 30 - 17 h
Lycée Edgar Quinet, 63, rue des Martyrs 75009 Paris :
http://aphgcaen.free.fr/cercle/tsiganes.htm

(N.B. Le texte suivant est composé d'extraits de documents d'Emmanuel Filhol à propos du camp de Mérignac,et d'autres trouvés sur le net dont les liens sont cités dans la page.)

 

Parce qu'ils étaient considérés comme des « asociaux », entre 250 000 et 500 000 Tsiganes, sur les 700 000 qui vivaient en Europe, ont été exterminés pendant la seconde guerre mondiale par les nazis et leurs alliés, à l'exception de la Bulgarie.

La persécution à l'égard des tsiganes commence avant l'arrivée des nazis au pouvoir avec les lois de contrôle de la "plaie tsigane" dès 1926, la surveillance spécifique et permanente en 1928, la stérilisation eugénique en 1933, l'interdiction des mariages mixtes en 1934-1935 et enfin l'enfermement à Dachau en 1936. Les déportations deviennent massives à l'automne 1939... Ensuite commence l'extermination. Les nazis estimaient avoir supprimé la moitié de la population tsiganes d'Europe, les historiens évaluent le nombre des victimes à au moins cinq cent mille. Mais au procès de Nuremberg, aucune mention des victimes tsiganes n'est faite.

Décret du 6 avril 1940 :
Art. 1er. La circulation des nomades est interdite sur la totalité du territoire métropolitain pour la durée de la guerre.
Le 6 avril 1940, un décret du Président Paul Lebrun interdit la circulation des nomades sur la totalité du territoire métropolitain. Les nomades doivent se déclarer à la brigade de gendarmerie la plus proche, et ils seront astreints à résider pour la durée de la guerre en une localité prévue dans chaque département par le préfet compétent.

Les camps où ont été internés des Tsiganes en France :
Rennes (Ille-et-Vilaine), Les Alliers (Charente), Choisel (Loire-Inférieure), Moisdon-la-Rivière (Loire-Inférieure), Mulsanne (Sarthe), Coudrecieux (Sarthe), Linas-Montlhéry (Seine-et-Oise), Grez-en-Bouère (Mayenne), Montsûrs (Mayenne), Mérignac (Gironde), La Morellerie (Indre-et-Loire), Monsireigne (Vendée), Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), Coray (Finistère), Barenton (Manche), Poitiers (Vienne), Jargeau (Loiret), Moloy (Côte-d’Or), Peigney (Haute-Marne), Arc-et-Senans (Doubs), Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes (Yonne), Pontivy (Morbihan), Plénée-Jugon (Côtes-du-Nord), Louviers (Eure), Boussais (Les Deux-Sèvres) ; Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), Le Barcarès (Pyrénées-Orientales), Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), Saliers (Bouches-du-Rhône), Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Des Tsiganes - un petit nombre - ont également été internés à Gurs (Basses-Pyrénées), Noé (Haute-Garonne), Brens (Tarn), Nexon (Haute-Vienne), Rouillé (Vienne), Fanlac (Dordogne), Barraux (Isère), Monts (Indre-et-Loire) et dans le camp de femmes de Rieucros (Lozère).

Camp des Tsiganes à Mérignac :
« (...) le chef de l’Administration Militaire en France a prescrit que les Bohémiens séjournant dans les territoires occupés soient conduits dans un Camp de Concentration sous la surveillance des forces de police française et qu’il soit formellement interdit aux bohémiens de passer la ligne de démarcation du territoire non occupé. Je vous prie donc de rassembler dans un Camp et ce jusqu’au 31-10-1940 tous les bohémiens se trouvant dans votre département pour les faire garder par vos forces de police."
Au camp de Mérignac-Beau-Désert, ouvert à partir du 17 novembre 1940, le nombre des Tsiganes, répartis en quinze groupes, varie entre 297 et 321 personnes.Au camp de Mérignac, il y avait beaucoup de grandes familles. Nous, on était une famille de huit personnes, avec mon père et ma mère. Il y avait les Winterstein, ils étaient je ne sais pas combien... les Helfrick... on se connaissait avant d’être internés. Il y avait encore des familles, les Weiss, les Bauer...

Il y a aussi des communistes venus du camp de Bacalan, plusieurs « droit commun », des étrangers (les réfugiés espagnols entre autres), et des Juifs, internés à partir de septembre 1941. Une aide est apportée à des degrés divers à l’occupant par les fonctionnaires.

Des familles tsiganes de la Gironde sont internées à partir du 10 décembre 1940 au camp de la route de Limoges à Poitiers (56).Comme d’autres Tsiganes de Mérignac, Charles Helfritt se retrouvera interné au camp de Poitiers, avant d’être déporté en Allemagne.

Le 13 janvier 1943, survient un événement tragique : 70 nomades, tous des hommes, âgés de 16 à 60 ans, dont pas loin de la moitié provient du camp de Mérignac, sont envoyés au camp de Royallieu à Compiègne, avant d’être déportés au camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen. D’après les récits bouleversants de deux Manouches rescapés du camp, Louis Helfrick et Sylvain Reinhard, internés à Beau-Désert, sept ou huit Tsiganes du convoi de Poitiers auraient survécu.

La mémoire :
« Camp d’internement de Mérignac-Beaudésert. 1941-1944. Plus de douze cents résistants, internés politiques, juifs, réfractaires au S.T.O. ont séjourné dans ce camp avant d’être dirigés vers Drancy et les camps de la mort ou d’être exécutés comme otages au camp de Souge ».

Sur les 30 communes d’implantation des camps, 4 stèles seulement, apposées à des dates récentes (entre 1985 et 2000) pour les camps de Poitiers, Montreuil-Bellay, Jargeau, Arc-et-Senans, et dont les textes s’avèrent parfois en partie critiquables, rendent hommage aux Tsiganes persécutés.
http://www.cths.fr/4DACTION/www_Con_Communic/156

articles et liens internet :

sur les Tsiganes :
http://www.episteme.u-bordeaux.fr/efilhol.htm

http://www.episteme.u-bordeaux.fr/publications_filhol/Anna.pdf

bibliographie :
http://www.etudestsiganes.asso.fr/livres/livres.html

Les tsiganes en France :
http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=135

Approches Croisées, la déportation et l'extermination des Tsiganes :
http://www.approches-croisees.net/page/memoire/saliers/saliers2.html

http://www.memoire2000.asso.fr : séance pour les scolaires, mardi 25 mai 2004,
Mémoire de voyage, de Cheikh Djemaï, 1992
Les Oubliés de Montreuil-Bellay, de Abdelali Boutibi,1999

Marie-Christine Hubert , " Les réglementations anti-tsiganes en France et en Allemagne, avant et pendant l'occupation "
dans La Revue d'histoire de la Shoah - le monde juif du Centre de documentation juive contemporaine.
http://centri.univr.it/resistenza/indesiderabili/hubert.htm


Les Tsiganes, Jacques TARNERO
http://www.anti-rev.org/textes/Tarnero95a/racismes-2.html

A propos de Saliers, camp du sud de la France :
http://www.bm-grenoble.fr/agenda_culturel/rendez-vous/2004/prog_04_04_09.htm

Enseigner l'Holocauste au 21 siècle, Jean-Michel Lecomte
http://www.coe.int/T/F/Coop%E9ration_culturelle/education/L’enseignement_de_l’histoire

Emmanuel Filhol, « L’internement et la déportation de Tsiganes français sous l’Occupation : Mérignac-Poitiers-Sachsenhausen », Revue d’histoire de la Shoah, n° 170, Sept.-Déc. 2000
www.episteme.u-bordeaux.fr/publications_filhol/Mer.pdf

Études Tsiganes, vol. 6 n°2/1995, 1939-1946, France : L'internement des Tsiganes :
http://www.chez.com/aipj/genocide_tsiganes2.htm

Arc-et-Senans - 12 mars 1999, colloque, les gens du voyage :
http://artic.ac-besancon.fr/histoire_geographie/Documents/Coltsig.htm

P. VION, Le camp de Jargeau. Juin 1940-Décembre 1945. Histoire d’un camp d’internement dans le Loiret, mémoire de maîtrise de l’Université d’Orléans, sous la direction de Y. Durand, 1988 (édité par le Centre de Recherche et de Documentation sur les camps d’internement et la Déportation Juive dans le Loiret, Orléans, 1995)

Der Nationalsozialistische Volkermord an den Sinti und Roma. Heidelberg : dokumentations und kulturzentrum deutscher Sinti und Roma, 1995.
http://www.ag-fuer-den-frieden.de/veranstaltungen/volkermord.htm

liens vers des articles du Monde sur Saliers :
http://www.chez.com/aipj/roms_ouverture.htm

histoire des Tsiganes (en Allemagne):
http://crdp.ac-reims.fr/memoire/enseigner/memoire_histoire/tziganes.htm

liens divers :
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Tziganes

une recherche bibliographique sur :Destin et Mémoire des Tsiganes dans l’Europe nazie, ( 1933-1945 ):
http://www.enssib.fr/bibliotheque/documents/dessid/durand.pdf

bibliographie :

Henriette ASSEO, Les Tsiganes. Une destinée européenne, Paris, Gallimard, 1994

Claire AUZIAS, Samudaripen, le génocide des Tziganes, l'esprit frappeur,
http://www.monde-diplomatique.fr/2000/10/GANDINI/14404

BERTRAND Francis. et GRANDJONG, Jacques. Un ancien camp de Bohémiens: Saliers. Zone d’ombres. 2éme édition, 1991. Alinéa

J. S. HOHMANN, Geschichte der Zigeunerverfolgung in Deutschland, Francfort sur le Main, Reihe Campus, 1988

Emmanuel FILHOL, La mémoire et l'oubli, L'internement des Tsiganes en France, 1940-1946, Centre de recherches tsiganes, L'Harmatttan, 2004

Marie-Christine HUBERT, Les Tsiganes en France 1939-1946. Assignation à résidence, Internement, Déportation, 4 Tomes, Thèse de Doctorat, Université Paris-X-Nanterre, Décembre 1997

Donald KENRICK, Grattan PUXON, Destins gitans : des origines à la solution finale, édition Gallimard, 1995.

Donald Kenrick et Grattan Puxon, Gypsies under the Swastika, University of Hertfordshire Press,1996, Les Tsiganes sous l’oppression nazie, Traduit de l’anglais par J. de Waard, Centre de recherches tsiganes, CRDP Midi Pyrénées, Paris, Toulouse, « Interface », 1996

K. FINGS et alii, Von der « Rassenforschung » zu den Lagern. Sinti und Roma unter dem Nazi-Regime, Berlin, Editions Parabolis, 1997,
De la « science raciale » aux camps. Les Tsiganes dans la Seconde Guerre mondiale, Traduit de l’allemand par K. Moëglin, Paris, Centre de recherches tsiganes, CRDP Midi-Pyrénées, « Interface », 1997


Guenter LEWY, La persécution des Tsiganes par les nazis, éd Les Belles Lettres, 2004, avant- propos d'Henriette Asséo

P. LEVY, Un camp de concentration français : Poitiers 1939-1945, Paris, SEDES, 1995
Gérard NAU, Guerriers de la nuit : mémoires de résistance : Montreuil-Bellay, 1940-1945, Editeur : Brissac : Éd. du Petit pavé, 1997, 059900768

Benno MÜLLER-HILL, Science nazie, science de la mort : la ségrégation des juifs, des Tsiganes et des malades mentaux de 1933 à 1945, trad. de l’ allemand par Olivier Mannoni,
Paris : O.Jacob, 1989

Mathieu PERNOT, Un camp pour les bohémiens, textes de Henriette Asséo et Marie-Christine Hubert, Actes Sud, 2001.

Denis PESCHANSKI, Les Tsiganes en France 1939-1946, avec la collaboration de Marie-Christine Hubert et Emmanuel Philippori, CNRS Editions, 1994.

J. SIGOT, Un camp pour les Tsiganes… et les autres. Montreuil-Bellay 1940-1945, Bordeaux, Editions Wallada, 1983
(édition revue et enrichie publiée en 1994, sous le titre Ces barbelés oubliés par l’histoire. Un camp pour les Tsiganes… et les autres. Montreuil-Bellay 1940-1945) ;

G. TYRNAUER, Gypsies and the holocaust. A bibliography and introductory essay, Montréal, Centre inter-universitaire d’Etudes Européennes, 1989
M. ZIMMERMANN, Verfolgt, vertrieben, vernichtet. Die Vernichtungspolitik gegen Sinti und Roma, Essen, 1989

des ouvrages généraux :
La politique nazie d’extermination, sous la direction de F. Bédarida, Paris, IHTP Albin Michel, 1989
Joël Kotek et Pierre Rigoulot, Le siècle des camps, JC Lattès 2000.
Denis Peschanski, La France des camps (1938-1946), 2000 et sur internet :
http://histoire-sociale.univ-paris1.fr/cherche/Peschan2.htm

L'histoire trouée, négation et témoignage, sous la direction de Catherine Coquio, l'Atalante, 2004,

Sachso. Au coeur du système concentrationnaire nazi, Amicale d'Oranienburg-Sachsenhausen,
Paris, Minuit/Plon, « Terre Humaine », 1982, rééd. « Terre Humaine/Poche », 1995.

N.M., avril-mai 2004