Arabie Saoudite

Deux journalistes abattus par al Qaïda




Un cameraman de la BBC a été tué et le reporter qui l’accompagnait a été blessé dimanche par des coups de feu dans un quartier de Ryad. Depuis un an, 80 personnes ont ainsi été tuées dans des attentats attribués à al Qaïda.

Une semaine après la prise d’otages d’Al Khobar au cours de laquelle 22 personnes, dont 19 étrangers ont été tués, c’est à deux journalistes de la BBC que s’en est pris la mouvance jihadiste saoudienne. Frank Gardner, ancien correspondant dans le Golfe de la BBC et spécialiste des questions de terrorisme et de sécurité et son cameraman Simon Cumbers se trouvaient en voiture dans le quartier Souweidi de Ryad, en train de filmer la maison d’un militant d’al Qaïda tué l’an dernier par les forces de sécurité saoudiennes, lorsque leur véhicule a été l’objet de tirs. Simon Cumbers, le cameraman irlandais, est mort et Frank Gardner, grièvement blessé, a été opéré à l’hôpital du roi Fayçal.


C’est la quatrième attaque contre des Occidentaux en cinq semaines dans le royaume. Le 1er mai, ce sont cinq expatriés occidentaux qui ont été tués dans la ville portuaire de Yanbou, sur la Mer Rouge, l’un des principaux terminaux d’où est exporté le pétrole saoudien. La semaine dernière, la prise d’otages s’est déroulée à Al Khobar, sur le Golfe, au cœur de l’industrie pétrolière du royaume.


Tout indique que la nouvelle stratégie des partisans d’Oussama Ben Laden consiste à viser à la fois la présence étrangère en Arabie saoudite, en non plus seulement la présence militaire étrangère, et de cibler particulièrement les expatriés travaillant dans les installations pétrolières qui sont des cibles beaucoup plus faciles à atteindre que les infrastructures elles-mêmes, sévèrement protégées.


L’objectif vise à la fois à faire fuir ces expatriés indispensables au développement économique du royaume et à affaiblir le régime, qui apparaît désormais incapable d’assurer la sécurité tant de ses ressortissants que des étrangers vivant dans le royaume.


Guérilla urbaine

En un an, depuis le premier attentat d’ampleur, celui qui le 12 mai 2003 a fait 35 morts à Ryad, au moins 80 personnes ont été tuées dans des opérations terroristes suicides ou des attentats meurtriers contre des Occidentaux. Voici quelques semaines, celui qui passe pour être le chef d’al Qaïda en Arabie saoudite, Abdelaziz Miqrin, recommandait à ses sympathisants d’opter pour une tactique de guérilla urbaine, par petits groupes de trois ou quatre, de préférence résidant dans la ville où ils envisagent d’opérer et de tuer des Occidentaux d’un coup de feu avant de se fondre dans la ville. C’est manifestement la tactique suivie dimanche à Ryad, tout comme à Yanbou le 1er mai. L’opération d’al Khobar semblait relever d’une autre logique, mais les révélations sur le déroulement des faits semblent indiquer que la préparation dénotait un véritable amateurisme et non d’une planification méticuleuse.


Dans le cas précis de l’attentat dans lequel le cameraman de la BBC a été tué et le reporter blessé, les militants d’al Qaïda n’ont pas eu à aller bien loin : le quartier de Souweidi, où se trouvaient les deux journalistes lorsqu’ils ont été attaqués, est le fief des jihadistes : sur les 26 militants les plus recherchés par la police saoudienne, 15 sont originaires de Souweidi, y compris leur introuvable chef Abdelaziz Miqrin.


OLIVIER DA LAGE
07/06/2004
 

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