Proche-Orient

La nouvelle direction palestinienne en ordre de marche

Dès les premières heures de la matinée, les fonctions occupées jusqu’alors par Arafat ont été pourvues par la direction palestinienne.

Sans perdre de temps, les responsables palestiniens ont désigné leurs dirigeants à la tête des différentes institutions que présidait Yasser Arafat jusqu’à sa mort.


Dès les premières heures de la matinée, Raouhi Fattouh, le président du Conseil législatif (parlement) palestinien, a prêté serment comme président intérimaire de l’Autorité palestinienne. De par la loi fondamentale palestinienne, cette fonction, en cas de vacance, revient au président du CLP pour une durée maximale de soixante jours, période au terme de laquelle un nouveau président doit avoir été élu au suffrage universel. Le président de l’Autorité palestinienne est le chef du pouvoir exécutif dans les Territoires palestiniens. Toutefois, depuis la publication de la « Feuille de route » par le Quartette (Etats-Unis, Onu, Union européenne et Russie), un poste de Premier ministre a été créé. Occupé initialement par Mahmoud Abbas (Abou Mazen), il est désormais exercé par Ahmed Qoreï (Abou Alaa).


C’est le Premier ministre qui a en principe la haute main sur les services de sécurité, conformément aux exigences de la Communauté internationale, ce que n’avait jamais véritablement accepté Arafat. Le titulaire du poste est inchangé, mais il ne fait guère de doute qu’Ahmed Qoreï aura les mains beaucoup plus libres à présent que la présidence est occupée par Fattouh, qui est loin d’avoir l’autorité et la légitimité historique d’Arafat. Mohammed Fattouh sera en quelque sorte la « reine d’Angleterre », c’est-à-dire un président aux fonctions surtout honorifique que Yasser Arafat avait constamment refusé de devenir.


Mahmoud Abbas (Abou Mazen), numéro deux de l’OLP depuis des années, a dans la matinée été désigné par le comité exécutif de l’OLP à la tête de la centrale palestinienne. Si les médias et les dirigeants internationaux ces dernières années, ont surtout évoqué l’Autorité palestinienne en évitant de mentionner l’OLP, cela ne signifie pas pour autant que cette dernière a cessé d’exister ni que son importance a diminué, bien au contraire. Les accords d’Oslo ont été signés entre Israël et l’OLP, quelques jours après un échange de lettres par lesquelles Israël et l’OLP se sont mutuellement reconnus. Si un accord de paix doit un jour être signé entre l’État hébreu et les Palestiniens, du côté de ces derniers, ce sera l’OLP et non l’autorité palestinienne qui aura la capacité de signer.


Farouk Kaddoumi : un opposant aux accords d’Oslo

L’Autorité palestinienne ne représente en effet que les Palestiniens « de l’intérieur », de Cisjordanie et de Gaza, alors que l’OLP représente l’ensemble du peuple palestinien, y compris ceux de Jérusalem-Est et de la diaspora des camps de réfugiés du Liban de Syrie ou de Jordanie. Arafat n’a jamais laissé cette dimension passer au second plan, d’où d’ailleurs la relative intransigeance dont il a fait preuve à propos des réfugiés lors des négociations de Camp David (juillet 2000). La fonction d’Abou Mazen est donc capitale à cet égard.


Reste la surprise de cette journée : le Fatah, la principale composante de l’OLP, a porté à sa tête Farouk Kaddoumi (Abou Lotf). Kaddoumi, à l’instar d’Arafat, d’Abbas ou de Qoreï est l’un des fondateurs du Fatah en 1959 au Koweït. Mais à la différence de ces derniers, il a toujours combattu les accords d’Oslo, préférant rester à Tunis plutôt que de rentrer en Palestine sous le contrôle des Israéliens. Proche des Syriens, Kaddoumi passe pour un « dur », face aux « pragmatiques » que représenteraient les autres dirigeants palestiniens désignés ce jeudi.
Mais contrairement aux autres, ce « dur » est un pur politique qui n’a jamais manié les armes contre Israël, représentant pendant plusieurs décennies à travers le monde l’OLP dont il était le « ministre des Affaires étrangères ». Cependant, la création d’un poste de ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne occupé par un proche d’Arafat, Nabil Chaath, a quelque peu marginalisé sur le plan international Farouk Kaddoumi. Son poids politique parmi les réfugiés palestiniens est cependant loin d’être négligeables et les autres responsables devront compter avec lui.


OLIVIER DA LAGE
11/11/2004
 

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