Proche-Orient

Les options d'Ehoud Barak

 

Pas d'accord sur un gouvernement d'«urgence nationale» entre Ehoud Barak et Ariel Sharon. Le premier ministre refuse le droit de «veto» qu'exige le chef du Likoud. Quant à Yasser Arafat, il promet la poursuite de l'Intifada jusqu'à ce que le drapeau palestinien flotte sur Jérusalem.

Ariel Sharon et Ehoud Barak se sont donc séparés dimanche sans parvenir à un accord sur la formation d'un gouvernement d'«urgence nationale». Quelques heures auparavant, cependant, le premier ministre avait déclaré à la radio nationale : «Nous sommes plus proches que jamais du but» en raison de la poursuite des violences entre Palestiniens et Israéliens. Peut-être aussi du fait que la Knesset (Parlement) reprend ses travaux ce lundi et qu'Ehoud Barak n'a plus de majorité depuis le départ en juillet de trois partis membres de sa coalition.

La formation d'un gouvernement d'union incluant le chef du Likoud lui permettrait donc d'éviter la motion de censure qui s'annonce dès la reprise des travaux parlementaires. Mais il n'est pas prêt pour autant à laisser Ariel Sharon disposer d'un quelconque droit de veto au sein du cabinet sur ses décisions. De son côté, Sharon, l'homme qui a poussé Begin à se lancer en 1982 dans la guerre du Liban, n'est pas homme à venir à la rescousse d'un adversaire politique sans poser ses conditions. Pour l'heure, elles ont été rejetées.

Ehoud Barak joue l'après-Clinton

Pour les observateurs extérieurs, les options d'Ehoud Barak sont réduites. Mais pas pour l'ancien chef d'état-major d'Israël qui, depuis son arrivée aux affaires, a toujours décidé en solitaire, déconcertant à la fois adversaires et alliés. Le chef du gouvernement dispose de plusieurs alternatives s'il échoue à former un cabinet d'union nationale. L'une d'entre elles consiste à reformer la coalition qui a éclaté en juillet dernier, notamment en direction du parti ultra-orthodoxe Shass, qui comprend 17 élus à la Knesset. Son chef, Eli Ysaï, a réaffirmé que le Shass soutiendrait le gouvernement durant la situation d'urgence.

Parallèlement, Ehoud Barak n'a pas fermé la porte à une nouvelle rencontre avec Yasser Arafat à Washington à l'invitation de Clinton, pour peu que le niveau de la violence baisse. Bien que la presse israélienne affirme que le premier ministre fasse tout son possible pour torpiller une telle rencontre, il lui est politiquement délicat de refuser ouvertement l'invitation du président Clinton alors même que Yasser Arafat l'a déjà acceptée. En réalité, Barak, tout en gardant un £il sur la politique intérieure, joue déjà l'après-Clinton.

Les deux candidats en lice, Gore et Clinton, rivalisent de déclarations pro-israéliennes dans la perspective des élections du 7 novembre ce qui est de bon augure pour Israël. Mais le précédent de 1988 inquiète plus d'un dirigeant israélien : après les élections de novembre 1988, l'administration Reagan finissante avait pris la décision hardie d'ouvrir le dialogue avec l'OLP, mettant en fureur les dirigeants israéliens et évitant à la future administration Bush d'inaugurer son mandat avec une difficile décision. Clinton aurait-il un plan secret qu'il tenterait, une fois les élections passées, d'imposer à Arafat et Barak ? Telle est la question que se posent les responsables de l'Etat hébreu.

Ehoud Barak dispose en effet en effet de plusieurs options, mais il n'est pas le seul maître du jeu.


OLIVIER DA LAGE
29/10/2000

   

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