(extrait du chapitre 13, page 61)
Naïma sort de ses états d'âme. Elle est seule. Les autres sont partis. Les quatre agents du contrôle social ont dû quitter le train à Montgeron. Naïma regarde Naïma dans le miroir qui renvoie son visage sous le journal lumineux. Putain, tu as l'air naze, vraiment naze... Et soudain, son estomac se noue. Une image dans la vitre. Une brûlure acide dans le ventre. Un crâne brillant dans l'allée centrale... Une armoire à glace avec un cou de taureau. Naïma se recroqueville sur elle-même, pour lutter contre le vide qui s'est ouvert en elle et avale toute son énergie. Son corps est glacé de frissons. Elle ne voit que le dos de l'homme, mais elle est sait que c'est lui. Fred avait raison, P.A.Q. est de retour. Il s'arrête un instant, va pour se retourner. Naïma devine déjà la moustache, sa respiration se bloque, ses bras sont tétanisés. La silhouette va finir sa rotation et elle sera face à face avec Paul-André Quillon . Elle saisit son sac, se lève précipitamment et s'enfuit vers la queue de la rame. Son cur bat la chamade. Au fond du wagon, la porte est verrouillée. Elle s'effondre sur la banquette la plus proche et se blottit la tête dans les mains. Malgré cela, elle devine que le crane chauve revient vers elle. Se fermer. Refuser le monde extérieur. Tous ses muscles sont crispés, à la limite de la crampe. Les paupières écrasées l'une contre l'autre, les battements de cur qui oppressent les oreilles. Elle est intouchable ; elle saura résister. Une main écrase son épaule. Sa main... Elle sursaute, mais réprime son cri. Une main ferme, brûlante...