Interview de Thomas et Walter (Webzine L'étincelle)
     
Texte  
 

Comment situer Vénus dans l'ensemble de la production musicale belge ?
Venus est un nouveau groupe. Pour l'instant, il y a une grande effervescence de la musique belge, et autour du monde artistique belge, tant au niveau des cinéastes que des metteurs en scène, ou des spectacles de danse. Il y a beaucoup de choses qui se passent en Belgique pour l'instant. En musique, c'est le reflet de ce qui se passe dans le reste, beaucoup de choses sans complexe...

Y a-t-il des comparaisons qui vous agacent ?
Non, mais il y a des questions qui reviennent tout le temps. On nous parle plus d'autres groupes belges que de la forme musicale de Venus. On ne peut pas comparer la musique de Vénus à celle d'autres groupes en Belgique. Il y a une démarche parallèle, c'est qu'on fait de la musique. Mais musicalement, il n'y a aucune raison de comparer. Donc, c'est un peu énervant de subir les comparaisons.

C'est qqch qui vous enferme, alors que l'album a plein de directions ?
T : Un premier album, en tout cas je pense, est souvent le résumé d'un an ou deux ans de travail. C'est la première et la dernière fois qu'on a la possibilité de donner un éventail de ce qu'on a créé pendant deux ou trois ans. Si on fait un deuxième album, ce qui est fort possible, il se fera dans une plus courte période, il sera composé dans une plus courte période. Donc, il y aura moins cet éventail, cette possibilité d'aller dans toutes les directions. Beaucoup d'artistes explorent beaucoup de directions dans un premier album.

Justement, même avant d'avoir sorti un premier album, le nom de Venus circulait déjà beaucoup. Ca a été important de vous entourer d'une structure professionnelle ?
W : C'est une évolution logique, je crois. On a commencé à jouer dans des petits clubs, des cafés, et à un certain moment, il y a eu une demande importante. De plus en plus de gens aimaient Venus, voulaient voir Venus, alors l'accommodation est aussi devenue plus importante. A ce moment-là tu trouves normal d'avoir un entourage professionnel, bien équipé, avec beaucoup d'expériences.
T : Surtout que le but de Venus n'a jamais été de répéter dans sa cave et de faire un concert par an. On a toujours beaucoup joué, beaucoup tourné, on amassé l'expérience.
W : La musique est là pour communiquer, et donc c'est normal que quand tu construis quelques chansons, tu veuilles qu'il y ait des gens qui l'écoutent. Et qui apprécient ce que tu fais. Alors, tu sors de ta salle de répétition, et tu vas sur scène.
T : je pense qu'on a toujours voulu prendre des risques et essayer de continuer à avancer, ne pas se contenter de jouer en Belgique dans les petites salles. Il y a un complexe en Belgique qui fait que tout le monde se contente de jouer en Belgique dans des petites salles. On a voulu prendre des risques, et c'est pour ça qu'on a fait une pièce de théâtre, qu'on a beaucoup tourné à l'étranger. On a envie de se mettre en danger, d'essayer de nouvelles choses.

Conquérir l'Europe, c'est votre prochain rêve ?
T : On ira jouer où les gens nous demandent
W : En fait, on va déjà commencer par conquérir la Belgique. Le Flandre reste assez insensible à ce qu'on fait. Mais, en gros, Venus reste un petit groupe. On en parle beaucoup pour l'instant, c'est tout.

Mais c'est du à l'étroitesse du marché belge aussi ?
T : Oui, et ça je pense que les artistes belges commencent à le comprendre, c'est que ça ne sert à rien de vouloir vivre de la musique en Belgique. Ce qu'il faut, c'est ne pas rester enfermé dans ton pays, rencontrer des gens, aller à l 'étranger. C'est ce qu'on essaye de faire.

Pour parler de l'esthétique qui préside à votre travail, dans la scénographie, la pochette, la conception de votre site. Ca vous permet d'explorer toute la créativité qu'il y a dans le groupe ?
W : c'est le but, oui, mais ce n'est pas facile avec nos egos différents et nos formations qui sont différentes elles aussi. Il y a des comédiens, des metteurs en scène, un batteur qui a joué dans un groupe expérimental, Marc qui jouait de la pop et qui a aussi une expérience dans le théâtre. Le but est de mettre toute notre créativité ensemble et si on parle de théâtre, la musique est liée au visuel, et donc on cherche à accentuer les atmosphères d'une chanson, à les soutenir. Tu installes quelques lampes, une toile de fond et tu as une planète, un autre monde qui est à nous. Notre musique est elle-même expressive, elle appelle les images. Alors, tu te dis : " pourquoi ne ferait-on pas une pièce de théâtre avec cinq musiciens comédiens ". On a commencé les mélanges comme ça. Parfois ça passe par des conflits, parfois par une vraie harmonie entre les idées.
T : Je pense aussi que pour l'instant, il y a une grande importance qui est accordée à Venus pour l'aspect scénographique, mais il ne faut pas lui donner plus d'importance que ça n'en a pour nous. Ce n'est que de la mise en valeur de quelque chose. C'est simplement un support.
W : On a voulu vraiment créer une même atmosphère, tirer une ligne vers la pochette, les T-shirts, la scénographie. Mais ça reste très artisanal. Une idée ne va jamais coûter cher. Avec un élément très petit, on peut créer un effet énorme. C'est très minimaliste, mais l'effet est maximaliste.

Comprendre Venus, c'est donc entrer dans un univers ?
T : oui, mais il faut aussi compter sur l'effet immédiat. Tu peux entendre " She's so disco " et te dire " je vais acheter le single ".
W :...oui, mais grâce à ce titre, tu vas rencontrer d'autres qualités du groupe, et ça peut t'aider à aller plus loin.

L'image sensuelle d'un nom comme Venus vous la revendiquez ?
T : on n'a pas pensé à toutes les images liées au nom. C'est une planète.
W : mais c'est aussi la femme, Venus, la déesse de l'amour et il y a, je trouve, une certaine féminité dans ce qu'on fait. On n'est pas du vrai rock'n roll. Il y a un côté mélancolique, romantique, le côté féminin qu'il y a dans l'homme ressort beaucoup. Dans Venus, il y a l'agressivité masculine et la douceur qui est elle féminine.
T : C'est très féminin dans le sens que tu peux accepter le fait d'être romantique, d'accepter de montrer certains sentiments que dans le rock on néglige.

La chanson Perfect Lover parle aussi de ça. C'est donc important ?
W : c'est là, mais ce n'est pas construit. On a rassemblé tous les éléments et ça a marché. Ca s'installe, ça sort de nous. Le côté féminin, par exemple, fait partie de nous. Les grandes émotions, tu ne peux pas les éviter. L'amour, la haine, et tout ce qui est entre ces deux extrêmes.

Propos recueillis par Cédric PETIT

 
  Notes  
 
Retrouvez l'original de cette interview peaaaace sur L'Etincelle.
 
You won't tell me, I know it's hard
To keep your dream alive
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