Comment situer Vénus dans l'ensemble de la production
musicale belge ?
Venus est un nouveau groupe. Pour l'instant, il y a
une grande effervescence de la musique belge, et autour
du monde artistique belge, tant au niveau des cinéastes
que des metteurs en scène, ou des spectacles de danse.
Il y a beaucoup de choses qui se passent en Belgique pour
l'instant. En musique, c'est le reflet de ce qui se passe
dans le reste, beaucoup de choses sans complexe...
Y a-t-il des comparaisons qui vous agacent ?
Non, mais il y a des questions qui reviennent tout le
temps. On nous parle plus d'autres groupes belges que de
la forme musicale de Venus. On ne peut pas comparer la musique
de Vénus à celle d'autres groupes en Belgique.
Il y a une démarche parallèle, c'est qu'on
fait de la musique. Mais musicalement, il n'y a aucune raison
de comparer. Donc, c'est un peu énervant de subir
les comparaisons.
C'est qqch qui vous enferme, alors que l'album a plein
de directions ?
T : Un premier album, en tout cas je pense, est souvent
le résumé d'un an ou deux ans de travail.
C'est la première et la dernière fois qu'on
a la possibilité de donner un éventail de
ce qu'on a créé pendant deux ou trois ans.
Si on fait un deuxième album, ce qui est fort possible,
il se fera dans une plus courte période, il sera
composé dans une plus courte période. Donc,
il y aura moins cet éventail, cette possibilité
d'aller dans toutes les directions. Beaucoup d'artistes
explorent beaucoup de directions dans un premier album.
Justement, même avant d'avoir sorti un premier
album, le nom de Venus circulait déjà beaucoup.
Ca a été important de vous entourer d'une
structure professionnelle ?
W : C'est une évolution logique, je crois. On
a commencé à jouer dans des petits clubs,
des cafés, et à un certain moment, il y a
eu une demande importante. De plus en plus de gens aimaient
Venus, voulaient voir Venus, alors l'accommodation est aussi
devenue plus importante. A ce moment-là tu trouves
normal d'avoir un entourage professionnel, bien équipé,
avec beaucoup d'expériences.
T : Surtout que le but de Venus n'a jamais été
de répéter dans sa cave et de faire un concert
par an. On a toujours beaucoup joué, beaucoup tourné,
on amassé l'expérience.
W : La musique est là pour communiquer, et donc c'est
normal que quand tu construis quelques chansons, tu veuilles
qu'il y ait des gens qui l'écoutent. Et qui apprécient
ce que tu fais. Alors, tu sors de ta salle de répétition,
et tu vas sur scène.
T : je pense qu'on a toujours voulu prendre des risques
et essayer de continuer à avancer, ne pas se contenter
de jouer en Belgique dans les petites salles. Il y a un
complexe en Belgique qui fait que tout le monde se contente
de jouer en Belgique dans des petites salles. On a voulu
prendre des risques, et c'est pour ça qu'on a fait
une pièce de théâtre, qu'on a beaucoup
tourné à l'étranger. On a envie de
se mettre en danger, d'essayer de nouvelles choses.
Conquérir l'Europe, c'est votre prochain rêve
?
T : On ira jouer où les gens nous demandent
W : En fait, on va déjà commencer par conquérir
la Belgique. Le Flandre reste assez insensible à
ce qu'on fait. Mais, en gros, Venus reste un petit groupe.
On en parle beaucoup pour l'instant, c'est tout.
Mais c'est du à l'étroitesse du marché
belge aussi ?
T : Oui, et ça je pense que les artistes belges
commencent à le comprendre, c'est que ça ne
sert à rien de vouloir vivre de la musique en Belgique.
Ce qu'il faut, c'est ne pas rester enfermé dans ton
pays, rencontrer des gens, aller à l 'étranger.
C'est ce qu'on essaye de faire.
Pour parler de l'esthétique qui préside
à votre travail, dans la scénographie, la
pochette, la conception de votre site. Ca vous permet d'explorer
toute la créativité qu'il y a dans le groupe
?
W : c'est le but, oui, mais ce n'est pas facile avec
nos egos différents et nos formations qui sont différentes
elles aussi. Il y a des comédiens, des metteurs en
scène, un batteur qui a joué dans un groupe
expérimental, Marc qui jouait de la pop et qui a
aussi une expérience dans le théâtre.
Le but est de mettre toute notre créativité
ensemble et si on parle de théâtre, la musique
est liée au visuel, et donc on cherche à accentuer
les atmosphères d'une chanson, à les soutenir.
Tu installes quelques lampes, une toile de fond et tu as
une planète, un autre monde qui est à nous.
Notre musique est elle-même expressive, elle appelle
les images. Alors, tu te dis : " pourquoi ne ferait-on pas
une pièce de théâtre avec cinq musiciens
comédiens ". On a commencé les mélanges
comme ça. Parfois ça passe par des conflits,
parfois par une vraie harmonie entre les idées.
T : Je pense aussi que pour l'instant, il y a une grande
importance qui est accordée à Venus pour l'aspect
scénographique, mais il ne faut pas lui donner plus
d'importance que ça n'en a pour nous. Ce n'est que
de la mise en valeur de quelque chose. C'est simplement
un support.
W : On a voulu vraiment créer une même atmosphère,
tirer une ligne vers la pochette, les T-shirts, la scénographie.
Mais ça reste très artisanal. Une idée
ne va jamais coûter cher. Avec un élément
très petit, on peut créer un effet énorme.
C'est très minimaliste, mais l'effet est maximaliste.
Comprendre Venus, c'est donc entrer dans un univers ?
T : oui, mais il faut aussi compter sur l'effet immédiat.
Tu peux entendre " She's so disco " et te dire " je vais
acheter le single ".
W :...oui, mais grâce à ce titre, tu vas rencontrer
d'autres qualités du groupe, et ça peut t'aider
à aller plus loin.
L'image sensuelle d'un nom comme Venus vous la revendiquez
?
T : on n'a pas pensé à toutes les images
liées au nom. C'est une planète.
W : mais c'est aussi la femme, Venus, la déesse de
l'amour et il y a, je trouve, une certaine féminité
dans ce qu'on fait. On n'est pas du vrai rock'n roll. Il
y a un côté mélancolique, romantique,
le côté féminin qu'il y a dans l'homme
ressort beaucoup. Dans Venus, il y a l'agressivité
masculine et la douceur qui est elle féminine.
T : C'est très féminin dans le sens que tu
peux accepter le fait d'être romantique, d'accepter
de montrer certains sentiments que dans le rock on néglige.
La chanson Perfect Lover parle aussi de ça. C'est
donc important ?
W : c'est là, mais ce n'est pas construit. On
a rassemblé tous les éléments et ça
a marché. Ca s'installe, ça sort de nous.
Le côté féminin, par exemple, fait partie
de nous. Les grandes émotions, tu ne peux pas les
éviter. L'amour, la haine, et tout ce qui est entre
ces deux extrêmes.
Propos recueillis par Cédric PETIT