Interview de Marc et Patric (Fansite Radiohead : Ne Pas A.V.A.L.E.R., 6 novembre 2000)
     
Texte  
 

Hôtel Fromentin, 16 heures le 6 novembre 2000

Le live, The Man Who Was Already Dead, sort le 21 novembre. Est-ce qu'il y a une raison au titre ?
Patric : Cet album live, c'est avant tout et en tout premier lieu un concert particulier, donc un exemplaire unique. Alors on a fait ce concert là une fois, qui nous a demandé énormément de travail, travail avec un arrangeur, avec 18 musiciens en plus, et on a abordé ce travail comme étant un spectacle global. Et pas simplement comme un concert avec des musiciens en plus. Et chaque fois que ça nous arrive - c'est la deuxième fois que ça nous arrive, sur la vie d'un groupe qui n'est pas si longue que ça, jusqu'à présent, c'est quand même pas mal de fois - et chaque fois on a souhaité donner un titre à ce spectacle, ce qui permet aussi de le prendre nous comme une globalité et pas comme simplement un concert de la tournée Welcome To The Modern Dancehall, mais de faire une parenthèse. Et donc de nommer cette chose. Ce titre est venu d'une réflexion, évidemment quand tu crées tu parles de toi, généralement, d'une façon ou d'une autre. Et ce titre est venu d'une réflexion de où on en était au moment où on a décidé de faire ce travail. Et il faut prendre le mot mort au sens petite mort. C'est à dire qu'à chaque fois qu'il t'arrive quelque chose, et que tu y mets un terme, et que tu commence une autre chose, si tu arrives à mourir à ce moment-là, tu vas renaître, donc il y aura une évolution. Et donc c'est simplement penser que, avec tout ce qui nous est arrivé cette dernière année, dès que l'album est sorti, d'avoir tourné énormément, il y a un moment où on a dû mourir. Personnellement je ne me souviens plus quand. Mais je sais que j'ai dû mourir à un moment. Et donc je suis un homme déjà mort.

D'accord.
Patric : J'ai réussi à synthétiser ? Je crois que c'est la première fois que j'y arrive !

Wow ! Vous aviez répété ?
Marc : Je sais pas... Qu'est-ce que t'es allé faire, là, tout à l'heure ?

Est-ce que le fait d'avoir travaillé avec 18 musiciens, un arrangeur, etc va influencer la façon dont vous jouez les titres sur scène après ? Est-ce qu'il y a des choses que vous allez garder ?
Marc : Il y a des petits trucs. Comme en fait on est en train de terminer une tournée qui a commencé en janvier, et ce spectacle avec l'orchestre a forcément permis de voir une autre manière de travailler, donc il y a une répercussion sur les dernières dates qu'on fait maintenant. On a déjà comme ça très rapidement changé des choses, exploré des petits... On a fait quelques petits changements dans le set, qui sont carrément influencés du boulot qu'on a fait à Bruxelles.
Patric : Il y a eu de nouveau une petite mort, je crois, après ce concert. On a tellement focalisé sur cette chose, on a tellement travaillé pour une date unique, tu vois c'était vraiment un truc comme ça, avec le temps, et le travail, le nombre de gens, jusqu'à une point, qui était le 26 septembre, on disait plus "le spectacle", ou "le Festival Bota"[nique], ou "The Man Who...", on disait le 26 septembre. C'était devenu, le titre du concert pour nous c'était devenu le 26 septembre. Tu vois, t'as un moment ultime.
Marc : Et je crois que...
Patric : C'est clair qu'après ça, tout de suite il y a eu l'envie de... Il fallait continuer la tournée Welcome To The Modern Dancehall parce qu'elle est pas finie, il y a encore des dates, mais il y a eu tout de suite l'envie de retravailler avant de repartir en tournée, et donc quelques nouveaux arrangements pour les morceaux. C'est évident là on a de nouveau une petite mort et... Bon il y en a tous les jours, hein, tout le monde écrase une cigarette.
Marc : Cette grosse in fluence, pour l'instant elle est pas perceptible. Aborder un travail comme celui qu'on a fait, ça te donne la possiblité de voir d'autres manières de fonctionner, de travailler, et ces arragements qu'on a un peu modifiés, c'est évidemment en conséquence directe du concert qu'on a fait, et je crois que ça va aller plus loin. Pas dans le sens où on va rejouer avec un orchestre, mais d'avoir une autre manière d'aborder notre travail. Je pense que c'est la chose la plus intéressante dans le fait travailler de temps en temps avec d'autres personnes, c'est d'avoir un autre point de vue, et de modifier le tien, du coup. Et peut-être de s'écarter un peu plus de la chanson pop de trois minutes, par exemple.

Vous aviez déjà la nécessité de vous remettre en question, si tôt ? Est-ce que c'était pour le plaisir de faire un concert un peu spécial, ou il y avait vrament une nécessité de travailler différemment ?
Marc
 : Je crois que c'est les deux... D'abord le plaisir, enfin, le premier truc c'est... Wow, super... (on lui apporte une bière) Merci. Au départ l'idée était évidemment très séduisante. Après on s'est demandé si ça valait le coup, et à quel prix, et dans quelles conditions. Il était par exemple hors de question de faire, de jouer un morceau comme on les joue habituellement en rajoutant ici le... Ce qui est intéressant, c'est de dire "Voilà, on connait un arrangeur avec qui on a envie de travailler, et on veut lui donner la possibilité d'aller le plus au fond possible de l'univers qu'il développe quand il compose, quand il arrange".

L'arrangeur vous connaissait déjà avant ?
Marc : On avait travaillé une fois ensemble. Il avait déjà arrangé quatre-cinq morceaux pour un quintet à cordes et à vent, et on était super contents du boulot qu'il avait fait. On voulait travailler avec lui pour aller plus loin...

Passer de la musique de chambre à la symphonie...
Marc : Oui.

Il y a huit titres sur le live; le concert faisait cette durée là, ou des morceaux n'ont pas été enregistrés ?
Marc : On en a... Il y en avait... Attends... Treize-quatorze, je sais plus.
Patric : Ouais, quelquechose comme ça.
Marc : On en a gardé huit, pour que ce soit... pour déjà que ce soit pas trop long, et en même temps garder le meilleur, garder le plus possible l'identité de ce spectacle. Ce sont des longs morceaux qui s'enchaînent, et je crois qu'on est plus ou moins arrivés à garder l'esprit qu'il y avait dans ce spectacle. Il y avait aussi des morceaux qui étaient moins bien joués, ou qui étaient moins intéressants, parce qu'il n'y avait plus le côté visuel, aussi. On a essayé de garder le meilleur, sachant que, par définition, c'est un album que t'écoutes et que tu voix pas.
Patric : C'est vraiment un objet particulier. Le but était pas de faire un live de Venus. Je pense que d'abord ça n'aurait intéressé personne, certainement pas les maisons de disques, on n'a sorti qu'un album -
Marc : Et nous non plus.
Patric : Et nous non plus d'ailleurs. Et donc ici on a quelque chose de particulier. Ce qu'on a voulu mettre sur l'album, je crois que c'est quelque chose qui garde un petit peu cet esprit-là, et tu enlèves le côté visuel quand tu mets ça sur un CD, et donc il faut rester honnête par rapport à ce que tu as fait au départ, donc je pense qu'il faut le modifier quand même un petit peu, pour garder le même esprit. Parce que là les gens ne vont faire que l'écouter. Hors c'est quelque chose qui avait été conçu au départ pour être écouté et vu en même temps. Donc je crois que c'est la forme la plus honnête, la plus juste.

Vous pensez que vous avez réussi à atteindre l'équilibre, que même seulement l'audio suffit pour retrouver l'ambiance du concert ?
Patric : Euh, ça j'en sais rien, c'est au gens à dire ça. Moi je suis plongé dans le projet donc c'est très difficile d'avoir une vue extérieure. Je peux dire que j'espère. Mais je n'ai pas de certitude.

Mais c'était le but que vous avez poursuivi...
Patric : Mais, tu sais, quand tu l'enregistres, à la première écoute, peut-être tu espères que tout soit bon, que tu peux le laisser comme ça, qu'il y aura pas de chipo à faire. Et il se fait que non, il y avait des choses à modifier. Enfin quand je dis modifier c'est très simple. On a enlevé quelques morceaux et on a changé l'ordre de deux morceaux. C'est aussi simple que ça. Sinon les prises elles sont telles qu'elles étaient.

Sur la vidéo, il y a l'intégralité ?
Patric : Ceci, c'est pas le concert. Ça n'a rien à voir. C'est un travail qui a été fait en même temps que les répétitions. Et il y aura une... Il y a eu une captation, là pour le moment je ne sais pas où ça en est. Je crois que c'est au montage. Une captation par la télévision belge.

Là ça va être parfait, vous allez pouvoir restituer l'audio et la vidéo.
Patric : On ne s'en occupe pas, on ne sais pas, on ne s'occupe pas du montage. Personnellement je crains le pire, mais...

Parce que vous ne voulez pas vous en occuper, ou parce que eux ne veulent pas ?
Patric : Je pense qu'on aurait pû s'en occuper si on avait travaillé beaucoup plus dessus, mais on n'a pas pû pour des questions de temps et tout ça. Et je ne crois pas que ça les intéresse trop qu'on y touche.
 
  Notes  
 
Retrouvez cette interview sur ne pas a.v.a.l.e.r., excellent fan-site français de Radiohead.
 
You won't tell me, I know it's hard
To keep your dream alive
Royalsucker
 
 
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