Aux
dernières Nuits Botanique, Venus et l'Ensemble Musique
Nouvelle livraient un concert exceptionnel au Cirque Royal.
Aujourd'hui, sort 'The man who was already dead', l'album
live reprenant les plus beaux moments de ce concert. Marc
Huyghens, le chanteur et le scénographe Patric Carpentier
nous parlent de cette expérience unique, du succès
de Venus et des petites morts de tous les jours.
Quel
titre pour un album ! On espère que ça ne parle pas de vous ?
Patric Carpentier - Si, ça parle de nous. Ça fait un an
qu'on est en tournée. On a vécu beaucoup de choses. Notre vie a
changé. On est passé d'un mode de vie sédentaire à celui de nomade.
Et tout à coup, on s'est rendu compte qu'il y avait eu une petite
mort.
Marc Huyghens - Au départ, ça me faisait penser à l'image
d'une personne qui est un mort-vivant et qui peut se réveiller.
Le type qui travaille à la Tour du midi, qui se lève tous les jours
à la même heure... il est déjà mort. Il y a beaucoup d'explications
à ce titre. Le point commun, c'est que dans la vie de chaque personne,
il y a des petites morts. Ce n'est pas la première fois qu'on travaille
comme ça. On donne un fil rouge et si le spectateur accroche, il
se fait son histoire.
Ce concert avec orchestre, c'est un projet audacieux. Qu'est-ce
qui vous y a amené ?
M. H. - C'est le Botanique qui nous l'a proposé
et on nous a mis en contact avec Jean-Paul Dessy, le directeur
de l'Ensemble Musique Nouvelle. Ce qui nous a vraiment décidé,
c'est de savoir que Renaud Lhoest acceptait de faire les
arrangements. On avait déjà travaillé avec lui pour les
concerts aux Halles de Schaerbeek et ça nous avait plu.
On lui a donné tous nos morceaux et il a refait tous les
agencements. C'est lui aussi qui a choisi la formule de
l'orchestre : le nombre d'instruments à cordes, à vent,
la harpe, la choriste, le clavecin... A partir de là, on
l'a vraiment suivi dans l'univers qu'il avait créé à partir
de nos chansons. Il y avait une espèce d'aller-retour et
on essayait le plus possible de se fondre dans l'orchestre.
Vous pensez que l'album reflète bien ce qui s'est passé
sur scène?
M.H. - Oui, vraiment. Au niveau du mixage, on a essayé que
ce soit le plus naturel et le plus fidèle possible. Ce qu'on voulait
avant tout, c'était garder une trace de ce concert.
Cette année, vous avez été acclamés par la presse ici et en
France, vous avez joué lors d'événements prestigieux... Comment
vivez-vous cette euphorie ?
M. H. - On se dit qu'on a beaucoup de chance. Maintenant,
on a un minimum de reconnaissance. On ne doit plus se battre pour
trouver un concert. On a une maison de disque, un manager, une équipe
... Les choses sont plus faciles. C'est super enthousiasmant. Voir
les gens positifs nous encourage à être encore plus audacieux.
Il y a un an, le contrebassiste Walter Janssens partait. Le
groupe en a pris un coup, non ?
M. H. - On a eu une période très difficile quand Walter
est parti. Mais c'est un moment qu'on a surmonté. Quand
Pierre Jacqmin, le nouveau contrebassiste est arrivé en
janvier dernier, le groupe a repris forme petit à petit,
de manière un peu différente.
P.C. - C'est la vie, il y a des gens qui viennent, d'autres
qui partent. C'est toujours la même chose.
Vous allez prendre une année sabbatique. Qu'allez-vous
faire ?
M.H. - Non, pas un an mais 6 mois. Ça va être une période
de vacances, de ressourcement, de travail chacun de son côté, de
tout ce dont chacun a envie. Pendant ces 6 mois, on ne verra pas
Venus. En quatre ans, on n'a pas vraiment arrêté et on a besoin
de faire une pause pour que le groupe continue le mieux possible.
Cette pause permettra à chacun de revenir avec de la fraîcheur,
de nouvelles idées, de nouveaux points de vue. Dans ce sens, ce
n'est pas arrêté le groupe c'est se donner du temps pour que Venus
avance.
Le bilan de cette année ?
P.C. - Je pense qu'on va tous se sentir grandi de tout ce
qui nous est arrivé : la sortie de l'album, les concerts en France,
en Hollande, en Allemagne, en Italie, en Belgique, les interviews...
Tout un tas de choses qui sont liées à notre métier. On a tous été
obligés de mieux se connaître et d'avancer.
M.H. - Si tu sais que le groupe a failli péter il y a un
an et que cette année, on a vécu à 5 tout le temps et que
le groupe existe toujours, c'est que c'est bon.
Sylvie Bourguignon