LA
question : " un objectif AI/AI-S sur mon D200/D2H/D2x/D70s/F100/F5/Fuji
S3 c’est possible ? "
La
réponse : " OUI C’EST POSSIBLE !! "
Un tuyau
pour tous les amoureux des belles optiques AI-S !
La modification AI-P consiste en l'implantation d'un microprocesseur et
d'une barrette à contacts électriques ( des pièces Nikon, ce n'est pas du
bricolage !) dans la baïonnette arrière de l'objectif, qui permet à un objectif
manuel de communiquer parfaitement avec les boîtiers AF et
numériques. En contact avec le microprocesseur le boîtier reçoit
l’autorisation de débloquer toutes les fonctions qu’il interdit aux optiques
manuelles et on accède ainsi à toutes les fonctions intéressantes réservées aux
objectifs AF : mesure matricielle, dosage du flash en plein jour, accès aux
modes P et S, mode P décalé, mais aussi affichage du diaph dans le viseur,
commande du diaph à la molette, etc. Equipé d’une fourchette et d’un
microprocesseur un objectif manuel est donc 100% compatible avec
TOUS les appareils reflex Nikon, depuis le F jusqu’au prochain D2x et les
futurs boîtiers !! En
pratique, les incompatibilités mineures mais irritantes disparaissent comme par
un coup de baguette magique : même ceux qui n’utilisent pas la matricielle
ou le programme décalé avec leur F801s ou leur F90x pourront bénéficier de
l’affichage du diaph dans le viseur et de l’excellent fill-in au flash. Quant
aux incompatibilités "méchantes" qu’on connaît avec les F80, D70, et
autres, à savoir pas seulement l’absence de matricielle ou de dosage de flash
mais carrément absence de posemètre et d’affichage avec un viseur mort
( !), et bien elles disparaissent complètement aussi : l’utilisateur
d’un D70 peut monter avec bonheur un 300/2.8 AI-S sur son boîtier sans être
obligé d’investir dans un onéreux AF ou AF-S !! Encore une fois, la
compatibilité des objectifs modifiés avec tous les boîtiers Nikon y compris
F80, F100, F5, D100, D70, D2x, Fuji S2/S3 est TOTALE,
comme elle l'est pour les deux objectifs Nikon manuels AI-P qui existent déjà,
à savoir le 45/2.8 et le 500/4. En fait, pour connaître les bénéfices
de cette modification électronique et ce qu’on va pouvoir faire avec son
boîtier F80, F100, F5, et autre, il suffit de regarder dans la notice de son
appareil le tableau de compatibilité des objectifs AI-P.
La
modification AI-P : pour
qui ?
Pourquoi modifier un objectif qu’on possède déjà, ou en acquérir
un en vue de le modifier ? Les motivations sont nombreuses, voici quelques
raisons et réflexions au passage :
-
pour beaucoup d’entre nous les
fonctions disponibles sur les boîtiers sont trop nombreuses par rapport à notre
approche de la photo et/ou nos sujets de prise de vue. On n’est pas contre le
progrès et les boîtiers AF et D modernes sont hyper-performants, mais justement
on a rarement besoin de tout ce qu’ils offrent. Dans beaucoup de cas on
voudrait juste avoir un F3HP remis au goût du jour avec les mesures Matricielle
et Spot ou le dosage du flash en plein jour ou un moteur intégré. Dans ce cas
et ça peut paraître curieux mais la motivation d’achat d’un boîtier récent est
rarement l’AF ! Et quand on bute sur leur incompatibilité avec les
objectifs manuels c’est la mort dans l’âme qu’on doit abandonner nos cailloux
fidèles qui jusque là remplissaient très bien leur rôle. On le fait parce que c’est
irritant de ne plus avoir l’affichage du diaph dans le viseur, ou de
perdre le dosage du flash en plein jour ! La modification AI-P permet
justement de retrouver ce confort à l’utilisation d’un boîtier
où tout fonctionne (qu’on n’aurait d’ailleurs jamais dû perdre si le
marketing n’était pas passé par là ).
-
la bague de distance
des optiques AF est souvent trop fluide, et même quand elle ne l’est pas elle
est toujours trop rapide. Par exemple sur un 50/1.8 AF on va de l’infini à 0.45m
en ¼ de tour contre ½ pour l’une des versions AI-S et même ¾ de tour pour la
version AI. Quant à la bague de diaph. d’une optique AF elle est tout
simplement exécrable, même quand c’est une optique AF-S haut de gamme :
rien à voir avec les crantages fermes et précis des objectifs manuels, et
surtout manque de précision total après quelque temps d’utilisation. Clairement
Nikon veut nous faire changer de diaph avec une molette ( d’ailleurs toutes les
nouvelles optiques G n’ont plus de bague de diaph ! ) mais pour beaucoup
de Nikonistes ce n’est pas intuitif et la philosophie boutons-et-LCD les
éloigne encore un peu plus de la photo. Les optiques manuelles sont
indéniablement mieux construites que leur version AF, le
"feeling" qui est résulte n’est pas du tout le même, et le beau
matériel qui procure un plaisir tactile et presque sensuel ça fait partie
de l’acte photographique !
-
oublions un instant le
côté fabrication tout métal, finition supérieure, et onctuosité des bagues de
diaph et m.a.p, il reste que beaucoup d’objectifs manuels n’ont jamais été remplacés dans la gamme AF actuelle.
Et pour ceux qui sont passés en numérique, la modification AI-P permet de
retrouver ou "reconstituer" ses cailloux préférés. Ainsi un
simple 135/2.8 devient le "nouveau" 180mm des boîtiers D,
compact, maniable, et d'excellente qualité, le 200/4 se transforme en un 300/4
ultra-compact et de superbe qualité ! Bien sûr il y a des 17-35/2.8 et des
80-200/2.8 mais pourquoi s’aliéner avec des cailloux lourds, énormes, qui
crispent mes sujets, coûtent une fortune, et ne sont ( bientôt ) plus
réparables ? Et les 28-300, 50-500, 80-400, et autres merveilles de
l’optique moderne ? Et bien, pour plagier notre Jean-Pierre Coffe
national, c’est ( souvent ) de la m…. comparé à un Nikkor, et en plus ça
vieillit mal et ça ne vaudra plus rien dans deux ans ! La gamme AI-S c'est
autant d’objectifs qui, mis à part leur superbe finition, n'ont
pas d'équivalent AF : 135/2.8, 200/4, 200/4 Micro, 80-200/4,
50-300/4.5 ED , 400/3.5 ED, 200/2 ED, etc.
-
la
modification AI-P donne une seconde jeunesse aux optiques manuelles et convient particulièrement aux gros téléobjectifs.
En effet, pour approx. 140 € ( le prix que ça coûte ) on retrouve un 200/2 ED
totalement exploitable sur un D2x, sans avoir à investir 5000 € dans sa version
AF-S. Pareil pour les excellents 300/2.8, 400/2.8, et 600/4 IF-ED. Les fabuleux
et très rares 300/4.5 ED et 400/5.6 ED NON IF, toujours inégalés en
performance optique pure, feront le bonheur ( à condition de les
trouver !! ) de beaucoup de photographes qui ne sont pas concernés par le
sport et/ou la vitesse : paysage, architecture, voyages, etc. Et le
400/3.5 IF-ED, qui offre un des plus avantageux rapport entre focale/encombrement et poids/ouverture, redevient ainsi le
chouchou du photographe animalier qui pratique l’affût. Citons encore le
80-200/4 ( le 70-200/2.8 est trop gros
et trop lourd, les 70-210/4-5.6 trop "amateurs"), le 50-300/4.5 ED (
jusqu’à présent sa performance optique est la référence absolue des zooms à
grand range ), 105/1.8 et 200/4 Micro ( sensiblement plus compacts que leur
version AF-D 105/2 et 200/4 M). Ceux qui franchissent la pas et modifient des objectifs
beaucoup plus modestes et moins bien chers
comme les 20/2.8 ou 28/2.8 connaîtront le plaisir inégalé de travailler avec
des cailloux durables et superbement finis dont la fourchette permet leur
utilisation avec TOUS les appareils produits par Nikon depuis le F !!
Lesquels,
comment, qui, où ?
Pour la quasi-totalité des téléobjectifs > 135mm la
modification AI-P est très discrète et l’aspect de la baïonnette est identique
à celle d’un objectif AF. Pour les autres, quand il n'y a pas beaucoup de place
à l'arrière pour accueillir le circuit on est obligé de le loger partiellement
à l'extérieur, ce qui se traduit par un petit boursouflement à l’arrière,
toujours au niveau de la baïonnette. Dans tous les cas cela n'affecte en rien
le bon fonctionnement de l'objectif qui peut être monté sur tous les boîtiers
Nikon manuels bien entendu. Notez que même un objectif de l’ancienne génération
modifié AI peut être modifié AI-P, puisqu’on n’a plus besoin de couplage
mécanique avec le boîtier pour mesurer la lumière, et dans ce cas on utilise la
molette pour changer les diaphs !! Ca marche même avec les objectifs à
bague de m.a.p. métal cannelée, un de mes amis a modifié ses antiques 85/1.8 et
180/2.8 afin de bénéficier de leur rendu typique des objectifs anciens ( moins
de contraste, ce qui, contrairement à l’idée reçue, est une bonne nouvelle
pour le photographe sérieux travaillant souvent en diapo on N&B. En effet
les ombres sont plus détaillées et les rendus de couleurs plus nuancés, "à
la Leica". Même celui qui shoote en numérique appréciera cela. Enfin, on
peut modifier des objectifs compatibles Nikon comme les Tokina 300/2.8 ( j’ai
même fait modifié une baïonnette Tamron AdaptAll 2 ) et on peut mettre
installer un microchip sur une bague-allonge ou un soufflet PB-4 histoire de
"débloquer" le boîtier, mais des restrictions d’utilisation
s’imposent dans ces deux derniers cas.
Toute personne habile de ses mains possédant quelques outils de
précision peut modifier un objectif, on a besoin pour cela d’un microprocesseur
Nikon et d’une barrette avec les contacts électriques. Mais il y a un hic :
Nikon France ne vend pas de pièces détachées. Vous pouvez vous en procurer là
où les monopoles sont interdits, par exemple chez Nikon USA, mais c’est long et
fastidieux, il faut connaître certaines subtilités de la baïonnette Nikon, et
les erreurs sont possibles. Le mieux c’est de la faire réaliser par Mr Rolland Elliott aux USA, qui fait
ça régulièrement et depuis longtemps. Cette modification coûte $ 115 par
objectif + port. Vous trouverez tous les détails sur son site Web :
http://home.carolina.rr.com/headshots/Nikonhome.htm
Attention : la
modification ne rend pas les objectifs "D", aucune information de
distance n'est transmise au boîtier. Cela étant dit, seules certaines photos au
flash sont concernées par cette technologie.
Dites,
m’sieur Nikon, vous pourriez pas …
Le fait même que cette modification soit possible prouve sans
l’ombre d’un doute que l’impasse sur les objectifs AI/AI-S n’est fondée sur
aucune incompatibilité technique entre les boîtiers AF ou D et les objectifs
classiques, c’est du pur marketing ! La mesure matricielle et le dosage du
flash en plein jour reposent sur la transmission d’une seule info de
l’objectif au boîtier : l’ouverture maxi. La focale de l’objectif ne
rentre même pas en compte pour ces mesures ! J’ai fait plusieurs tests qui
le prouvent, par exemple installer dans un AI-S 300/2.8 la puce électronique
d’un AF 20/2.8 et d’un AF 300/2.8 : aucune différence dans la mesure.
Pareil pour la matricielle couleur : si vous lisez attentivement la notice
technique d’un F5 ( pas la notice ni la documentation commerciale ) vous verrez
les paramètres utilisés par le boîtier pour la mesure, et la focale de
l’objectif n’en fat pas partie. Quant aux modes P et S qui impliquent un
contrôle du diaph par le boîtier, on sait depuis le FG mais surtout depuis le
FA que c’est possible.
Tout ça pour dire que rien, absolument rien, n’interdisait (
n’interdit ! ) à Nikon de proposer la compatibilité totale de ses boîtiers
modernes avec toutes les optiques manuelles !! Les seuls objectifs qui
n’auraient pas été compatibles sont les zooms à focale variable. Maintenant on
nous présente un F6 où on peut programmer une compatibilité avec des objectifs
AI-S … ridicule quand on sait tout ce qu’on sait, il suffisait de
"débloquer" l’appareil !!
Je rêve que Nikon nous propose en SAV des baïonnettes AI-P prêtes
au montage, dans la même philosophie qui les avait motivés à nous proposer des bagues
AI en 1977, qui permettaient de moderniser nos objectifs pratiquement sans y
toucher ! On ne profitera pas de la technologie "D" ( on s’en
fiche ) ni de la technologie VR ( dommage ) qui nécessite de l’énergie et donc
une liaison électrique entre l’objectif et le boîtier, mais ce serait mieux que
rien !! Le marketing a gagné la manche ( renouveler le marché ) et
beaucoup de Nikonistes sont amers ( d’ailleurs le marketing a gagné la 2ème
manche en éliminant la bague de diaph, soi-disant pour faire des économies (
sic ) et pouvoir mettre un joint d’étanchéité entre le boîtier et l’objectif.
Après Canon c’est au tour de Nikon de prendre ses clients pour des
idiots : à croire qu’il y a des trombes d’eau qui s’engouffrent à cet
endroit quand on est debout sous la pluie …. et comme si on n’aurait pas pu
mettre ce joint sur le boîtier ). La baïonnette F, encore plus avec cette
possibilité de la modifier en AI-P, a montré sa formidable capacité
d’adaptation aux progrès techniques et sa résistance à l’obsolescence, ce
serait une véritable erreur que Nikon la laisse s’essouffler par négligence. En
attendant nous pouvons tous profiter de la modification AI-P ( tant qu’il y
aura des pièces ! ), et ça, ce n’est pas négligeable !
Mise à jour 01/11/2005 : Nikon
annonce que le nouveau D200, comme les F6 et D2x, est compatible avec les
optiques manuelles via une programmation manuelle du boîtier. Tant mieux, la
compatibilité avec mesure de la lumière de tous leurs objectifs avec les boîtiers
… Canon a dû leur faire comprendre le ridicule de la situation … Dans tous les
cas la modification AI-P garde tout son attrait : pas besoin de manip
spéciale, compatibilité avec strictement tous les boîtiers Nikon, et des
objectifs manuels moins sensiblement moins chers, en particulier les longs
télés !
Patrick Rouillard