La légende du petit berger

Un escabeau, trois malles et un tapis moutonné, le décor est planté, épuré. Dans la pénombre, trois silhouettes vont se cacher dernière les malles puis la lumière arrive et les trois actrices interpellent Sigurd, le petit berger islandais. Son aventure commence.

L'histoire de ce « petit bout d'homme » est tirée d'une légende islandaise. Ce petit berger, en voyant son ombre s'amuser avec les nuages, veut aussi accéder à ce rêve et voler au milieu d'eux. Pour y parvenir, il devra affronter une « sorcière aussi méchante que puissante » et extrêmement effrayante. Pour cela, il sera aidé par un chevalier mystérieux à qui il a offert l'hospitalité. Mais Sigurd devra faire preuve d'un grand courage pour parvenir en haut de la montagne noire et arriver à ses fins.

Cette histoire nous raconte la notion de plaisir des enfants qui prime sur la réalité des adultes, les notions de peur et d'angoisse vaincues par le courage grâce à nos rêves ambitieux.

Le monde de l'âge tendre est représenté par la marionnette à taille d'enfant portée par les deux artistes, Edwige et Séverine selon la technique japonaise de manipulation à vue, le « bunraku ». Bien que les deux actrices soient visibles sur scène, nous nous laissons emporter par la magie. Il faut dire qu'elles sont parfaites dans leur rôle et prennent, avec un grand talent, la voix du petit garçon. Elles manipulent aussi Sigurd avec une grande dextérité et bien que le visage de la marionnette ne change pas d'expression, nous avons l'impression qu'il vit réellement ses aventures.

Le monde des adultes, lui, est représenté par un jeu d'acteur masqué. Les deux personnages du chevalier et de la sorcière sont merveilleusement interprétés par la troisième actrice, Oleka impressionnante dans son deuxième rôle grâce à son rire maléfique.

Avec peu de décor, un peu de poudre de magie, des musiques oniriques et des jeux de lumières, les trois comédiennes, Oleka, Edwige et Séverine nous emmènent durant une heure dans un monde fantastique. Peut-être, nous aussi, l'espace d'un instant, nous sommes nous envolés dans les nuages avec Sigurd!

Hélène Caruso
www.theatre-enfants.com

Chez nous les petits bergers crient au loup, en Islande ils ne pensent qu'à sauter de nuage en nuage. Dans ce conte traditionnel venu du nord, Sigurd l'orphelin et un petit bout d'homme courageux et rêveur. Bien sûr, il adore ses moutons Etoile du matin, brin de lune, petit nuage, mais plus que tout, il voudrait voler comme son ombre et aussi loin que porte l'écho de sa voix. A travers la foret, par-delà des montagnes, l'enfant va apprendre à vaincre sa peur pour réaliser son vou le plus cher. Mais, trouvera-il le bonheur au bout de l'aventure ? La pièce, joue par trois comédiennes, est une création de la compagnie Petipatapon pour le théâtre du jardin d'acclimatation. C'est le fruit d'un travail de recherche sur les légendes archaïques qui mettent si bien en avant les peurs, les angoisses et les désirs des enfants.

'A partir de là, explique Séverine, comédienne, nous jouons avec leur imagination. Nous cherchons avant tout, à les emmener dans un autre univers avec peu de moyens scéniques et techniques'. Un parti pris de simplicité qui confère au texte et a la mise en scène, une poésie simple, accessible aux petits.

Après avoir couche ses moutons, Sigurd se laisse emporter par ses pensées.

Comment faire pour voler comme Thor, le dieu du vent et des batailles ?

La réponse viendra avec un mystérieux cavalier, bien décidé à aider le gentil berger : après un long et dangereux voyage, il devra trouver une maison d'une blancheur éblouissante> Cette mystérieuse demeure abrite la sorcière aussi méchante que puissante , elle seule pourra donner au jeune garçon le pouvoir d'atteindre le ciel. Avec son rite démoniaque et ses traits déformés par la cruauté, la vilaine femme tente d'effrayer Sigurd, qui s'attachera à vaincre sa peur. Il y parviendra sans doute mieux que des petits spectateurs : nombre d'entre eux quittent en effet précipitamment les premiers rangs pour aller rejoindre les bras rassurants de leurs parents !

Même si les personnages sont des acteurs masqués, même si Sigurd est une marionnette, tous sont criants de vérité. Manie a vue par deux comédiennes, le pantin du verger transmet autant d'expressions que d'émotions, tout comme la sorcière, effrayante jusqu'au bout des ongles. Ces techniques, inspirées du théâtre japonais, obligent les jeunes spectateurs à faire preuve d'abstraction. Un exercice qui les emporte loin des images plaques de dessins animés venus eux aussi du pays du soleil levant. Le voyage semble pourtant les délecter, et, à la fin de la représentation, ils se précipitent contre la scène pour demander des autographes, mais aussi tout un tas d'explications sur la pièce : comment fait-on pour imiter la voix d'une sorcière, est-ce difficile de faire parler le petit garçon, de le manipuler ? En quoi est faite sa marionnette ? Et, comment la neige tombe sur la scène ? Les comédiennes se plaisent à répondre patiemment à toutes ces questions. Elles le savent, on ne peut pas impunément éveiller la curiosité des enfants. Ils s'en iront donc avec leurs réponses, des rêves plein la tête, peut être quelques cauchemars en perspective et des flocons de papier plein les poches.

Aude Blouin-Bunetel
Le Journal du dimanche

Une très belle légende islandaise adaptée luxueusement par des championnes de la marionnette : gaines, tiges, fils, pour les poupées grandes ou petites. Masques et costumes ahurissants pour la sorcière malfaisante ou le chevalier protecteur. Pour avoir voulu survoler les mers et courir sur les nuages, voici comment un petit berger perdit son ombre. Une métaphore lyrique sur le passage de l'enfance a l'age adulte.

Henriette Bichonier
TELERAMA