o Origine : Europe occidentale après les invasions germaniques (période carolingienne en France)

Définition : système de relations entre les hommes qui repose sur le contrat vassalique et le fief. C’est de fait un système hiérarchisé de dépendances et d’obligations réciproques : celle de sécurité pour le seigneur (suzerain) et celle de service pour le vassal, le tout au sein du fief (terres, châteaux, droits, revenus remis au vassal par le seigneur). Celui-ci a pu s’étendre et prospérer en raison de l’absence de pouvoir royal fort (carolingiens, capétiens). La souveraineté est donc partagée entre plusieurs seigneurs et échappe au pouvoir royal, l’Eglise dispose aussi d’une très forte emprise locale. Cela perdure jusqu’au 12^ème siècle sans que le pouvoir royal (le roi des Francs) ne s’accroisse malgré les agrandissements successifs de son domaine dès Hugues Capet ; l’avènement de Philippe Auguste en 1180 marque une rupture quant à la définition du rôle du Roi et de la répartition du pouvoir dans le royaume (apparition d’une administration). Toutefois cette période féodale jusqu’au 13^ème siècle est marquée par un certain essor économique, démographique, culturel et artistique.

Système seigneurial :

Origine : 10^ème siècle, mais développement plus tardif, c’est davantage un héritage du système féodal issu du Moyen Age.
Définition : système politique qui résulte de la généralisation des droits régaliens par les seigneurs sur leurs vassaux et sur leurs hommes. Celui-ci n’est plus indépendant d’un quelconque pouvoir royal mais est inclus dans l’absolutisme royal, c’est d’avantage un vestige ou un héritage de la féodalité qui a été absorbée par le pouvoir royal et son appropriation de la souveraineté dès le 16^ème siècle. Toutefois malgré l’absolutisme royal, les seigneurs conservent une grande importance dans l’organisation du pouvoir (impôts, emprunts royaux) et jouissent de privilèges sans pour autant offrir de réelles prestations politiques.

2) Evolution de la société féodale vers un système seigneurial

Le système seigneurial est donc un héritage de la société féodale moyenâgeuse dont l’abolition n’a jamais été officielle mais progressive suite à l’importance prise par le Roi (après la guerre de Cent Ans). Les seigneurs disposent toujours de leurs privilèges, mais se voient déposséder de leur rôle politique et de leur souveraineté au détriment d’un pouvoir royal toujours plus absolu et centralisé (théorie de la souveraineté de Bodin). De fait le contrat vassalique qui liait le suzerain au vassal perd sa substance et affaiblit les structures de la société, malgré la mise en place d’une administration importante en France sous le règne de Louis XIV. Par ailleurs les seigneurs disposent toujours de vastes propriétés héritées de l’époque féodale, de même que l’Eglise. En somme il ne reste de la féodalité que les seigneurs qui ne représentent plus un corps intermédiaire dans la société. Là où la féodalité assurait un rôle politique et civil au Moyen Age, cela n’est plus le cas au 18^ème siècle.

3) La situation à la veille et après la Révolution Française

Si la société féodale est quasi désuète à la veille de la Révolution, le système seigneurial et cela en dépit du pouvoir absolu du roi reste très ancré dans la réalité bien que n’ayant plus de pouvoir politique. Toutefois malgré ce glissement et cette évolution c’est bel et bien la féodalité, en tant que régime, qui est mise en cause, rejetée et critiquée par les révolutionnaires alors même qu’elle n’assure plus ses fonctions. Cette critique de la féodalité naît durant les Lumières (Montesquieu, l’esprit des lois) et trouve son écho dans la paysannerie qui se sent abusée et dans le Tiers Etat. La crise du pouvoir royal et l’érosion de la société féodale, qui se retrouve vide de sens, sont à n’en pas douter des causes directes de la Révolution, en effet le décret du 11 août 1789 abolit la féodalité et par là même le système seigneurial marquant ainsi une rupture avec ce qui était l’une des constituantes de la société d’Ancien Régime. Ainsi l’abolition de la féodalité équivaut pour les révolutionnaires à une étape vers la reconquête de la souveraineté et fait l’objet d’unanimité de la part des députés. Si le décret de 1789 est la rupture officielle et symbolique avec le système seigneurial et la féodalité, leur mise à pied est elle plus lente et progressive puisqu’il est possible jusqu’en 1793 de racheter certaines charges féodales.