La hussarde sur le toit
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Nous avions appelée "Bonnette" une chatte
noire et blanche en raison de rapports étroits qu'elle entretenait avec le
dénommé "Bonnot", ainsi baptisé à cause de son air de gentil voyou et en
référence au chanteur de U2. Bonnette avait pris de l'embonpoint à la suite
d'un récital qu'ils avaient donné dans le hangar le dernier week‑end de
février.
Soixante‑cinq jours plus tard, c'est à dire le
mardi 9 mai 1995, elle avait retrouvé sa ligne et se manifestait fréquemment
auprès de la ferme pour réclamer caresses et nourritures. Elle prenait des
précautions de chatte pour tenir secret l'endroit où se trouvait sa
progéniture, empruntant des chemins à chaque fois différents afin de se
rendre au hangar en face.
Cependant, elle arrivait presque toujours par
le jardin du bas. Un jour du mois de juin, alors que je me tenais sous le
marronnier, je l'aperçue en train de grimper après un chevron posé à la
verticale contre le mur du hangar, parvenant ainsi là où se trouvent
entreposées les balles de paille à près de quatre mètres du sol. Je ne
tardais pas à voir apparaître là haut quatre petits chatons jouant avec leur
mère. |
Au cours du mois de juillet, Bonnette vint à
quelques reprises accompagnée d'un de ses enfants. Le premier avait une robe
sombre et les pattes blanches. Ce fut "Chaussettes" qui, un jour, passa un
bon moment à jouer avec sa mère devant nous. Le second n'avait que le bout
des pattes blanc. C'était "Socquettes". Puis il y eut "Chaussons". Quant au
dernier, nous n'en vîmes même pas le bout de la queue. Enfin nous constatâmes
la disparition de tout ce petit monde fin juillet.
Au début de nos congés du mois d'août, nous
fûmes donc très surpris d'entendre, provenant du faîte de la toiture du
hangar, le miaulement d'une sirène dont l'intensité reléguait l'alarme d'une
voiture au rang de sonnette de vélo.
Juchée à une dizaine de mètres de haut, une
minuscule petite chose, responsable de tout ce raffut, s'agitait. Durant les
trois semaines de notre séjour, nous assurâmes régulièrement le
ravitaillement de la sirène qui se déclenchait en cas d'oubli. Afin de
préserver leur quiétude, les enfants du voisinage prirent le relais jusqu'à
la fin du mois.
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Aussi, le premier week‑end de septembre nous
pûmes vérifier que la sirène fonctionnait toujours aussi bien. Après une
nouvelle absence de quinze jours, je dois avouer que nous avions quelques
inquiétudes quant à son état de marche à notre retour. Nous ne pouvions
espérer que notre voisine octogénaire mais alerte grimpe tous les
jours pour l'entretenir.
J'avais perdu tout espoir d'entendre le
miaulement strident de la sirène dont pouvait s'enorgueillir le hameau,
lorsque, ce samedi 16 septembre dès potron‑minet, j'étais monté là haut et
qu'aucune présence ne s'était manifestée. Un peu plus tard dans la matinée,
j'ai cru entendre un miaulement. Non, je ne me prenais pas pour Jeanne
d'Arc. C'était cependant un miracle. Le chant de la sirène qui m'appelait
n'avait rien d'une chimère. Elle m'attendait en haut de l'échelle en
miaulant tout ce qu'elle pouvait vocaliser.
Je pris dans mes mains 800 grammes de poils
toujours vagissants jusqu'au moment eu je les posais devant leur équivalent
en lait et en croquettes. Dès lors la sirène était devenue aphone. Son
comportement lui valut d'être nommée "Câline". Elle nous avait adoptés et ne
semblait ni regretter son toit ni vouloir nous quitter.
Câline est une chatte tigrée aux yeux vert clair. De race européenne, elle
présente tous les signes distinctifs du Sylver Tabby : sur les épaules sont
dessinées des marques évoquant un papillon, sur les flancs des vagues
rappelant les motifs d'une coquille d'huître. Un grand M est imprimé sur le
front et autour du cou s'enroulent deux colliers successifs. La seule
anomalie réside dans le pelage blanc de son menton qui souligne son joli
minois. |
L'album photo de Câline
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Mon papa |
Ma maman |
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Promenade |
Restauration |
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Farniente |
Découverte |
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Jeu de société |
Salade |
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Cinq mois : 65 centimètres
pour 2,5 kg |
Gibier |
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