PROMETHEE

Le Maquis Verneuil

Nous avions une vingtaine d’années à peine en mai 1970 lorsque nous campions avec mes amis de lycée aux Isles Ménéfrier, auprès de la Cure, dans la forêt au Duc, à deux kilomètres à vol d’oiseau de l’oppidum du Vieux Dun.

Nous profitions de la rivière, des bois et du site éduen, insouciants des combats qui mobilisèrent là, au cours de l’été 1944, 2000 hommes sous les ordres du commandant Verneuil.

En janvier 1973, je trouvais un emploi au sein d’une compagnie, créée après guerre pour favoriser les exportations françaises, à la tête de laquelle venait d’être appelé Jean Chapelle.

Ce n’est qu’après sa disparition brutale, intervenue en août 1981, que j’appris son passé de résistant.

Il avait à peine vingt ans lorsqu’il interrompit ses études pour animer les groupes clandestins du réseau Libération Nord et créer un des plus importants maquis du Morvan sous le nom de Verneuil.

Jean Chapelle

Extrait de l'Historique du Régiment Verneuil

Engagé à dix‑neuf ans dans la Première Armée pour former et diriger la 3e demi‑brigade composée de 2700 hommes, médaillé de la Résistance et chevalier de la Légion d'Honneur à vingt et un ans, Verneuil avait, parmi les officiers du mouvement Libération, le grade le plus élevé dans tout la département de l'Yonne.

Certains autres chefs de maquis, comme Camille, ont toujours considéré Verneuil comme un « gamin ». Or, il avait sous ses ordres des officiers qui auraient pu être son père, voire son grand-père. Un de ses adjoints, couvert de décorations de la « grande guerre », était né en 1873 et avait donc une cinquantaine d'années de plus que son chef, auquel il a toujours obéi d'une manière absolue.

Les Allemands qui le recherchaient lui avaient tendu une embuscade. Ils furent très déçus de n'avoir capturé qu'un « gamin », selon leur propre expression. Un des officiers affirma même avec conviction : « Vous n'êtes pas le Commandant Verneuil » et celui‑ci fut relâché.

Verneuil a toujours défendu l'idée d'une grande unité structurée, concentrée et militarisée au maximum, au lieu de petits maquis séparés et dispersés. Il constitue donc, avec l'accord du chef départemental des FFI. de l'Yonne, le commandant Chollet, un premier rassemblement au nord de l'Yonne, dans la région de Saint-Florentin, près du village de Chailley, en pleine forêt d'Othe à la fin de mai 1944. Mais le 24 juin, l'ensemble de ces maquis est décimé par les Allemands. Les services de liaisons et les groupements clandestins sont désorganisés.

Aussi le déménagement de tous les survivants, un mois plus tard, constitue un événement qui a frappé les témoins de l'époque : " Un des spectacles les plus inoubliables pour ceux qui vécurent ces heures lourdes de juillet 1944 se déroulera les 24 et 25 juillet. Partis de la région de Saint‑Florentin et de Tonnerre, les camions de la 3e demi brigade chargeront les groupes clandestins mobilisés, les maquis et tous les services divers. Le 24 juillet au soir un imposant convoi de 25 camions 7 voitures 4 camionnettes et une dizaine de motos le tout échelonné sur plus d'un kilomètre avec des véhicules bondés d'hommes plus au moins armés, mais plein d’enthousiasme chantant la Marseillaises drapeaux claquant au vent... couvrira plus de 100 kilomètres. Cette expédition se fit en plein territoire occupé à la stupéfaction des populations et à l'inquiétude de l'ennemi qui ne comprendra que plus tard. Six cents hommes, dont deux cents au moins sont armés, s'organisent à partir du 25 juillet aux Isles Ménéfrier " .

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