Chapitre
7 :
Un intérêt particulier pour
l’hygiène
Paul Robin fut déjà sensibilisé aux
problèmes d’hygiène lors de sa jeunesse à Brest, qui est alors une ville
surpeuplée, qui n’a pas de tout à l’égout, et dont l’insalubrité provoque le
choléra, la tuberculose[1].
Robin observe la misère, l’alcoolisme. L’insalubrité généralisée dans toutes
les grandes villes de France, a un effet important sur la santé et la
mortalité, essentiellement dans les quartiers ouvriers. Cela entraîne une prise
de conscience du problème par les institutions de la troisième République.
Selon Lion Murard et Patrick Zylberman, ce sont « la préformation d’un
État providence et la pression du mouvement ouvrier [qui] poussent la santé au
premier rang des préoccupations après 1900 »[2]. Il y
faut y ajouter, la préoccupation de revanche contre l’Allemagne, sur laquelle
insiste Françoise Mayeur[3]. La
République a besoin de soldats de qualité. Les jeunes français doivent donc
être en pleine forme, prêts au combat aussi bien dans leurs têtes que dans leur
corps. C’est cela qui va relancer l’éducation physique, essentiellement dans un
but de préparation militaire.
Malgré la propagation des principes
d’hygiène, très peu de choses changent dans la pratique. Les Conseils d’hygiène
institués dans chaque département ont une activité très réduite. Dans certains
cas ils n’existent que sur le papier. Dans l’enseignement, la loi du 30 octobre
1886 institue un enseignement obligatoire de l’hygiène une fois par semaine.
Mais cet enseignement est souvent délaissé, au profit des matières qui servent
pour le certificat d’études. De plus on peut douter de la valeur d’un tel
enseignement, purement théorique.
Georges Rossignol, inspecteur
d’académie de l’Indre, mène une campagne pour la repopulation, sous le nom de
Roger Debary, dans le Manuel général de
l’instruction primaire de Ferdinand Buisson. Gabriel Giroud lui reproche
d’ailleurs de parler de tout au cours des 14 articles qu’il publie, sauf de
repopulation. En fait Georges Rossignol conseille surtout aux instituteurs de
« bien faire respirer les petits, de bien « mastiquer » et de
soigner l’alimentation des jeunes, de ne pas renifler l’air confiné, d’éviter
aux écoliers le « parfum des classes », d’être des professeurs de
santé, de vrais éducateurs, etc. »[4] La
volonté de régénération physique n’a pas le même sens pour la troisième
République que pour les néo-malthusiens.
Bien sûr, la chose préoccupe les
enseignants liés au mouvement ouvrier. Des ligues scolaires de tempérance sont
formées par des instituteurs antialcooliques dès le début du vingtième siècle.
Dès la naissance de l’École émancipée
en 1910, le Docteur Narich consacre une rubrique régulière sur l’Hygiène dans
l’enseignement primaire. Il précise tout de même que l’hygiène découle de
l’éducation rationnelle. A partir du moment où l’on veut appliquer des règles
scientifiques à l’éducation, on doit se préoccuper de l’hygiène. Cela comprend
d’abord « l’étude du bâtiment ou l’hygiène architecturale, et du mobilier
scolaire », puis l’hygiène du corps et enfin l’hygiène de l’esprit[5]. Dans
la deuxième partie, il s’inspire de l’anthropométrie pour juger de
l’application des règles d’hygiène. La troisième partie concerne la
constitution du cerveau, la physiologie des organes du cerveau. Bien sûr les
deux premières parties seront bien plus traitées, et la rubrique continuera
régulièrement jusqu’en 1914, avec la participation de nombreux autres auteurs.
Le premier article de cette série concerne d’ailleurs l’éclairage des écoles.
Il préconise l’éloignement de l’école des gros bâtiments, afin de profiter de
la lumière du soleil, l’exposition au Nord, et la pose de vitres lisses et très
blanches afin de laisser passer le maximum de lumière[6].
Pour Madeleine Vernet, le principal
problème d’hygiène est celui de l’alcoolisme. En 1906, elle prend conscience du
problème suite à un voyage en Normandie, d’où elle est originaire. Elle y
constate le découragement de ses camarades révolutionnaires qui n’arrivent pas
à capter l’attention des ouvriers, lesquels ne pensent qu’à « boire,
fumer, manger et faire des gosses »[7]. Elle
écrit donc une brochure, « Le problème de l’alcoolisme », en 1906.
Cette brochure est rééditée en 1913 par Rénovation,
car la situation n’a pas changé.
La consommation annuelle d’alcool en
France passe, en moyenne, de 1,5 litres par personne en 1852, à 5 litres par
personnes en 1900. Mais cela ne prend en compte que les spiritueux. Il faut
donc rajouter 14 litres annuels par personne de boissons alcoolisées[8]. Mais
ces moyennes ne sont pas forcément parlantes. Dans sa brochure, Madeleine
Vernet étudie « une forte cité ouvrière de la région rouennaise ».
Elle explique que les ouvriers boivent des alcools forts et de l’absinthe
pendant le travail, à chaque pause, le dimanche lors de sorties avec les collègues
et aussi en famille. Le café du petit déjeuner, composé aux trois quart de
chicorée, ce qui lui donne un goût acre, doit être agrémenté d’alcool pour
qu’il soit supportable. Il en est de même pour toutes les boissons non
alcoolisées consommées dans la journée. Elles sont agrémentées d’alcool pour
effacer le mauvais goût. Le biberon du nouveau-né est aussi complété par du
cognac ou du rhum, de très mauvaise qualité, dès que l’enfant paraît indisposé.
L’enfant hérite de l’alcoolisme de ses parents, et s’il n’est pas déjà
dépendant à la naissance, il le devient très vite en partageant le repas de ses
parents. Madeleine Vernet explique qu’une telle population est rétive à toute
éducation et que générations après générations elle perd toutes les qualités
qui auraient pu lui permettre de se révolter contre le capitalisme. L’alcool
est, selon elle, la première cause de dégénérescence. Nous reviendrons sur les
règles d’hygiène qu’elle applique à l’Avenir social, mais l’essentiel de ses
interventions hygiénistes dans la presse militante concerne l’alcool. Elle
trouve donc dans Rénovation, l’organe
qu’il lui faut pour traité de l’éducation et de l’alcoolisme.
La seule solution qui lui paraisse
efficace est l’éducation antialcoolique. En libertaire conséquente, elle ne
pense pas que des lois antialcooliques soient efficaces, ni même qu’elles
soient possibles. D’autres part, elle voit l’alcoolisme comme le fruit du
capitalisme, c’est à dire du travail abrutissant, du manque de distraction.
L’éducation antialcoolique ne peut se faire dans la famille, milieu déjà
corrompu. Elle doit donc être faite par l’école.
La question de l’alcoolisme est aussi
traitée par des organes liés aux milieux catholiques et conservateurs, comme L’Alcool et Tempérance, qui fusionnent en 1906 pour donner L’Étoile bleue. Ce journal sera souvent attaqué par les
néo-malthusien, particulièrement par Paul Robin. Il lui reproche dès sa
fondation d’être militariste et de traiter exclusivement de l’alcoolisme, sans
s’occuper de ce qui en est la cause. L’Étoile
bleue considère l’alcoolisme et la dégénérescence qu’il entraîne, comme une
cause de l’affaiblissement militaire de la France[9].
Gabriel Giroud refuse de ravaler le néo-malthusianisme au rang des œuvres
charitables de l’antialcoolisme[10]. Les
questions de l’hygiène sont très peu abordées par Paul Robin, et par son fidèle
Gabriel Giroud, qui préfèrent parler de la limitation des naissance, qui
détermine tout le reste. Pourtant nous verrons plus tard que Paul Robin a un
grand intérêt pour l’hygiène.
Les syndicats s’occupent
essentiellement de la question de l’hygiène au travail et du logement ouvrier.
La parution de l’enquête des frères Léon et Maurice Bonneff, « Les métiers
qui tuent » fait beaucoup de bruits. Les néo-malthusiens traitent peu de
l’hygiène du travail.
La situation hygiénique est sans doute
moins préoccupante en France que dans d’autres pays d’Europe. En 1909, Génération consciente publie un article
du Tribüne, un hebdomadaire
socialiste de Berlin, qui donne des statistiques sur la mortalité des nouveaux-nés
dans les grandes villes d’Europe, mais aussi dans quelques villes d’Afrique ou
d’Amérique. On y apprend que Rouen et Lille sont en tête des villes françaises
avec la mort de 19,3% des enfants de moins de 1 an, au même niveau que
Munich. Dusseldorf, considérée comme une ville modèle en matière d’hygiène
compte 14,8% de mortalité. Les villes les mieux lotis sont Aberdeen, aux Pays
Bas et Bordeaux, qui comptent 6,2% de mortalité. Paris et Nice sont antre 10 et
12%, tout comme Berlin et Londres. Les villes les plus touchées sont
Saint-Pétersbourg et Moscou, avec plus de 26% de mortalité chez les enfants de
moins d’un an. Même si ces chiffres ne sont pas forcément très fiables,
ils donnent une idée de la situation hygiénique des grandes villes. Bien sûr, Génération consciente pense répondre au
problème en diminuant les naissances, ce qui permettrait de donner de
meilleures soins, une plus grande place dans le logement aux enfants qui
naissent.
Cette vision semble accréditée par
l’exemple du Creusot, cité par Régénération.
Cette ville ouvrière a alors une natalité en dessous de la moyenne, ce qui
pousse les patrons à agir pour la natalité. Les règles d’hygiène sont donc
mieux respectées dans la construction des logements, dans l’urbanisme de la
ville. Le Creusot a donc une mortalité infantile de 11%, contre une moyenne
nationale de 16% et une moyenne des quartiers ouvriers de 21%[11].
Mais pour les néo-malthusiens, aucune
des solutions proposées par les hygiénistes officiels ne serait utile sans la
diminution des naissances. Ils entrent dans le débat et traitent de la qualité
du lait des enfants, des moyens de soigner la tuberculose, ou des effets de
l’alcoolisme, notamment sur la génération. Mais Gabriel Giroud reste sur ses
positions et se contente de critiquer les efforts officiels, puisqu’ils ne
prennent pas en compte la question de la natalité. Il devient même ironique en
saluant les efforts du congrès d’hygiène sociale de Paris, en 1913, qui
regroupe « l’aristocratie politique, scientifique, oratoire » en vue
« d’améliorer la race, de diminuer la mortalité » par « une
hygiène sociale bien comprise »[12].
Pour Paul Robin, l’hygiène fait partie
de la première éducation physique. Il s’agit de « l’hygiène
d’élevage »[13]. L’éducation physique
commence par « l’élevage », c’est à dire le développement sain des
enfants. L’éducation « organique » vient ensuite pour développer les
capacités de chaque organe. L’hygiène est essentiellement traitée de ce point
de vue par Paul Robin, qui n’y accorde que très peu d’intérêt dans Régénération.
En ce qui concerne l’alcool, il le
considère tout au plus comme « un petit, un faible ennemi », dont il
vaut mieux traiter les parents : « la MISERE, l’ENNUI, la PEUR »[14]. Il
trouve « ridicule d’attaquer un utile produit chimique »[15]. Paradoxalement,
l’alcool fait l’objet de plusieurs articles, simplement pour en atténuer le
rôle. De même, la tuberculose, dont on considère souvent qu’elle a pour
principale source l’alcool, doit être traitée par la dépopulation qui viendra
seule à bout de la misère. Il en est de même pour le tabac, l’opium, le
haschich et les autres « excitants ».
Pourtant, l’intérêt pour ces questions
est présent. Régénération est échangé
avec des journaux comme L’Alcool,
avant sa fusion avec Tempérance, l’Alimentation ouvrière ou le Progrès culinaire. En 1903, Régénération donne le conseil de
profiter des préceptes des sociétés antialcooliques ou anti-tabagiques, mais
sans croire que cela suffit à la régénération humaine[16].
C’est cette année que semble se située une évolution. Lors d’une réunion
publique le 25 juin 1903, un certain Boydron a traité du néo-malthusianisme et
de l’alcool. Dans les derniers numéros journal, Lumel considère l’alcool comme
le second obstacle à la prudence procréatrice, après l’ignorance[17]. Les
parents alcooliques sont impulsifs et ne réfléchissent pas aux conséquences de
leurs actes
En voulant accuser Paul Robin de divers
maux, notamment de pédophilie, le Malthusien
nous fournit un texte intéressant. Ce texte aurait été écrit par Paul Robin,
mais la source n’est pas citée. Un passage de ce texte nous fait penser que
Paul Robin attachait plus d’importance qu’il ne le disait dans Régénération, à l’hygiène
alimentaire :
« … aux
amateurs d’eau et d’air pur, se nourrissant de fruits frais, cuits ou conservés,
de lait, de légumes, de farines végétales, de pâtes, à ceux qui mènent une vie
hygiénique en tous points, ont une belle activité sans surmenage, un heureux
calme cérébral n’excluant pas la sympathie active pour toutes les misères
humaines… »[18]
Nous verrons plus loin que Paul Robin
avait effectivement des liens avec le mouvement naturien libertaire et
végétarien. Le texte qui suit, « Une révélation sexuelle », qui
serait aussi de Robin est, d’après l’auteur anonyme du Malthusien, tiré d’une brochure naturiste végétarienne qui n’est
pas nommée. Par ces références, le
Malthusien entend apparemment déconsidérer Paul Robin.
Les articles consacrés à l’hygiène dans
Régénération sont essentiellement
consacrés à l’alimentation, surtout à l’alcool. Mais Paul Robin fait aussi état
du débat sur la vaccination[19]. Un
des ses amis néo-malthusien anglais M. Crawford, lui a envoyer un argumentaire
contre la vaccination, qui est accusée de ne pas être efficace et d’avoir des
effets secondaires graves. Robin refuse de se prononcer sur la question, étant
en présence d’opinions contradictoires. Il évoquera aussi quelque fois dans Régénération des méthodes de soins pour
certains maux, comme la tuberculose. L’objectif est d’empêcher la
dégénérescence humaine.
Dans Génération consciente, il y aura une rubrique régulière d’
« Hygiène et propreté sexuelle », écrite par le Docteur Mascaux,
président de la Ligue néo-malthusienne belge et le Docteur J. Rutgers,
secrétaire de la Ligue néo-malthusienne hollandaise. Mais il ne s’agit essentiellement
que de conseils contraceptifs et de prévention des maladies vénériennes. Pour
le Docteur Sicard de Plauzolles, l’hygiène et la morale sexuelle nécessitent
forcément des conseils néo-malthusiens[20].
L’hygiène ne peut s’accommoder des maternités nombreuses.
Le
Malthusien s’est très peu intéressé
à l’hygiène et n’a pas suivi l’évolution du mouvement. S’il y a effectivement
des articles du Malthusien contre
l’alcoolisme, les auteurs n’en font pas un point important et ne le traite que
comme facteur aggravant de l’imprudence procréatrice. En tous cas, cela ne gêna
pas les rédacteurs du Malthusien de
faire de la publicité sur sa couverture pour M. G. Dufour, marchand de
« vins blancs et vins rouges de toutes provenances ». Il faut
remarquer que l’adresse de ce marchand de vin est le 51 rue Ramus, c’est à dire
l’adresse d’Albert Gros, administrateur du Malthusien.
Le mouvement néo-malthusien a subit à
ses origines une influence étonnante, celle des naturiens libertaires. Ce
mouvement apparaît en 1894 avec la création de l’État naturel par Henri Zisly. En 1895, Émile Gravelle lance la Nouvelle humanité. Ce mouvement est
totalement à contre-courant. Il remet en cause la science et dénonce la
civilisation, le machinisme. Pour Henri Zisly, la base de la civilisation est
la surpopulation, alors qu’Émile Gravelle nie le problème de population et
combat le néo-malthusianisme dans sa seconde revue, le Naturien, créée en
1898. Henri Zisly sera sans doute le naturien le plus proche des
néo-malthusiens. Il s’affirme ouvert et souple dans sa doctrine. D’abord
favorable au végétarisme, il prône ensuite un carnivorisme modéré, mais reviens
au végétarisme après 1918. Il y a eu de nombreux courants naturiens. Georges
Butaud et son journal le Flambeau,
fondé en 1901, représentent le plus radical, que l’on peut appeler
« sauvagisme » ou « robinsonnisme ». Il prône l’abandon
total de la civilisation, de la science, des villes, des techniques agricoles
et considère que la solution à la question sociale est à chercher dans le
retour à l’état sauvage de l’homme, vivant de chasse et de cueillette.
Des anarchistes individualistes comme
Émile Armand sont séduits par ces doctrines naturiennes. L’anarchiste
illégaliste Louis Rimbault fait évoluer le mouvement en réhabilitant partiellement
la science. Il souhaite régénérer l’être humain par l’alimentation et par une
agriculture plus saine. Henri Zisly reconnaît la nécessité de limiter la
population, sans toutefois prôner l'abstinence. De fait, bien qu’il le rejette,
il est donc nécessaire d’avoir recours à des méthodes scientifiques. En fait,
Zisly se considère très vite comme un néo-naturien, c’est à dire qu’il ne
réprouve que les excès de civilisation. Il est tempérant en ce qui concerne le
tabac, l’alcool, le café et non abstinent. Il limite sa consommation de viande
sans la supprimer. Il dit fréquenter des groupes naturiens libertaires,
anarcho-syndicalistes, individualistes, néo-malthusiens, d’éducation de
l’enfance, de défense des militants[21]. Il
est donc plus ouvert vers les néo-malthusiens.
Les néo-malthusiens, conformément à la
pensée dominante dans les milieux laïques, se font une haute idée de la science
et basent toutes leurs théories sur des méthodes scientifiques. On peut donc
voir une incompatibilité fondamentale entre ces deux mouvements.
Pourtant, dans les faits, dès que Paul
Robin créé la L.R.H., en 1896, les groupes révolutionnaires « les
Naturiens » d’Henri Zisly et « les Harmoniens », autre tendance
naturienne menée par Raymond Ducan, sont présents aux réunions[22]. La
L.R.H. partage le même local. Christiane Demeulenaere-Douyère s’étonne
d’ailleurs que nombre de naturiens deviendront néo-malthusiens[23],
comme Émile Armand. Pour Francis Ronsin, ce local commun est le Job, un café de
la rue de Douai à Paris qui sert aux trois groupes en 1900. Il précise aussi
que ces trois groupes s’interpénètrent[24]. Le
Docteur Gottschalk est régulièrement cité dans la presse naturienne pour
l’importance qu’il donne à l’alimentation des enfants. Les Harmoniens de Ducan
et les Naturiens de Zisly, sont les plus modérés, donc les plus ouverts au
néo-malthusianisme. Ducan prône une vie simple, naturelle, individuelle, autonome, avec le moins de regroupements
humains possibles et la suppression de tous les objets manufacturés non
nécessaires.
Paul Robin a sans doute connu les
végétariens lors de son séjour en Angleterre, pays d’Europe où il y a les plus
de végétariens[25]. A cette époque, Elisée
Reclus est déjà végétarien, suite au spectacle sanglant de la mort d’animaux.
Paul Robin n’a pas vraiment participer à la propagande naturienne, malgré ses
liens avec Henri Zisly. Il a écrit quelques articles dans des revues
naturiennes ou naturistes dès sa période de Cempuis, alors que ce mouvement
n’avait pas encore de branche spécifiquement libertaire. Gabriel Giroud cite un
de ses articles dans la Nature, daté
de juin 1887, sur « le jeu des polygones », l’un des exercices dont
il se servait dans l’éducation des plus petits à Cempuis[26]. Il
a pourtant évoqué la question avec les gens qui lui étaient proches et a tenté
de les convaincre. La tentative avait réussi avec Eugène Humbert, mais c’est à
peu près tout, comme en témoigne Marie Huot. Elle était particulièrement
sensible au sort des animaux et mena une active campagne antivivisection en
1896, allant jusqu’à agresser à coup d’ombrelle le Docteur Brown Séquard alors
qu’il disséquait des lapins vivants au Collège de France. Elle raconte que
Eugène Humbert lui avait envoyé une revue naturiste qu’elle n’a pas du tout
appréciée. Elle avoue que le « père Robin » lui en avait déjà parlé
auparavant[27].
Un rapport de police sur le groupe des
ouvriers néo-malthusiens de Brest, groupe affilié à Rénovation, remarque d’ailleurs que les questions de cultures
physiques commencent à être traités dans ce groupe, comme Robin l’avait fait à
Cempuis. Le rapport rajoute que Paul Robin « était un anti-tabagiste
virulent et un adepte du nudisme. Humbert était, lui aussi, nudiste »[28]. Il
semble que le policier auteur de ce rapport confonde le naturisme et le
nudisme, lequel n’est qu’un aspect du naturisme.
Sébastien Faure n’a jamais adhéré au
naturisme, mais il a toujours permis aux auteurs de ces courants de s’exprimer
dans le Libertaire, contrairement à
Jean Grave qui les combattait dans les
Temps nouveaux. Pour Pierre Marc Renaudeau, les écoles libertaires de la
Ruche ou de l’Avenir social sont en phase avec le mouvement des communautés
libertaires, du retour à la nature, contre une civilisation urbaine oppressive.
Il souligne que les libertaires sont les premiers adeptes de la gymnastique
suédoise, de l’hygiénisme, du végétarisme, du naturisme[29].
Les liens, qui semblent étroits entre
certains groupes naturiens ou néo-naturiens et la L.R.H., débouchent sur la
publication dans Régénération de
certaines informations naturiennes. En janvier 1903, on remarque une toute
petite brève, en dernière page de Régénération,
annonçant la vente de produits végétariens par la Société d’alimentation
hygiénique, Roth frères, au 7 rue Broca à Paris. Le commentaire suivant
accompagne l’annonce :
« Nous recommandons
à ceux de nos lecteurs qui comme nous, seraient peu amateurs de viande, de
faire connaissance avec les produits spéciaux de cette maison. »[30]
On peut donc en déduire que certains
membre de la L.R.H. ont été convaincu par le végétarisme. La L.R.H. va aussi
organiser une conférence contradictoire de Nelly Roussel, Paul Robin et
Liard-Courtois, « ex-forçat », au Salon de l’Harmonie, le 5 mars 1903[31].
Cela n’empêche pas une certaine
confrontation entre naturiens et néo-malthusiens, opposés sur la question de la
science. Lors de la conférence de Sébastien Faure et Nelly Roussel à la Salle
des Sociétés savantes, en novembre 1903, Nelly Roussel s’attaque aux naturiens
en caricaturant leur pensée, qu’elle considère comme une religion de la Nature.
Henri Zisly répond dans Régénération.
Il explique que les naturiens ne sont pas fanatiques et qu’ils ne prônent pas
le retour aux âges primitif, mais à un « état naturel, comprenant que
l’état primitif est impossible ou que l’évolution est naturelle »[32].
Nelly Roussel répond qu’elle ne visait pas les naturiens libertaires, mais ceux
qui refusaient la limitation des naissances pour laisser faire la nature. De
plus elle considère que si la science a eu des effets négatifs, cela n’est
l’œuvre que d’un mauvais système social.
Lorsque Henri Zisly publie son livre,
« Contes et croquis », en 1904, Régénération
en fait une critique sévère par ces quelques mots :
« L’auteur a
une ligne favorable à la limitation volontaire de la progéniture. C’est la
seule chose dont nous puissions le féliciter. »[33]
Malgré cela, Régénération annoncera la publication en mai 1907 du nouveau
périodique d’Henri Zisly, la Vie
naturelle[34], pourtant sous-titré
« feuillet antiscientifique ».
Le
Malthusien, après avoir accusé Paul
Robin d’écrire dans des périodiques végétarien, ce qui ne semble pas très
recommandable, fait une très bonne critique de la Vie naturelle[35].
L’auteur anonyme de cette chronique explique que ces naturiens s’intéressent au
néo-malthusianisme car la dépopulation est nécessaire pour le retour à la
nature et que les néo-malthusiens s’intéressent aux naturiens car ils ont en
commun le désir d’une vie plus hygiénique, donc proche de la nature.
Henri Zisly envoi donc une lettre au Malthusien pour expliquer que si les
naturaliens refusent toute science, lui et ses néo-naturiens libertaires
accepte un usage modéré de la science, notamment par l’emploi de préservatifs,
mais uniquement contre des maladies vénériennes et contre la procréation
inconsciente[36]. La parution de la Vie naturelle sera parfois annoncée
dans le Malthusien.
Ces liens complexes qui lient une
partie du mouvement naturien avec les néo-malthusiens vont sans doute
influencer certains des jugements sur la régénération humaine, notamment en ce
qui concerne la viande et son rôle dans le développement physique de l’enfant.
Il faut savoir que tous les naturiens ne sont pas végétariens. Certains, plus
radicaux, voulant vivre de manière la plus semblable au monde primitif,
considèrent la chasse comme nécessaire. La consommation de viande ne leur pose
aucun problème. D’autres, utilisant des données scientifiques remettent en
cause la qualité nutritive de la viande et prônent l’abstinence totale de tout
excitant tels que l’alcool, le tabac, le café ou la viande. Certains sont plus
favorables à une tempérance dans l’utilisation de la viande. C’est le cas
d’Henri Zisly.
Pour les végétariens, la viande ne
contient aucun élément essentiel à l’alimentation humaine qui ne puisse aussi
se trouver dans des végétaux. Elle a le même effet que l’alcool, puisqu’elle
crée une chaleur qui trouble le tube digestif. C’est pour cela que la viande
est classée avec l’alcool parmi les excitants.
En prenant en compte diverses
préoccupations d’hygiène contemporaine, venant d’horizons aussi divers que les
syndicats et les naturiens, les néo-malthusiens donnent une place à l’hygiène
dans divers domaines de la régénération humaine. Il s’agit tout d’abord
d’hygiène sexuelle visant à sauvegarder la santé des organes reproducteurs afin
de garantir une génération saine. C’est l’aspect privilégié dans Génération consciente. Il y a ensuite
une hygiène de vie générale qui doit permettre un développement physique sain,
et qui est donc particulièrement important chez les enfants.
L’hygiène scolaire est une
préoccupation de la troisième République, mais aussi de nombreux autres États
européens, comme en témoigne des expositions ou congrès internationaux
d’hygiène scolaire ou encore, l’instauration d’une éducation physique. Parmi
les références de Paul Robin, des auteurs comme Rabelais, Montaigne ou Rousseau
ont souligné l’importance du corps et de la santé dans l’éducation. Mais
l’éducation physique est très rare, même si le sport et la gymnastique se
développe dans toute l’Europe, surtout en Allemagne et en Suède. Si les lois
Ferry instaurent la gymnastique obligatoire à l’école primaire, peu de choses
changent dans la pratique. L’éducation physique est souvent orientée vers
l’armée. C’est une sorte de préparation militaire, qui aboutit à la formation
des bataillons scolaires. Les professeurs sont souvent des militaires en
retraite. En 1887, l’éducation physique fait place aux jeux. Paul Robin est
tout de même précurseur en ce domaine. Pour les néo-malthusiens, l’hygiène a un
aspect particulier après l’expérience de Paul Robin à Cempuis. Mais les
allusions sont rares et viennent principalement de Paul Robin et de Gabriel
Giroud.
Déjà à Cempuis, Paul Robin se référait
à un « feuillet végétarien anglais » pour affirmer l’importance de
l’hygiène dans le développement physique. Il en cite même un extrait dans le Bulletin de l’orphelinat Prévost.
« Rappelle-toi
que les conditions hygiéniques de l’homme et l’état de ses facultés mentales
sont étroitement dépendantes les unes des autres. C’est un devoir de tenir
celles-ci en bonne santé ; dans ce but, elles doivent être utilement,
tranquillement occupées et cultivées. »[37]
Nous connaissons l’importance que
donnent les néo-malthusiens, et avec eux les éducateurs libertaires, au
développement physique de l’enfant. Nous allons essayer de voir ce qu’ils
attendent de l’hygiène et quelles sont les méthodes qu’ils prônent. La question
de l’hygiène force les néo-malthusiens à prendre des positions précises. Il ne
peuvent plus se contenter, comme l’a fait Paul Robin, de considérer la question
comme secondaire car dépendante de la bonne naissance. Ils vont devoir
intervenir dans des débats, et nous verrons l’influence qu’à pu avoir le
contact avec les naturiens.
Les règles d’hygiène ont divers
objectifs pour les néo-malthusiens, mais il s’agit essentiellement de
contribuer à régénérer l’individu par le milieu dans lequel il vit. En cela, il
y a un point commun avec les naturiens. Un auteur anonyme présente, dans Régénération, l’éducation comme le
meilleur moyen de corriger les effets néfastes de la nature[38]. Les
néo-malthusiens vont s’inspirer des progrès de la science pour établir des
règles de vie à appliquer à l’enfant. L’hygiène peut avoir une grande
importance lorsque l’on sait qu’au début du vingtième siècle, 150 000
nouveau-nés meurent chaque année en France, dont 80 000 de maladies jugées
évitables[39].
La presse néo-malthusienne va
s’intéresser à la question de manière propre, avec ses propres options, en se
basant sur les travaux scientifiques qui sont publiés. Certains ouvrages
scientifiques sur l’hygiène sont chroniqués dans les divers journaux.
Généralement, on reproche à l’auteur de na pas prendre en compte la question de
la surpopulation, ou celle des tares héréditaires. Cela dit, les préceptes
hygiéniques sont globalement bien accueillis. Rénovation, journal plus proche des syndicats, reste cependant le
seul périodique néo-malthusien à traiter de l’hygiène au travail, grâces aux
ouvrages des frères Bonneff, « Les métiers qui tuent » et « La
vie tragique des travailleurs ».
L’hygiène concerne tout d’abord le
milieu de vie au sens large : la ville, le logement, les pièces de la
maison, la façon de se vêtir. La situation des logements des grandes ville est
alors désastreux dans les quartiers ouvriers. L’urbanisme a tout juste commencé
à tenir compte des règles d’hygiène sous le second empire. Les logements
étroits, sans aération, mal équipés en aménagements sanitaires, favorisent le
développement de maladies. Régénération
se préoccupe de cette situation comme de nombreux autres journaux militants. En
1905, Régénération cite André
Lefèvre, conseiller municipal de Paris, qui parle de 800 des 80 000 maisons
parisiennes sur lesquels se concentrent 10 000 décès[40].
Un certain Marceau évoque, dans Régénération, les effets de ses
conditions d’hygiènes sur le développement d’un enfant.
« Les
privations, le manque d’hygiène, d’air, de soleil condamnent de nombreux
enfants à une mort prématurée, conséquence naturelle de leurs
souffrances. »[41]
Tous ces manques à l’hygiène sont vus
comme des causes de dégénérescence en entravant le développement physique de
l’enfant, mais aussi en attaquant la santé de la mère pendant la grossesse.
Le premier article à expliquer
totalement les vues hygiéniques néo-malthusiennes arrive en 1906, signe d’un
intérêt croissant pour la question. Il est signé par « un vieil
intégral »[42]. Il établit les règles
qui devraient être le minimum nécessaire à chaque humain. On note que l’auteur
est peu exigeant, moins que Paul Robin le fut à Cempuis. Pour le logement, il
se contente de préconiser l’existence de deux pièces, un balcon de 20 à 40
mètres carrés. Aucune indication n’est donnée sur l’aération ou l’illumination.
Pour les orthodoxes, les questions
d’hygiène restent de second plan. Gabriel Giroud considère que l’hygiène du
logement est la plus inapplicable pour des prolétaires. Ils ne peuvent choisir
l’air qu’ils respirent. Il écrit pour Régénération
une critique du livre du Docteur Fischer sur la puériculture[43],
lequel insiste justement sur l’ait pur[44].
Toutefois, Giroud trouve le livre du Docteur Fischer très bon car il commence
la puériculture aux parents et donne une grande place à l’hérédité, à la
manière dont se passent les premiers jours de l’enfant. Il évoque aussi le
choix des reproducteurs. Le Docteur Fischer considère le grand air comme un
élément primordial de l’éducation des enfants, avec la coéducation et une
liberté d’initiative pour l’enfant.
Gabriel Giroud, instituteur, critique
aussi l’architecture des bâtiments scolaires, « trop étroits »,
surchargés, avec cinquante à soixante élèves dans des salles prévues pour
trente. Si l’hygiène est sacrifiée, c’est donc l’instruction dans son ensemble
qui en souffre[45].
Dans Génération consciente, la réflexion va plus loin. Manuel Devaldes
rend aussi le manque d’hygiène responsable d’une pauvreté intellectuelle. Il
cite le cas des ouvriers italiens de Lorraine. Le journal italien la Stampa, sous la plume de Monseigneur
Bonomelli, s’est ému du sort de ces ouvriers qui « dorment dans des
taudis, sans air, sans lumière ». L’article reproduit dans la Bataille syndicaliste du 30 août 1912
parle de logements étroits, équipés de huit paillasses, qui servent à seize
ouvriers, l’équipe de nuit remplaçant celle de jour. Monseigneur Bonomelli rend
cette situation responsable de « mœurs répugnantes » qui aboutissent
à ce que 60 à 65% des ouvriers soient syphilitiques. Pour Manuel Devaldes, ce
sont aussi ces conditions qui sont responsables de la pauvreté intellectuelle
de ces ouvriers, puisqu’ils sont patriotes et soutiennent les guerres coloniales
italiennes[46].
J.-F. Blanchard écrit un important
article en deux parties sur les « Laideurs contemporaines », c’est à
dire sur l’influence du milieu naturel sur les hommes[47]. Il
reprend clairement des critiques naturiennes sur l’urbanisme, le rendant partiellement
responsable de la dégénérescence humaine.
« Peut-on
s’attendre à ce que la génération grandissante atteigne la plénitude de ses
pouvoirs, au rayonnement intellectuel et moral du moment quand son sens
esthétique est avili par les séjours dans des demeures sombres, des maisons
attristantes ? Peut-on s’attendre à ce que la gaieté, le bel entrain
viennent prendre racine là où la nature est soigneusement bannie, où il n’y a
ni arbres, ni fleurs ? […] L’individu ainsi né est brut, et brutalisant
dès la naissance : il est incapable de comprendre, bien moins d’apprécier
les sentiments élevés. Il ne vise qu’à ce qui est bas et lâche et vil. »[48]
Bien entendu, pour Blanchard, la
surpopulation est la source de cet urbanisme. Stephen Mac Say considère aussi
les grandes agglomérations comme néfastes à l’éducation de l’enfant. Outre les
problèmes d’hygiènes qui y sont liés, il considère qu’ « elles nivellent
et fondent les personnalité dans le médiocre »[49].
Mais dans tout cela, l’hygiène est à
peine abordé. L’importance de la question n’est pas niée, mais à part des
revendications classiques d’applications de règles d’hygiènes très élémentaires
et d’embellissement du milieu, les néo-malthusiens insistent surtout sur le
rôle du manque d’hygiène dans la dégénérescence humaine.
Le
Malthusien, en matière d’hygiène,
ne se préoccupe que de l’alimentation et se contente de signaler, de manière
critique, les mesures officielles pour l’amélioration des logements ouvriers
venant de la Société de logements populaires hygiéniques. Rénovation, plus axé sur l’hygiène au travail, et surtout sur
l’antialcoolisme, se contente de citer diverses brèves parues dans d’autres
journaux sur l’hygiène des logements populaires ou sur l’aération des écoles,
résolue à New York par la construction de terrasses et la gymnastique
respiratoire pour les enfants[50].
En fait, si cet aspect de l’hygiène est
peu traité par les néo-malthusiens, c’est qu’ils considèrent généralement que
les règles d’hygiènes sont sinon bien appliquées, au moins, bien comprises et
répandues. Ils n’ont rien à apporter de plus que les hygiénistes déjà écoutés
par les institutions. Il en est de même pour les questions de propreté
corporelle et de médecine.
Régénération s’en préoccupe. Dès 1902, le journal diffuse le
nouveau remède à la tuberculose, l’acide picrique et y consacre un article
anonyme[51].
Plus tard, un rédacteur anonyme rappelle le rôle de Régénération dans le diffusion de la découverte et y ajoute des
conseils d’hygiène tels que l’abondance d’air pur, l’abondance de nourriture ou
le repos[52]. Nous pouvons penser
qu’un tel intérêt pour des questions purement médicales peut venir de Paul
Robin, ayant de nombreuse connaissances en médecine. A Cempuis, il avait
utilisé ses connaissances médicales et s’était fait le propagandiste des
méthodes de médecine dosimétrique.
Puis Albert Lantoine intervient en 1907
pour traiter de l’éducation hygiénique. Il se place dans l’optique de
l’éducation laïque et obligatoire et non d’une éducation libertaire. Le premier
élément à rajouter aux écoles publiques seraient des thermes car
« débarrasser l’épiderme de sa crasse quotidienne est pour l’élévation
morale d’un individu aussi utile que de lui déterger le cerveau de tous les
préjugés ataviques »[53]. Une
nouvelle fois, ce n’est pas l’intérêt physique de cette hygiène qui est relevé,
mais son intérêt moral.
Jean Marestan souligne dans son
« Éducation sexuelle », l’importance d’une toilette complète
quotidienne, mais surtout, dénonce l’habillement trop serré, les corsets, qui
en gênant le poumon et la circulation sanguine, peuvent provoquer des
tuberculoses pulmonaires[54].
Pour Eugène Lericolais, les principaux
éléments d’hygiène sont l’air et l’eau. Il recommande un apprentissage de
l’hydrothérapie dès le plus jeune âge par des bains quotidiens[55]. Mais
l’hygiène de vie reste pour lui essentiellement liée à l’alimentation.
L’alimentation est la question
hygiénique sur laquelle interviennent le plus les néo-malthusiens, avec le plus
d’originalité par rapport aux discours ambiants. Une grande partie des conseils
d’alimentation restent néanmoins consacrés à l’alcool. Cela est le cas dès les
tous premiers numéros de Régénération.
Paul Robin commente l’interdiction du mariage aux alcooliques, prononcée dans
le Dakota et le Michigan[56]. Si
les « exploiteurs de l’antialcoolisme », comme les nomme Régénération, applaudissent à cette
nouvelle, Paul Robin la juge plutôt mauvaise, mais sans expliquer pourquoi. Les
petites attaques contre les « professionnels de l’antialcoolisme »,
souvent liés aux milieux cléricaux, suivront dans les numéros ultérieurs de Régénération. En fait, les
néo-malthusiens reprochent surtout le ton moralisateur avec lequel ces
« professionnels de l’antialcoolisme » s’adressent au peuple, lui
reprochant ses vices, sans se soucier de chercher d’où viennent les vices en
question, ni à qui profite l’alcoolisme. Il en est de même pour le tabac,
l’anti-tabagisme venant des mêmes milieux liés au pouvoir. Paul Robin a fumé la
pipe dans sa jeunesse. Il reconnaîtra par la suite qu’il s’agissait plus d’une
provocation contre l’interdit à l’école normale. Il pensait aussi paraître plus
mature en fumant. Il a cesser de fumer en 1863 suite à une maladie. Il se dit
alors « tabacophobe »[57].
Eugène Lericolais conseille des repas
hygiéniques à base de viande grillée, de poissons, d’œufs, de légumes verts et
de lait, mais ne voit aucune raison de bannir le vin ou la bière des repas,
s’ils sont naturels. Il accuse les médecins hygiénistes antialcooliques d’être
à la solde des compagnies d’eau minérale[58].
L’opinion des néo-malthusiens sur la
question de l’alcool évolue lentement. Un très important article est consacré à
la question de l’alcool et du tabac par Régénération,
en 1903. La conclusion préconise une alimentation saine, dont les seules
boissons possibles sont « l’eau pure ou les infusions de plantes connues,
le lait véritable […], les sucs végétaux non fermentés »[59].
L’auteur ne rejette pas le vin, le cidre, la bière, mais comme un luxe, en très
petite quantité. Les eaux de vie sont par contre considérées comme de
véritables poisons.
D’autre part, l’alcoolisme est surtout
vu comme une cause de dégénérescence. Un rapport venant des États Unis est cité
par Génération consciente. Sur 57
enfants d’alcooliques étudiés, 25 sont mort lors de la première semaine, 6 sont
devenus idiots, 5 souffrent de malformations, 5 sont épileptiques, 5 malades, 7
alcooliques et seulement 9 sont normaux[60].
Louis Grandidier demande donc que les alcooliques soient mis dans
l’impossibilité de procréer, sans préciser ce qu’il entend par cela. C’est ce
qu’il appelle « l’antialcoolisme par extinction des buveurs »[61]. Il
s’éloigne clairement de la position de Paul Robin.
Pour René Morly, l’important est plutôt
l’éducation. L’eau de vie est donnée aux enfants dès qu’ils sont sevrés. Dès
leurs premières années, ces enfants sont donc prédisposés au rachitisme, la
tuberculose ou à la folie. René Morly considère donc que l’alcoolisme est le
première obstacle à la compréhension des idées néo-malthusiennes. Les
régénérateurs devraient donc commencer par faire de l’antialcoolisme[62].
Malgré cette prise en compte de
l’alcoolisme comme un problème à part entière, il reste toujours considéré
comme secondaire, venant après la diminution des naissances. Si les premiers
néo-malthusiens prônaient la tempérance en matière d’alcool, avec les années,
le mouvement prône l’abstinence.
Rénovation reste plus fidèle au discours syndical sur
l’alcoolisme. L’alcoolique est vu comme un « jaune ». Toutefois, ce
journal est aussi un organe néo-malthusien et le danger de l’alcoolisme
« pour la famille et la race » est aussi traité[63].
C’est aussi l’intervention de Charles-Ange Laisant qui va apporter une autre
conception de l’antialcoolisme, qui n’est plus tournée vers l’État. Plutôt que
de demander des lois antialcooliques à des législateurs, qui ont fait leurs
campagnes électorales dans les cafés, il prône l’éducation antialcoolique car
« l’empoisonnement général d’une race n’est produit que par l’ignorance et
l’inconscience »[64].
Laisant est rejoint par Madeleine Vernet qui refuse aussi l’intervention de
l’État. Bien qu’elle soit anti-malthusienne, elle souhaiterai la stérilité des
alcooliques.
Globalement, les régénérateurs
considèrent que l’alimentation courante est mauvaise car basée sur de mauvais
aliments, tel que la viande ou le vin. Pour Gabriel Giroud, les carences de
cette nourriture amènent les travailleurs à rechercher l’énergie dans la
boisson alcoolisée[65]. Un
auteur anonyme conseille la Société d’alimentation hygiénique, 18 rue du Dragon
à Paris, pour se fournir en aliments d’origine végétale. Il cite
particulièrement l’avoine écrasée[66].
Cette société, essentiellement végétarienne, sera plusieurs fois citée dans Régénération.
L’article déjà cité sur le « type
de confort désirable pour tous les humains » se contente de préconiser une
nourriture suffisante, en 2 repas, plus le petit déjeuner, avec un potage, un
« plat suffisant » et des desserts à chaque repas. Le « vieil
intégral » conseil aussi l’abstinence de tout « déprimant
cérébral », tel que l’alcool ou le tabac[67]. Il
est vrai que l’auteur ne fait que résumer le minimum d’hygiène nécessaire et
n’a pas l’intention de rentrer dans les détails.
Génération
consciente relaye aussi les
attaques contre le pain blanc, moins nourrissant que le pain complet, après la
publication en 1913 du livre du Docteur Montéuuis, « La triple hérésie du
pain blanc ». Le Malthusien
reviendra régulièrement sur cette question. Le pain blanc manque de produits
fortifiants comme les phosphates et lécithines[68].
Pour Albert Lecomte, le retour au pain complet est l’un des trois remèdes à la
dégénérescence de la race, avec la limitation des naissances et la suppression
des boissons alcooliques[69]. Le
Docteur Daudé-Bancel[70]
développera aussi cet argument dans Rénovation[71]. Son
long article sera publié en brochure, et fera réagir le Docteur Danjou de Nice,
qui remarque que le pain complet, dit « pain Graham » est adopté
depuis longtemps par les végétariens[72]. Le
Docteur Danjou recommande aussi le procédé de panification Sanistas-Werk,
inventé par les frères Keller de Bennwihr, en Haute Alsace.
Si la viande est classée parmi les
excitants, elle est surtout attaquée pour des raisons de production. La forte
production de viande, pour fournir les 57 kilogrammes annuels consommés en
moyenne par un Français en 1909[73],
nécessite une très grosse production fourragère. Un rédacteur anonyme du Malthusien l’estime à 50% des surfaces
cultivables de France. La production de légumes et céréales directement
consommés par les humains serait donc plus efficace. Ces impératifs de production
paraissent importants dans une situation supposée de surpopulation. L’argument
contre la viande n’est donc pas celui des naturiens[74],
bien que les néo-malthusiens considèrent aussi la viande comme un excitant.
Dans Rénovation, le Docteur Legrain, qui compte parmi ceux que Paul
Robin appelait « les professionnels de l’antialcoolisme », combat
l’idée que la viande est nécessaire à l’organisme. Son idée sur la nourriture
saine, naturelle et simple exclu totalement la viande[75]. Son
argument est purement hygiénique. Il n’évoque pas les questions de production.
Jean Marestan reprend les critiques
habituelles contre la mauvaise alimentation de ses contemporains, la viande,
l’alcool et défend les légumes, fruits frais et surtout le sucre. Il fait du
sucre un élément de base d’une bonne alimentation, avec les légumes verts, le
lait, les œufs, herbes cuites, poissons et viandes grillées[76]. Les
naturiens avaient eux attaqués le sucre, surtout le sucre industriel, car c’est
aussi un excitant, qui demande beaucoup d’efforts au corps pour être assimilé.
Il est aussi responsable de la goutte, du diabète et des caries dentaires.
Dans le même temps, les néo-malthusiens
s’éloignent des positions naturiennes et témoignent d’un vif intérêt envers les
progrès scientifiques en matière d’alimentation. Dès 1902, Régénération cite les travaux de l’académicien Berthelot qui
souhaite créer des aliments de synthèse[77]. La
première réaction est inquiète. Le rédacteur anonyme se demande si ces aliments
de synthèse ne pourraient pas manquer de composants vitaux se trouvant dans l’
alimentation naturelle mais n’ayant pas été détectés par les chercheurs. Mais
très vite, la foi en la science aidant, les néo-malthusiens saluent ces
découvertes. En 1906, Edmond Potier salue dans la Revue de l’enseignement primaire la fondation d’une nouvelle
industrie pour la préparation électrique des engrais azotés[78]. La
fixation directe de l’azote atmosphérique devrait permettre une amélioration
des récoltes.
C’est à nouveau Edmond Potier qui rend
compte dans le Malthusien des travaux
de Monsieur de Noter, qui parviendrait à créer par hybridation et
acclimatation, des légumes géants[79]. Il
aurait même créé l’hélienti, un tuberculeux ultra protéiné de trois mètres et
demi de haut. Outre la grosse masse d’aliment que donne cette plante, les tiges
peuvent aussi produire du papier. Le même de Noter aurait créé le daïkous, un
radis d’un mètre de haut. Potier cite aussi d’autres savants qui travaillent
sur des légumes géants, tels Heckel à Marseille, Vernes à Grenoble ou Hecker en
Argentine. Le chimiste belge Effront aurait lui créé des boulettes de protéines
concentrées. Lorsque la recherche d’Effront vise à reproduire chimiquement les
protéines animales et végétales, Edmond Potier se montre tout de même
sceptique, pensant que les plantes synthétiques ne peuvent atteindre la même
qualité que les plantes naturelles.
Ces découvertes ne seront apparemment
pas commercialisées car les néo-malthusiens ne donnent aucun contact pour se
fournir. Ils s’abstiennent donc de conseiller des repas chimiques, mais on peut
penser qu’ils auraient été les premiers à saluer et à utiliser de tels aliments
mis sur le marché. L’augmentation des subsistances semble aller de pair avec la
baisse de la population.
Si la volonté de régénération humaine
est assez large, les naturiens, les néo-malthusiens et les dirigeants de la
troisième République en ont chacun des visions différentes. Ils convergent sur
la question hygiénique. Toutefois leurs conseils d’hygiène se différencient
quelques peu.
Les règles d’hygiène de plus en plus
strictes, prônées par les régénérateurs, sont basées sur des études
scientifiques très nombreuses. Les néo-malthusiens sont tributaires de ces
études et se préoccupent de ces questions car ils sont sensibilisés à
l’hygiène.
Les régénérateurs ne développent pas
d’études propres, de doctrines alimentaires particulières, contrairement aux
naturiens végétariens, qui seront ensuite végétaliens et crudivégétaliens.
L’alcool, d’abord toléré est ensuite totalement banni, en tant que produit. La
prise de conscience de la gravité du problème de l’alcoolisme retombe sur le
produit dans son ensemble. On ne parle pas alors d’éventuels bienfaits des
boissons alcooliques consommées modérément.
Les néo-malthusiens se rapprochent
néanmoins du végétarisme, mais pas en tant que doctrine, en tant que pratique.
Il recommande une forte diminution de la consommation de viande pour des
raisons d’hygiènes, la viande étant supposée être un excitant, et pour des
raisons de production. La liste des excitants, régulièrement citée, comprend
aussi le café, les alcools divers, et parfois le thé. Le Docteur Fischer n’est
pas néo-malthusien mais partage un grand nombre des positions du mouvement,
notamment sur l’éducation sexuelle. Il en est de même pour l’hygiène
alimentaire. Selon lui, la consommation de viande doit être limitée et doit
exclure totalement le gibier. L’alcool doit être proscrit le plus possible[80]. Le
végétarisme aura plus de succès chez les libertaires après 1918.
L’importance donnée aux éducateurs est
de plus en plus grande. René Rambaud insiste là-dessus dans Rénovation. Les instituteurs devront de
plus en plus donner des notions d’hygiène, remplaçant ainsi les anciennes
méthodes pédagogiques par des nouvelles, pour matérialiser un principe préventif
de premier ordre contre la dégénérescence humaine[81].
Cette hygiène est donc appelée à s’appliquer plus rigoureusement dans les
écoles innovantes du point de vue pédagogique.
[1] Brest compte, à cette époque, 629 habitants au kilomètre carré, c’est à dire plus du double de Paris, qui compte 305 habitants au kilomètre carré. Ces chiffres sont cités, sans date, par Christiane Demeulenaere-Douyère, op. cit., p. 33.
[2] Lion Murard et Patrick Zylberman, op. cit., p. 37.
[3] Françoise Mayeur, op. cit., p. 590.
[4] Hardy, « Aux instituteurs » dans Génération consciente n° 73, avril 1914.
[5] Dr. Narich, « L’hygiène dans l’enseignement primaire » dans l’École émancipée, n° 7, 12 novembre 1910.
[6] Dr. Narich, « Hygiène scolaire, de l’éclairage-Comment on le détermine ? » dans l’École émancipée, n° 9, 26 novembre 1910.
[7] Madeleine Vernet, Le problème de l’alcoolisme, Paris, 1913 (1ère édition 1906), p. 3.
[8] Ces
chiffres sont cités par Madame Kuntzel, dans Le rôle de la femme dans la lutte contre l’alcoolisme.
Rapport présenté au premier congrès national contre l’alcoolisme, Paris,
1905, p. 1.
[9] Paul Robin, « L’Étoile bleue » dans Régénération n° 15 (2ème série), avril 1909.
[10] G. Hardy, « La commission de l’impuissance » dans Génération consciente n° 57, décembre 1912.
[11] Dr. Variot dans Régénération n°11 (2ème série), décembre 1905.
[12] G. Hardy, « Répression, Hygiène, Incohérence » dans Génération consciente n° 63, juin 1913.
[13] Paul Robin, cité par Christiane Demeulenaere-Douyère, op. cit., p. 415.
[14] Paul Robin, « L’alcool, ce n’est pas l’ennemi » dans Régénération n°11, avril 1902.
[15] Paul Robin, « De la Ligue nationale contre l’Alcoolisme » dans Régénération n°15 (2ème série), avril 1906.
[16] Régénération n° 27, août 1903.
[17] Lumel, « Pourquoi on procréé trop » dans Régénération n°42 (2ème série), juillet 1908.
[18] Cité dans le Malthusien, n° 24, novembre 1910.
[19] Paul Robin, « Contre la vaccination » dans Régénération n°3 (2ème série) mars 1905.
[20] Défendons-nous, op. cit., p. 24.
[21] Henri Zisly, « Mes confessions » dans La vie naturelle n° 6, novembre décembre 1912, cité dans Invariance, op. cit., p. 126.
[22] Christiane Demeulenaere-Douyère, op. cit., p. 301.
[23] Christiane Demeulenaere-Douyère, op. cit., p. 356.
[24] Francis Ronsin, La grève des ventres, op. cit., p. 57.
[25] D’après la Vie anarchiste n°7, 5juillet 1913, cité dans Invariance, op. cit., p. 174.
[26] Gabriel Giroud, Cempuis, op. cit., p. 123.
[27] Cité par Jeanne Humbert, Eugène Humbert, op. cit., pp. 98-99.
[28] Francis Ronsin, La grève des ventres, op. cit., p. 101.
[29] Pierre Marc Renaudeau, enseignant à l’IUFM de Versailles, à l’IEP de Paris et à l’école Polytechnique est l’auteur de la préface du livre d’Édouard Stephan, op. cit.
[30] Régénération n°20, janvier 1903.
[31] Annonce dans Régénération n° 22, mars 1903.
[32] « Naturisme et méliorisme » échange de lettres entre Henri Zisly et Nelly Roussel, dans Régénération n° 32, janvier 1904.
[33] Régénération n° 42, novembre 1904.
[34] Le second numéro de ce journal na paraîtra qu’en juillet 1908. La parution irrégulière de ce journal sera annoncé dans Génération consciente, mais il n’aura que sept numéros jusqu’en 1914.
[35] Le Malthusien n°28, mars 1911.
[36] Le Malthusien, n°31, juin 1911
[37] « Conseil d’hygiène » dans l’Éducation intégrale, n°6 (4ème série) novembre décembre 1891.
[38] « L’éducation par la Nature et l’éducation par la Science » dans Régénération n° 7, septembre 1901.
[39] Chiffres cités par Régénération n° 16, septembre 1902, tirés de la Revue blanche, 1902.
[40] André Lefèvre, dans le Journal, cité par Régénération n° 6, (2ème série) juin 1905.
[41] Marceau, « Que fait-on des enfants ? » dans Régénération, n° 8 (2ème série), août 1905.
[42] Un vieil intégral, « Type de confort désirable pour tous les humains » dans Régénération, n° 13 (2ème série), février 1906.
[43] Dr. Henri Fischer, Puériculture, Paris, 1903.
[44] G. Hardy dans Régénération n°26, juillet 1903.
[45] G. Hardy, « Éducation et néo-malthusianisme » dans Régénération n°18 (2ème série), juillet 1906.
[46] Manuel Devaldes dans Génération consciente, n°56, novembre 1912.
[47] J.-F. Blanchard, « Laideurs contemporaines » dans Génération consciente n° 60 mars 1913 et n° 61 avril 1913.
[48] J.-F. Blanchard, « Laideurs contemporaines » op. cit.
[49] Stephen Mac Say, Vers l’éducation humaine, op. cit., p. 140.
[50] « Variétés » dans Rénovation n° 5 (3ème série), 15 août 1913.
[51] « L’acide picrique contre la tuberculose » dans Régénération n°16, septembre 1902.
[52] « Remède à la tuberculose » dans Régénération n° 11 (2ème série), décembre 1905.
[53] Albert Lantoine, « L’éducation obligatoire » dans Régénération n° 27 (2ème série), avril 1907.
[54] Jean Marestan, L’éducation sexuelle, op. cit., pp. 53-66.
[55] Eugène Lericolais, op. cit., pp. 206-208.
[56] Lettre de Paul Robin à l’Alcool, cité dans Régénération n°2, août septembre 1900.
[57] Paul Robin, « Ma conversion » dans l’Éducation intégrale n°3, 15 décembre 1903.
[58] Eugène Lericolais, Peu d’enfants, op. cit., p. 206.
[59] Un vieux buveur d’eau, « L’alcool, est-ce… un ennemi ? » dans Régénération n°28, septembre 1903.
[60] « Progéniture d’alcooliques » dans Génération consciente n°23, février 1910.
[61] Louis Grandidier, dans Génération consciente n°46, janvier 1912.
[62] René Morly, « Les faces de la vie » dans Génération consciente n°57, décembre 1912.
[63] Luc Froment, « Sus à l’alcool » dans Rénovation n°3, 15 juin 1911.
[64] C.-A. Laisant, « Les législateurs » dans Rénovation n°8 (3ème série), 15 novembre 1913.
[65] G. Hardy, « Population et subsistance » dans Génération consciente n°66, septembre 1913.
[66] « Aliments méconnus » dans Régénération n°6, juillet 1901.
[67] Un vieil intégral, « Type de confort désirable pour tous les humains » dans Régénération n°13 (2ème série), février 1906.
[68] La farine blanche, faites à partir du centre des grains de blé ne contient pas les phosphates, lécithines et diastases, contenu dans l’enveloppe de la graine, fournissant l’essentiel des éléments nutritifs du pain.
[69] Albert Lecomte, « La question du pain bis » dans le Malthusien n°45, août 1912. Il faut noter que cet article est placer à la une du journal.
[70] Antoine Daudé, dit Daudé-Bancel, (1870-1963) est pharmacien et militant libertaire coopérateur. Il est secrétaire de l’Union coopérative des sociétés françaises de coopération de 1903 à 1924, date à laquelle il est mis en retraite anticipée suite à ses attaques contre le pain blanc.
[71] Dr. Daudé Bancel, « Pain riche ou pain appauvri » dans Rénovation n°11 (3ème série), 15 février 1914 et n°12 (3ème série), 15 mars 1914.
[72] Dr. Danjou, « Lettre ouverte à l’ami A. Daudé-Bancel » dans Rénovation n° 1 (4ème série), 15 avril 1914.
[73] Chiffres cités par un article du Malthusien, intitulé « La production et la consommation croissante de viande » dans le n°42, mai 1912.
[74] Il faut noter que tous les naturiens ne sont pas végétariens. Certains se refuse à adopter une idéologie de l’alimentation pour rester libertaire, d’autres refusent le végétarisme par peur d’une surpopulation animale, d’autres enfin, prônent la chasse pour être les plus proches de l’état naturel primitif. Le végétarisme devient majoritaire dans les dernières années avant la grande guerre. L’argument est alors essentiellement hygiénique. Il ne s’agit plus de défendre les animaux.
[75] Dr. Legrain, « Sachons manger et boire » dans Rénovation n°11, 15 février 1912.
[76] Jean Marestan, L’éducation sexuelle, op. cit., pp. 53-66.
[77] Régénération n°15, août 1902.
[78] Edmond Potier, dans la Revue de l’enseignement primaire du 5 août 1906, cité par Régénération n°21 (2ème série), octobre 1906.
[79] E. P., « De l’augmentation des subsistances » dans le Malthusien n° 52, mars 1913.
[80] Dr. Henri Fischer, De l’éducation sexuelle, op. cit., p. 219.
[81] René Rambaud, « Fermez vos becs ! » dans Rénovation n°8 (2ème série) 15 novembre 1912.