CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589) reine de France
Née à Florence, Catherine de Médicis n'avait pas deux mois
lorsqu'elle perdit successivement sa mère, Madeleine de La Tour d'Auvergne,
comtesse de Boulogne, et son père Laurent II de Médicis, duc d'Urbino.
Elle passe ses premières années à Rome sous la protection
de son cousin le cardinal Jules de Médicis qui deviendra en 1523 le pape
Clément VII. De retour à Florence, elle y est retenue comme otage
pendant la révolte qui, en 1527, chasse les Médicis. En 1530 elle
revient à Rome où elle passera trois ans; conduite à Marseille,
elle y rejoint Clément VII qui, le 28 octobre 1533, bénit son
mariage avec le deuxième fils de François Ier, Henri duc d'Orléans.
Catherine ne devait jamais revoir l'Italie et ses premières années
à la cour de France auraient été sans joie si elle n'y
avait reçu l'appui de François Ier lui-même, auquel elle
gardera toute sa vie une dette de reconnaissance. La mort subite du dauphin
en 1536 ayant fait du duc d'Orléans l'héritier de la couronne,
elle deviendra reine de France lorsque en 1547 celui-ci monte sur le trône
sous le nom de Henri II. Depuis 1544, où elle met au monde son premier
fils, le futur François II, jusqu'en 1556, Catherine aura dix enfants,
et si elle souffre, en silence, de la faveur de sa rivale, Diane de Poitiers,
elle fait aussi son apprentissage politique en s'appuyant contre les Guise sur
le connétable Anne de Montmorency et en s'entourant de nombreux Italiens,
plus particulièrement d'exilés florentins; avec eux, elle soutiendra
les interventions des armées françaises en Italie jusqu'à
la veille de la signature du traité du Cateau-Cambrésis (avr.
1559). Veuve à quarante ans, après le tragique accident qui a
coûté la vie à Henri II, elle va pendant trente ans exercer
la réalité du pouvoir sous les règnes successifs de ses
trois fils: François II (1559-1560), après la mort duquel elle
est proclamée régente, Charles IX (1560-1574) et Henri III (1574-1589),
trente années qui comptent parmi les plus troublées qu'ait connues
la France.
S'il est une constante qui peut être retenue pour définir son comportement,
c'est à coup sûr le sens de l'État que renforce chez elle
le souci de préserver la grandeur de la monarchie dont ses fils, qu'elle
entoure d'une affection sans partage, sont les dépositaires. Fidèle
à sa foi catholique, mais sans fanatisme, et confrontée tout de
suite au problème religieux qui divise la France, elle tente d'abord,
avec le chancelier Michel de L'Hospital qui a toute sa confiance, une politique
de tolérance et même de rapprochement avec les protestants aux
états généraux d'Orléans (1560) et au colloque de
Poissy (1561). Pour affermir le pouvoir de Charles IX, elle entreprend avec
lui un long voyage à travers le royaume (1564-1566). Mais les mesures
qu'elle prend en faveur des protestants: suppression de la peine de mort pour
hérésie, liberté de conscience et de célébration
du culte hors des villes irritent les catholiques et surtout le groupe formé
autour des Guise. Malgré l'opposition de la majorité de ses sujets,
fervents catholiques, Catherine accorde encore aux protestants l'édit
d'Amboise (1563) et la paix de Saint-Germain (1570). Pour sceller la réconciliation,
Henri de Navarre épousera sa fille, Marguerite de Valois. Mais l'ascendant
pris sur son fils Charles par le chef du parti protestant, l'amiral de Coligny,
l'effraie; l'attentat de Meaux (1567), au cours duquel le roi avait failli être
enlevé par Condé et l'amiral, l'avait déjà fortement
ébranlée. Pressée par les princes catholiques de rétablir
son autorité en extirpant l'hérésie, elle donne son aval
au massacre de la Saint-Barthélemy (dimanche 24 août 1572). Aux
côtés de Henri III, dont elle a voulu qu'il fût roi de Pologne,
elle s'efforcera, dès le retour de celui-ci en France (1574), de rétablir
la paix intérieure en intervenant sans relâche auprès de
son dernier fils François, duc d'Alençon puis d'Anjou, et de son
gendre, Henri roi de Navarre. Ses ennemis l'accuseront, sans preuve, d'user
de maléfices; elle n'a eu en tout cas aucune part dans le meurtre du
duc de Guise et du cardinal de Lorraine à Blois (1588), où elle
meurt. Elle est inhumée à Saint-Denis auprès de son époux
Henri II, dans le tombeau qu'elle-même avait commandé à
Primatice et à Germain Pilon.
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