FRANÇOIS Ier (1494-1547) roi de France (1515-1547)


En 1515, en tant que chef de la branche des Valois-Angoulême, François Ier succède à son cousin Louis XII, dont il a épousé la fille, Claude de France, l'année précédente. Son règne de trente-deux ans marque profondément le XVIe siècle français, transformant à l'extérieur les guerres d'Italie en un affrontement avec les Habsbourg, donnant, à l'intérieur, une impulsion décisive à la pratique d'une "monarchie absolue". Ses portraits, que ce soit celui plus décoratif de Clouet ou celui plus psychologique du Titien, nous montrent un cavalier rieur, tout à la fois athlétique et élégant, type accompli de l'homme de la Renaissance, aimable et séducteur, dénué de scrupules s'il est nécessaire. Mais François Ier est en même temps fantasque, sujet aux emballements, d'une intelligence un peu superficielle. C'est, en fait, un curieux mélange: chevalier d'un Moyen Âge attardé, il se fait adouber par Bayard sur le champ de bataille de Marignan; prince de la Renaissance, il est amateur de femmes et de belles choses; ouvert aux nouveautés de l'époque, il est mécène et lui-même quelque peu artiste. Le règne s'ouvre sur les guerres d'Italie dont l'histoire classique a dénoncé la vanité. Cependant, par son importance démographique et par sa prospérité, la France pouvait se mesurer au peuplement et à la puissance financière des nations adverses.
L'erreur de François Ier a été de ne point prévoir l'afflux du métal précieux américain, dont la masse, certes très inférieure aux possibilités fiscales françaises, devait cependant l'emporter. Cette masse monétaire constituait un revenu net de toute charge et elle était entièrement à la disposition de Charles Quint. En 1515, Marignan, c'est-à-dire la supériorité du feu français sur les piquiers suisses, entraîne la facile conquête de l'Italie en un temps où l'arrivée du métal américain diminue pour une courte période. Mais, dès 1519, le crédit des Fugger et des banquiers italiens et espagnols, garanti par les trésors du Nouveau Monde, contribue à hisser Charles Quint sur le trône du Saint Empire romain germanique pourtant brigué par François Ier. Après la somptueuse et inutile folie du Camp du Drap d'or, l'impétuosité de la cavalerie française et de son chef, "le Roi-Chevalier", est l'une des causes principales de la défaite de Pavie (1525). Le respect du point d'honneur (ne point reculer) entraîne la captivité du roi, qui déclare: "Tout est perdu, fors l'honneur", et le désastreux traité de Madrid en 1526 (le roi renonçait au quart de la France) que François Ier, soutenu par les États de Bourgogne, viole dès qu'il retrouve la liberté. La guerre, marquée par une pause lors de la "paix des Dames", s'achève sur la constatation d'un équilibre des forces (traité de Cambrai, 1529). Ayant pris la mesure de son adversaire, dans la troisième phase du conflit, François Ier cherche des alliés: Soliman le Magnifique, Henri VIII, les princes protestants allemands. La longue lutte qui suit, confuse et sans gloire, aboutit au traité de Crépy (1544), créant le premier et fragile équilibre européen. Face à l'échec français des ambitions italiennes, la puissance de Charles Quint dissimule l'invraisemblable tour de force que constitue le maintien de la disparate puissance habsbourgeoise progressivement recentrée des Flandres à l'Espagne.
À l'intérieur de la France, la croissance des besoins financiers, n'aboutit pas à la mise en place d'un système fiscal cohérent. D'emprunts en vénalité des offices, d'inflation involontaire en maniements des monnaies se dégage un certain style financier français, qui durera jusqu'en 1789. Si le mot absolutisme a un sens, sa progression est incontestable. Signe des temps: l'emblème des Valois est déjà le soleil (à côté de la salamandre), l'expression "Sa Majesté" devient obligatoire et c'est François Ier qui a forgé la formule "Car tel est notre bon plaisir." En matière religieuse, le concordat de Bologne, signé en 1516 avec Léon X, place l'épiscopat français sous la coupe du roi. Vis-à-vis des protestants, le début du règne est placé sous le signe de la tolérance, en partie grâce à l'influence de Marguerite de Navarre. La provocation que constitue l'affaire des Placards (1534) détermine par la suite une répression cruelle, mais sporadique, sans que le mot persécution s'impose réellement. Ainsi, qu'il s'agisse de la situation extérieure ou intérieure, le règne de François Ier se termine sans apporter rien de décisif. L'Espagne reste virtuellement très dangereuse, la question protestante est en suspens, le problème financier n'est pas résolu.
Finalement, la grande réussite du monarque se situe sur le plan intellectuel et artistique. Le roi a fondé le Collège de France, et protégé humanistes, poètes et musiciens; Budé, Ronsard, Marot, et même Lefèvre d'Étaples en témoignent. Il a aussi fait appel aux grands artistes italiens tels que Léonard de Vinci, Benvenuto Cellini, le Primatice. Son règne s'auréole du prestige de l'école de Fontainebleau. Parmi les grands bâtiments du règne dominent Fontainebleau et Chambord. François Ier ne valait peut-être pas, sur le plan personnel, son adversaire Charles Quint. Pourtant, sans la conquête de l'Amérique, il l'eût probablement emporté sur lui. C'est l'Amérique qui, par le poids de ses richesses, a fondé la puissance habsbourgeoise et, paradoxalement, ce sont les découvreurs et les conquistadores espagnols et italiens qui ont empêché, jusqu'au XVIIe siècle, cette suprématie française sur l'Europe occidentale qui se dessinait déjà au temps de Saint Louis. Face à cette situation nouvelle, dont on ne peut reprocher à François Ier d'avoir mal mesuré l'importance, le mérite du roi a été de maintenir, tant bien que mal, l'équilibre.

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