JEAN II LE BON (1319-1364) roi de France (1350-1364)
Fils aîné de Philippe VI de Valois et de Jeanne de Bourgogne, Jean
fut duc de Normandie, puis roi le 22 août 1350. Excellent chevalier, sa
bravoure lui interdit la fuite qui avait sauvé son père à
Crécy. D'intelligence probablement médiocre, il ne put éviter
de graves maladresses qui lui aliénèrent le plus souvent le concours
des états, maîtres de lui refuser les ressources financières
pourtant indispensables au gouvernement. Hésitant entre la noblesse réformatrice,
les bourgeois avides de promotion et les officiers au dévouement intéressé,
il ne sut ni choisir ni jouer de leurs rivalités, et c'est à la
faveur de sa captivité que la noblesse prit pour un temps le contrôle
des rouages essentiels de l'État.
Il se brouilla avec les lignages les plus influents en faisant procéder
à des exécutions sommaires, comme celle du connétable Raoul
de Brienne (1350), envenima l'hostilité de son cousin le roi de Navarre,
Charles le Mauvais, par d'inutiles spoliations, et humilia son propre fils,
le futur Charles V, en faisant arrêter le Navarrais à Rouen alors
qu'il y était l'hôte du jeune duc de Normandie.
Vaincu et pris par les Anglais à Poitiers le 19 septembre 1356 , il fut
libéré après la conclusion du traité de Brétigny-Calais
(1360), qui coûtait la moitié du royaume et une rançon de
trois millions de livres. En janvier 1364, le roi Jean retourna en Angleterre
prendre la place de son fils Louis d'Anjou, qui avait abandonné son rôle
d'otage. Pendant la première captivité du roi, la France fut en
proie à la révolte parisienne d'Étienne Marcel et à
la Jacquerie.
La ferme reprise en mains du gouvernement par le régent Charles, le discrédit
des états généraux après leurs excès et le
début du rétablissement militaire font des dernières années
de ce règne le prélude à celui de Charles V. Mais, si Jean
le Bon n'y a guère de part, il ne porte pas davantage seul la responsabilité
des catastrophes accumulées pendant son règne et que les difficultés
rencontrées par Philippe VI annonçaient depuis vingt ans. Souvent
critiquée, la décision de donner en apanage à son fils
Philippe le duché de Bourgogne, venu à la Couronne par héritage,
comportait sur le moment plus d'avantages - adhésion des Bourguignons,
obstacle à l'intrusion du Navarrais dans l'affaire - que d'inconvénients,
puisque la rivalité des maisons de France et de Bourgogne était
imprévisible. Sans doute exagérément accablé par
la postérité critique, comme exagérément loué
par l'imagerie populaire, Jean le Bon est encore un sujet de controverse entre
les historiens.
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