La revanche de Rudy
Toujours dans le groupe, mais rarement titulaire, Rudy Carlier retrouve demain soir ses anciens coéquipiers de Clermont-Ferrand. L'attaquant du Racing espère bien décrocher une victoire qui sonnerait comme une revanche, après une expérience auvergnate en demi-teinte.
Hier 12h, sur le terrain annexe du Krimmeri. La séance se termine doucement et les attaquants sont priés d'achever leur entraînement par un travail spécifique devant le but.
Volée, demi-volée... tout y passe, sous le regard critique de Jean-Marc Furlan. Alors que Belghazouani fait l'oiseau, après avoir trompé le gardien d'une frappe imparable, Zenke écrase son tir. Derrière lui, James Fanchone dévisse complètement et Marcos touche le bois.
« Je laisse mes états d'âme au vestiaire »
Arrive enfin le tour de Rudy Carlier. Pas vraiment satisfait de lui, l'attaquant formé au Racing essaie, encore et encore, de trouver le cadre. Après plusieurs essais infructueux, il en redemande toujours. Et finit - enfin - par planter un joli ciseau acrobatique.
Entre-temps, pratiquement tous ses coéquipiers sont rentrés aux vestiaires. Mais Rudy, lui, a visiblement du mal à s'arrêter.
« Le foot, c'est ma passion, lâche-t-il simplement, les crampons encore aux pieds, et j'essaie de prendre un maximum de plaisir à l'entraînement. » Et même s'il n'est utilisé qu'avec parcimonie par Jean-Marc Furlan - 103 minutes jouées en 7 rencontres -, Rudy n'en perd pas le sourire. « Pour s'imposer, il faut travailler encore et encore. Être un joker, c'est compliqué, mais je laisse mes états d'âme au vestiaire et j'essaie de gratter la moindre minute de jeu et d'être le plus efficace possible », expose l'attaquant.
Un état d'esprit « positif et dynamique » très apprécié par Jean-Marc Furlan. « C'est un garçon qui mérite de rester au club. Il s'est construit dans la douleur et a eu un parcours intéressant. Du coup, il a une force mentale que peu de pros ont. Et surtout, il a su prouver ses qualités sur le terrain », résume le coach.
Face à Bastia, lors de la troisième journée, deux petites minutes de jeu avaient suffi pour que le numéro 29 se montre décisif, sur son premier ballon touché. Un scénario pour le moins idéal, que l'attaquant originaire de Picardie voudrait bien revivre demain soir à Clermont.
Histoire de prendre une revanche sur le sort. Car sa saison passée en Auvergne, de janvier 2007 à janvier 2008 sous forme de prêt, est loin d'être le meilleur souvenir de l'attaquant âgé de 22 ans.
« Sur le plan sportif, c'était compliqué »
« Le groupe était génial et je me suis fait beaucoup d'amis. En plus, il y avait de très bons joueurs, qui évoluent tous en L 2 désormais. Mais sur le plan sportif, c'était compliqué », raconte Carlier.
Peu utilisé par le coach, Ollé-Nicolle, qui ne lui faisait « pas confiance à fond », Carlier végète en Auvergne. Victime d'un traumatisme crânien, puis barré par la concurrence, l'attaquant voit l'équipe clermontoise exploser. Sans lui. Et Carlier de repartir, direction l'Espagne.
« A Clermont, les galères m'ont fait progresser dans la tête et physiquement j'ai bien travaillé, mais au niveau de l'épanouissement personnel, ce n'était pas ça », raconte-t-il de manière assez diplomatique.
Bref, dire que ce déplacement est « un peu spécial » aux yeux de Carlier est un euphémisme. Lui se verrait bien « entrer et marquer. » « Mais l'important, c'est surtout de gagner », tranche l'attaquant.
Barbara Schuster, DNA 28.08.08
