Après deux saisons d’exil forcé en France et en Espagne, Rudy Carlier a fait son retour en grâce au Racing, son club formateur. Indésirable fin juin, il est aujourd’hui dans la peau d’un titulaire en puissance. Récit d’un retournement de situation inattendu.
En juin 2006, le Racing descend en L2 et opère sa grande lessive estivale. Pour remonter, pas besoin d’un jeune attaquant vainqueur du tournoi espoir de Toulon, auteur de 19 buts en 58 sélections chez les jeunes tricolores. On lui demande de partir, pour « s’aguerrir ». Rudy Carlier se souvient qu’on le trouvait « limite physiquement ». Il accepte de jouer à Gueugnon (L2, 6 m, 1 but) puis à Clermont (Nat., 13 m, 2b) avant de prendre la direction du Racing Ferrol en D2 espagnole (19 m, 3b). Les statistiques ne sont guère éloquentes, mais Rudy n’est que rarement titulaire.
Il a en revanche « énormément travaillé » pour étoffer son jeu. « Au niveau mental, c’est bon », rigole-t-il aujourd’hui. « Sur un plan technique, j’ai appris beaucoup avec le style latin des Espagnols. L’étranger, ça m’a ouvert des horizons. »
À la reprise de l’entraînement, le 19 juin, Carlier est prié de se trouver un club. Des contacts sont pris, mais en attendant, « pas question de boycotter les séances. Je ne pensais même pas être avec le groupe, mais je me suis accroché et j’ai montré que j’avais un bon état d’esprit ». Jean-Marc Furlan, limité financièrement, n’y est pas insensible. Le coach reprend alors tout depuis le début. « Quand il est arrivé, je ne l’avais jamais vu jouer », rappelle Furlan. « J’ai fait comme avec n’importe quel joueur, j’ai pris son CV, et on a discuté. » Et là, c’est le déclic.
Carlier : « L’entretien m’a fait beaucoup de bien. C’est la première fois en trois ans qu’un entraîneur m’écoute. J’étais mieux dans ma tête, et je me suis lâché. »
Carlier - Gargorov, du placard à la lumière ?
Sur le terrain, Rudy Carlier ne s’économise pas, et, mieux, montre une vraie complémentarité avec un autre rescapé, Emil Gargorov. Furlan note déjà que « la palette de jeu de Rudy lui permet de jouer vite ou dos au but. Avec Emil, il faut que les ballons reviennent proprement ». Même son de cloche pour Rudy : « Emil, c’est un 10 à l’ancienne, avec une vraie qualité de passe. Contre Karlsruhe (1-0), on jouait ensemble pour la première fois et on s’est bien trouvés deux ou trois fois. »
Même si le n° 9 n’a pas encore été attribué officiellement cette saison, Rudy partira avec un n° 29 qui pourrait vite s’imposer dans le Onze de départ. Pour sa 6e année à Strasbourg (il sera en fin de contrat en juin prochain, ndlr), il veut enfin montrer que le travail de François Keller au centre de formation a porté ses fruits. « Quand j’ai signé ici étant jeune, c’était pour jouer à Strasbourg, pas ailleurs. Je suis Alsacien d’adoption, et je compte bien faire une grosse saison. » L’objectif ? « Marquer des buts, toujours. » Le style ? « Faire un beau contrôle et un petit pont au milieu du terrain, c’est beau mais ça ne fait pas avancer l’équipe. Je préfère prendre trois contres et que la balle rentre dans le but avec dix rebonds. » Le modèle ? « Van Nistelrooy. Une occasion dans les 18 m et ça fait but. »
Même s’il est conscient que les avis seront toujours partagés, Rudy espère conquérir le cœur des supporters. Ça passe par le rectangle vert. Évidemment. « C’est bien beau de parler, mais c’est sur le terrain qu’on montre ce qu’on sait faire. » Première occasion : le 4 août, face à Montpellier.
Sébastien Ruffet, Journal l'Alsace, 30.07.08
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