Les frustrations de Carlier
Prêté cette saison à Gueugnon à qui le Racing rend visite demain (20 h), le jeune attaquant strasbourgeois souffre d'un temps de jeu limité, mais s'efforce de rester positif.
Il a signé pro pour trois ans au printemps, mais a vite compris que son horizon au Racing serait bouché. Au moins à court terme. Alors, Rudy Carlier, en Picard plein de bon sens, a accepté le principe d'un prêt. Quelques mois après Eric Mouloungui, rentré entre-temps en Alsace, le jeune (20 ans) attaquant du RCS a pris la direction de Gueugnon. Pour s'y aguerrir et revenir plus fort à Strasbourg où il était arrivé à 17 ans. Mais comme il en convient lui-même, « les choses ne se passent pas comme prévu. »
Rudy, comment s'est déroulée votre intégration à Gueugnon ? Avec les joueurs, très bien. Mais sur un plan sportif, ça ne se passe pas du tout comme je l'avais souhaité. Je ne joue pas, ou plutôt je joue peu, et je ne comprends pas bien pourquoi.
En avez-vous discuté avec le coach, Victor Zvunka ? Oui, nous avons eu une ou deux entrevues. Mais ça n'a rien changé. En 12 journées, je n'ai disputé que 5 matches (4 titularisations, 326 minutes). C'est peu. J'en suis d'autant plus frustré que je suis venu à Gueugnon plein de bonnes intentions et d'envie. Pour jouer davantage aussi. Pour l'instant, ce n'est pas le cas.
Eric Mouloungui disait lundi être sorti plus fort de ses cinq mois très difficiles (de janvier à mai) à Gueugnon. Etes-vous dans le même état d'esprit ? Eric a raison. Il faut toujours essayer de retenir le positif d'expériences douloureuses. J'ai par exemple inscrit mon premier but en L 2. Bon, ça n'a servi à rien, puisque quand j'ai marqué au Havre, nous étions menés 6-0 (Ndlr : score final 6-1). Mais je m'entraîne aussi tous les jours avec des garçons comme David Le Frapper, Laurent Morestin ou Philippe Correia qui ont un vécu en L 2 et me prodiguent de précieux conseils. Ça ne me suffit pas, mais j'apprends et j'espère que le temps de jeu finira par arriver.
« Le Racing m'a tout appris »
Quand on est un jeune professionnel, on doit se poser des questions sur la suite de sa carrière, non ? Vous me connaissez, je me remets toujours en cause. Là, forcément, certaines questions me viennent en tête. Mais je m'efforce de ne me poser que les bonnes. Parce que quand tu es attaquant, il est néfaste de s'en poser trop. En général, tu entres alors dans une spirale négative dont il est difficile de sortir. J'essaie de ne pas m'alarmer. Je ne doute pas. J'attends juste que la porte s'entrouvre pour pouvoir la défoncer. Et je me dis que cette expérience me servira pour la suite.
De loin, suivez-vous toujours les résultats du Racing ? De loin ? De près, surtout. Je suis en contact régulier avec mes potes du centre de formation, comme Jean-Christophe (Vergerolle) ou Steve (Célestini). Je vois que certains ont intégré l'équipe pro et ça me fait un peu bizarre. Le Racing reste mon club. Il m'a tout appris. Je lui dois mes plus belles années dans le foot. Et je suis sûr que je ressentirai vendredi un pincement au coeur.
Quel regard portez-vous sur le parcours du RCS ? Je pense que les Strasbourgeois ont mis en route et qu'ils vont continuer à dérouler. Sauf à Gueugnon, j'espère.
Figurerez-vous dans le groupe des Forgerons ?
Je l'espère. Je suis opérationnel à 100 % et même plus.![172.jpg](172.jpg)
Dans les moments de blues, songez-vous au 6 mai 2006 à Marseille (Ndlr : il y a inscrit son premier but en L 1 lors du nul du RCS au Vélodrome – 2-2) ? (il rit) J'évite de vivre avec le passé, mais j'avoue que j'y pense souvent. Marquer au Vélodrome, c'était magnifique, comme dans un rêve. Et je vais tout faire pour que ce rêve se reproduise.
Journal l'Alsace, 28 octobre 2006