SD.
– Comment expliquez-vous les attaques que subit le nord de l’Irak depuis
quelques semaines?
David Petraeus. – Les dirigeants de l’ancien régime se
mobilisent. Ils disposent d’une quantité d’argent considérable. Mais depuis
dix jours nous avons aussi repris nos raids et notre surveillance et, avec
l’aide de la police irakienne, nous avons arrêté des centaines d’individus.
Bien sûr, on ne peut pas «gagner» la paix uniquement par des actions
militaires. Depuis la fin de la guerre, nous avons dépensé 33millions de
dollars et réalisé près de 3800projets, comme la réfection de 300écoles.
Nous diffusons aussi des spots publicitaires pour mettre en garde les gens
contre les tirs de joie par exemple, un des fléaux du pays.
SD. – Et pourtant les Irakiens continuent à se plaindre de la
présence américaine. Comment l’expliquez-vous?
D. Petraeus. – Vous savez, c’est un peu le syndrome de
l’homme qui a marché sur la Lune. Les attentes des Irakiens étaient
énormes. Ils ne comprennent pas pourquoi les Américains peuvent envoyer des
hommes dans l’espace et sont incapables de les aider à trouver un métier ou
leur fournir un permis de port d’armes. Moi qui ai fait un PhD d’économie
internationale à Princeton, je peux vous dire qu’en Irak nous avions à
faire, du temps de Saddam, au pire exemple d’économie planifiée. Des
décennies de népotisme et de corruption. Aujourd’hui il faut que le pays
fasse sa révolution culturelle. Et c’est une course contre la montre qui
est engagée. Moi, la seule chose que je demande à mes hommes, c’est de ne
pas fabriquer plus de bad guys en conduisant des opérations trop agressives
lorsqu’ils vont arrêter les terroristes.
Propos recueillis par Sara Daniel
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