Patrick Derrien est fonctionnaire d'Etat. C'est un défenseur de Guillaume, convaincu, qu'aujourd'hui comme hier, on ne peut pas condamner sans preuve. Pour Patrick, Guillaume paye, au village, sa trahison de la terre : un paysan n'abandonne pas sa terre pour le commerce, au bourg ! "Je suis persuadé que la conscience de Plomodiern a été très troublée par cette affaire et qu'elle le demeure. Les anciens ont disparu, il est temps de tourner la page. C'est aux élus de donner un signe fort. Je n'ai jamais été partisan d'une rue Seznec. C'est une Maison de Seznec, une Maison de l'Affaire qu'il faut créer".
Depuis longtemps il défend l'idée de créer, au village, un centre culturel, artistiqe et historique. Il aurait aimé que la municipalité se portât acquéreur de l'ancienne ferme qui se trouve en face de l'église et y consacre un espace permanent à l'Affaire. "
La démarche, dit-il, doit être municipale. Les financements nationaux, régionaux et départementaux tomberont. Et puis, existe-t-il un plus beau geste, pour les descendants de Guillaume ?"
"Moi, je suis né sous le clocher", s'amuse Patrick Derrien. La vérité n'est pas très loin : c'est à dix mètres de l'église, dans la belle demeure qui lui fait presque face, que Patrick est né. Dans une maison qui aurait pu être une maternité, puisqu'elle était celle de sa grand-mère, Marie-Anne Croguennec, première sage-femme de Plomodiern. Née en 1887, neuf ans après Guillaume Seznec, Marie-Anne est décédée en 1979, année de naissance de son arrière petit-fils, Steven Derrien, qu'elle aura eu le temps, l'espace de quelques mois, de porter dans ses bras.
Le dernier d'une longue liste, car Marie-Anne aura mis plus de 2500 enfants de Plomodiern au monde. Qu'il vente ou qu'il neige, c'était en char à ban qu'elle parcourait la campagne pour aider les femmes à accoucher. Pendant les deux gueurres, en l'absence de médecin au bourg (le docteur Vourc'h, pendant la seconde guerre, est au maquis), Marie-Anne Croguennec sera la seule représentante du corps médical. A telle enseigne que, première femme à Plomodiern, elle sera
élevée au grade de chevalier, puis d'officier, dans l'ordre de la Santé publique. Par deux fois, dans sa maison, elle recevra la visite de Montaigne, ministre de la Santé publique. Elle sera, sous le mandat de Mathieu Breton, de Saint-Sula, conseillère municipale, chargée, selon l'expression de l'époque, des Oeuvres sociales. Encore la première femme !
"
Enfant, j'ai été marqué par l'admiration que ma grand-mère portait à Marie-Jeanne Marc, la femme de Guillaume. Elle la trouvait, malgré le drame qui la frappait, racée, élégante. Toujours vêtue de superbes costumes bretons. Je sais qu'elle la surnommait "la belle Marie-Jeanne. Elle ne se prononçait pas sur la culpabilité de Guillaume Seznec, ne le défendait pas ouvertement. Comme tout un chacun, pesait sur elle la lourde chape du silence. Mais je n'oublie pas que son beau-frère, Jean Croguennec, marin d'Etat, avait rendu visite à Guillaume, au bagne de Cayenne". Lui apportant...une cartouche de cigarettes. Et qu'il en était revenu convaincu de son innocence. Du reste, tous les deux ont entretenu une correspondance émouvante.
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Marie-Anne Croguennec
Guillaume SEZNEC
Cophyrit 2006 -  [ http://perso.orange.fr/guillaume.seznec ] - Gilles RENAUD - 1er juillet 2006 - Tous droits réservés - gillesrenaud@noos.fr