Nouvelle République, nouveau cimetière

Le cimetière, situé au Nord-Est du village, en direction du Menez-Hom, n'existe à cet endroit que depuis 1875, aux débuts de la IIIème République, trois ans avant la naissance de Guillaume. C'est cette date qui figure sur le calvaire.
Avant, les morts étaient enterrés autour de l'église paroissiale, dans ce petit carré, situé sous l'actuelle place de l'église. Si petit qu'il a pu faire dire au voyageur Bachelot de la Pilay, en 18443 : "
dans le cimetière on voit un si grand nombre de pierres tombales qu'il en est comme pavé".
C'est dix ans après, en 1885, qu'eut lieu le transfert des ossements et la fin de l'utilisation de la "
men konseilh" ( la pierre des annonces) sur laquelle se plaçait le crieur et autour de laquelle prenait place quotidiennement les habitants afin d'évoquer les affaires du bourg.
L'histoire du cimetière
Une inhumation par voie de fait

  
Jean Thomas, dans "Plomodiern en Porzay", paru en 
1966 à l'imprimerie Cornouaille, raconte les incidents 
suivants :

    "
L'année 1733 fut une année de grande mortalité : on 
compte 95 enterrements. En mars il y en eut 16 et en avril
22. On vit cette année 13 enterrements par voie de fait, 
dont 7 pour le seul mois d'avril. Pendant la grand-messe 
du dimanche de Pâques 5 avril, Jean Le Roux vint percer 
pour inhumer le corps de Guillaume Dréau, son 
beau-frère. Trois jours après, la mère de celui-ci fut aussi 
enterrée dans l'église. Le dimanche 10 mai, le recteur a 
été obligé de descendre de chaire et d'interrompre le 
prône par le bruit, le tumulte et la révolte publique de 
Jacques Kersalé, de Ploeven, perçant dans l'église pour 
enterrer Jacques Déniel" 
Avant l'ancien cimetière

  
  Il était d'usage, sous l'Ancien régime, d'enterrer 
ses morts à l'intérieur même de l'église, à l'exception 
du sanctuaire et du marche-pied des autels. 
    Le Parlement de Bretagne et les évêques ont du 
batailler pour exiger des Plomodiernais qu'ils enterrent 
leurs morts dans le cimetière jouxtant l'église. Ainsi, le 
19 août 1719, la cour du Parlement de Rennes 
ordonne 
"que toutes personnes de quelque qualité et 
condition qu'elles soient, seront inhumées dans les 
cimetières"
.
    Cette décision fut très dure à appliquer. Ainsi 
Jacques Thomas écrit-il : "
Avant l'heure de obsèques, 
on avait eu soin de creuser une tombe au cimetière. 
Cependant, quand l'office d'enterrement était bien en 
train, des hommes entraient à l'église avec pelles et 
pioches et perçaient la tombe à l'endroit que leur 
indiquait le chef du deuil. Alors le clergé se retirait et 
finissait l'office funèbre devant la fosse creusée au 
cimetière, cependant que les parents et amis 
descendaient le cercueil dans la tombe percée dans 
l'église
". 
    Clergé et famille semblaient se quitter fâchés, mais 
si la famille se voyait éventuellement frappée d'une 
amende, jamais le clergé n'exigera qu'elle déterre ses 
morts !
Guillaume SEZNEC