Seznec et Plomodiern

Pour Jean-Yves Doaré, ancien notaire à Plomodiern et son épouse, Antoinette, Guillaume Seznec a payé sa trahison de la terre : "C'était un affairiste, un homme volontaire, bien loin des habitudes du monde rural de l'époque. Quitter l'Agriculture était inimaginable". Jean-Yves se souvient "J'ai son visage en tête. Je me souviens de son retour. J'avais 14 ans et avec mon père, on l'a vu remonter la rue. Il n'y avait pas foule. Sa famille a mené un admirable combat. Je suis convaincu que s'il avait été criminel, il ne se serait jamais laissé prendre !. Et puis, pour refuser la grâce de De Gaulle... " Pour son épouse Antoinette, qui a su écouter les anciennes, la mauvaise réputation de Guillaume a aussi une autre origine "c'était un homme qui ne fréquentait pas les bistrots, donc un homme pas sympathique !"

Récolte d'ajoncs et de bruyère sur le Menez-Hom, vers 1905

Les notaires de Plomodiern,
pendant la vie de Guillaume Seznec
                        - 1845 : Yves Balcon
                        - 1871 : Henri Balcon
                        - 1881 : Edouard Le Forestier
                        - 1895 : Traonouez
                        - 1896 : Jean Le Douaré
                        - 1925 : Jean Le Douaré, fils
                        - 1953 : Francis Bellec

La liquidation (suite)

Duff, cultivateur au bourg, qui l'achète au prix de 4 200 francs. Le cinquième lot, un pré de trente quatre ares et soixante quatre centiares dit "Goarem vian", est acheté par Marie Anne Didailler, épouse de Corentin Moulinec, pour la somme de 3 550 francs. Elle possède un mandat de son époux, deuxième maître chauffeur à bord du Waldeck-Rousseau, basé à Toulon. Le sixième lot est une parcelle sous landes de quatre vingt et un ares dite "Marrou coz", acquise pour 4 250 francs par Joseph Marie Cariou, second maître fusilier de la marine, né à Plomodiern, époux de Marie Anne Kerdoncuff. Le septième lot est constitué d'une parcelle de terre labourable, dite "Mar coz" à Kergosquet, d'une surface de trente neuf ares, acquis par Jean Marie Yannou, l'époux de Marguerite Le Duff, pour 5 000 francs. Le huitième lot , situé à Kergosquet est une parcelle de terre labourable de trente sept ares. Il sera acheté parJean Pierre Marie Nicolas, époux de Marie Anne Brelivet, pour la somme de 4 550 francs. Enfin, le dernier lot est une parcelle de bruyère, à Kervennen, dans la montagne de Menez Lié, d'une surface de un hectare et soixante cinq ares. Mis à prix 1 000 francs, ce lot partira à 1 050 francs, avec Yves Marie Horellou, époux de Marie Vépierre, tailleur demeurant au bourg. A l'exception de ce dernier bien, dont Guillaume a l'entière propriété, tous les autres lots ne lui appartiennent qu'en nu propriété, l'usufruit appartenant à son beau-père Jean Marc. Selon toute vraisemblance, il a du les recevoir de ses beaux-parents. C'est dire si Guillaume avait fait un beau mariage en épousant Marie-Jeanne, contrevenant à la volonté de sa mère qui aurait aimé le voir rentrer dans les ordres et s'attachant la jalousie locale ! Le patrimoine de Guillaume, tel qu'il est donné à voir par cette liquidation et en excluant les autres biens qu'il avait à Morlaix, témoigne de l'aisance d'un habitant du bourg : un commerce place de l'église, des dépendances adjacentes qui se poursuivent jusqu'à la place Saint Yves, un vieux jardin, quelques petites terres et cette symptomatique propriété d'un hectare et demi, située sur la montagne et composée de bruyère. Cette terre recouverte de bruyère, tous les habitants de Plomodiern en possédaient une, sur le Menez-hom. Lorsque le bois venait à manquer, c'était le combustible de réserve. Cet héritage historique explique que la montagne sacrée des Celtes soit encore la propriété de huit cents personnes. Le Conseil général du Finistère, sous la houlette de son vice-président Kofi Yamgnane, vient d'entreprendre le rachat de ces parcelles, afin de réhabiliter le site, en proie aux incendies réguliers et aux usages aussi variés que destructeurs.

Guillaume SEZNEC