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Première production en France de «
Mazeppa »
Opéra méconnu de Tchaïkovski
par
Victor Ignatov
Créé
presque simultanément à Moscou et à
Saint-Pétersbourg en 1881, cet ouvrage,
rarement vu sur les scènes internationales, n’avait jamais été
monté en France. Curieusement cette année six théâtres
dans le monde l’ont programmé, dont l’Opéra
de Lyon qui en a confié la mise en scène à Peter
Stein. Ici pas de transposition abusive d’époque ou
d’environnement, on respecte l’argument original et les personnages
historiques. Basée sur le poème de Pouchkine,
c’est bien l’histoire de l’amour insensé de Mazeppa,
vieil hetman d’Ukraine, et de Maria, sa jeune filleule, fille du riche
Kotchoubeï qui n’admet pas cette passion réciproque et décide
de se venger.
Le spectacle est construit de façon intelligente et somptueuse, notamment
dans les scènes de foule, avec également une dramaturgie très
forte dans les scènes du cachot et de l’exécution capitale.
Peter Stein reste relativement classique, fidèle au compositeur. Certes,
le décor de Ferdinand Wögerbauer avec ses terres
craquelées et ses tapisseries orientales peut surprendre quand on imagine
une riche propriété ukrainienne. De même pour certains
costumes d’Anna Maria Heinrich qui bien que magnifiques,
variés et très colorés, rappellent trop le Tatarstan.
Mais l’ensemble se regarde avec un plaisir non dissimulé d’autant
plus que toute la distribution est également de bonne qualité,
dominée par la voix de basse d’Anatoli Kotscherga
dans le rôle de Kotchoubeï. Originaire d’Ukraine, c’est
la cinquième fois que ce chanteur interprète cette difficile
partition. Doté d’une belle et puissante voix, il est pareillement
un excellent acteur. Sa performance dans le 2ème acte, aussi bien dans
le cachot que lors de son ultime prière témoigne de son formidable
talent vocal. Wojtek Drabowicz (Mazeppa) est moins convaincant
malgré un duo très juste avec Anna Samuil (Maria)
dans la nuit étoilée. Toute jeune artiste russe, cette dernière
a une jolie voix de soprano.
Kirill Petrenko à la direction de l’Orchestre
de l’Opéra de Lyon donne un interprétation
à la fois dynamique et sensible de cette œuvre intéressante
et trop méconnue.
Enfin une mention spéciale pour les chœurs de l’Opéra,
qui ont un phrasé, une couleur et une présence scénique
qui ne le cèdent en rien aux grands chœurs russes.
A noter que cette production est la première d’un cycle
Tchaïkovski qui sera poursuivi avec Eugène
Onéguine et La Dame de pique
les saisons suivantes, toujours sous la responsabilité scénique
de Peter Stein.
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