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> Jean-François HIRSCH et l’enthousiasmant avenir de l’Orchestre de Paris à Pleyel

C’est d’une double actualité percutante dont est venu nous parler le patron de l’Orchestre de Paris. La formation qu’il dirige en finit avec une expérience capitale (la Tétralogie donnée au Châtelet dans une mise en scène de Robert Wilson) et s’apprête à se retrouver dans ses meubles en septembre prochain avec la réouverture d’une Salle Pleyel entièrement réaménagée.

La Tétralogie, d’abord.
Un projet auquel J-F.Hirsch tenait pour au moins trois raisons: En premier, ce torrent de musique est une épreuve physique et mentale qu’un orchestre de renom doit affronter.
Ensuite, le souci, en faisant appel à Robert Wilson, d’offrir un spectacle délibérément décalé (J-F. H. dixit) par rapport aux approches habituelles et notamment germaniques. On constate que la critique a parfois boudé mais le public a afflué.
En dernier lieu, c’était un ancien pari, commun à l’ ex-danseur - ex-chanteur J-P. Brossmann, directeur du Châtelet, et à J-F.Hirsch, ex régisseur de mener à bien la plus énorme entreprise opératique occidentale.

En passant, J-F.Hirsch insiste sur le fait qu’un orchestre symphonique doit faire du lyrique. A cet égard le futur immédiat est satisfaisant puisque l’Orchestre de Paris donnera, en concert, Siegfried au cours des Proms londoniens de l’été prochain, exécution qui sera redonnée à Madrid pour l’inauguration de la nouvelle salle Escurial. Dans le même esprit, des pourparlers sont en cours avec Jérôme Deschamps et aussi avec Bercy...

Pleyel, ensuite, issue heureuse, après tant d’années d’erreurs.
D’abord celle de Mme Trautmann (alors ministre de la Culture) qui, malgré l’avis contraire des professionnels et du Maire de Paris, non seulement avait refusé d’acheter la salle abandonnée de tous mais encore empêcha l’Orchestre de Paris de s’en rendre propriétaire.
Aujourd’hui, on sort du tunnel et tout le monde croise les doigts pour que, le 13 Septembre prochain, les peintures soient sèches et que l’Orchestre puisse prendre possession du vaisseau nouveau avec, au programme, un titre symbolique, la 2e Symphonie dite Résurrection de Gustav Mahler.

La salle nouvelle comptera 1930 places, après une restructuration totale (des spectateurs sont prévus derrière la scène comme en Europe centrale), promettant, enfin, l’acoustique compétitive dont Paris manque vis à vis des réussites récentes de Rome, San Sébastian... ou Dijon !
Ces changements de siège sont l’occasion d’évoquer les cinq ans d’exil passés au Théâtre Mogador, solution qui avait été trouvée in extremis, havre sans commodité (pas de salle de répétition !) et dans un quartier auquel les « habitués » firent grise mine (chute de fréquentation atteignant 50% avec seulement 3000 abonnés).
Cependant, le nouveau Pleyel n’a prévu ni bibliothèque, ni même de bureaux pour la bonne trentaine d’administratifs qu’utilise l’Orchestre !
L’Orchestre de Paris lui même, c’est 119 musiciens plus les chœurs.
On sait qu’au départ il s’agissait de membres de la Société des Concerts du Conservatoire. Depuis 10 ans, les 2/3 des effectifs ont été invités à « faire valoir leurs droits à la retraite» et il ne reste plus qu’une dizaine de titulaires remontant à la fondation de l’orchestre par Marcel Landowski.
Le financement étant assuré à 60% par l’Etat et à 40% par la ville, un certain nombre de mécènes interviennent pour les opérations de prestige entraînant un surcoût, notamment les tournées à l’étranger (2 à 300.000 euros supplémentaires).
La réouverture de Pleyel, en attendant pour 2012, la création de l’auditorium à La Villette, s’accompagne d’une relance totale ainsi que du toilettage de l’image donnée par le concert traditionnel. Cela peut commencer au niveau le plus modeste: ainsi, dès la rentrée, les musiciens arboreront-ils une nouvelle tenue.
Des démarches de marketing ont d’ores et déjà eu quelque écho. La situation est encourageante puisqu’on est remonté à 4957 abonnés, très exactement.
Jean-François Hirsch nous apprend, pour finir, que Christophe Eschenbach vient de signer un contrat le maintenant à la tête de l’Orchestre jusqu’à la saison 2009/2010.

M.Mt.
"La Taverne", mardi 14 février 2006

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