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Une saison du changement à l’Orchestre
National de Lyon
par Philippe Andriot
L’Orchestre
National de Lyon amorce aujourd’hui un virage important. Le ressort
du mouvement : la prise de fonction d’un nouveau chef, Jun Märkl.
Plus souvent présent en Allemagne, aux Etats-Unis et au Japon qu’en
France, Märkl prend en main aujourd’hui l’intégralité
de la saison lyonnaise.
Originaire de Munich où il est né il y a quarante-quatre ans,
formation partagée entre Allemagne et Etats-Unis, il a pris successivement
la direction de plusieurs orchestres allemands (notamment Sarrebruck et Mannheim)
et dernièrement celui de l’Opéra de Munich,
tout en se faisant entendre dans quelques grands maisons d’opéra.
A Lyon, il a entamé un travail de fond dont l’orchestre
ressentait la nécessité.
Après quatre années passées surtout à élargir
le répertoire vers la musique de notre temps et à perfectionner
les outils de communication, il était sans doute utile pour l’orchestre
de « resserrer quelques boulons » dans la ligne stylistique si
bien définie par Emmanuel Krivine.
Avec un sens du détail qu’il tient peut-être de son ascendance
orientale (une mère japonaise), Jun Märkl a déjà
prouvé ses affinités avec les subtilités de la musique
de chambre. Par ailleurs il a construit une première programmation
dont l’esprit dépasse la simple tradition sans pour autant chercher
à éblouir.
Un axe générateur passant par Franz Liszt et
sa mouvance, voilà de quoi ancrer solidement une pensée d’Europe
riche de résonances multiples. Y a-t-il, au cœur du romantisme,
compositeur plus européen ! Image d’ouverture et de générosité
aussi. De Berlioz à Wagner, de Dvorak
à Strauss ou Mahler, qui ne doit
quelque chose au pape de Weimar ? Pour l’anecdote on ajoutera que Lyon
garde une petite tendresse à l’artiste militant qui s’est
passionné pour ses canuts en lutte dans les années 1830 au point
de leur dédier une page de son Album d’un voyageur
(orchestré, « Lyon » sera joué les 13 et 15 octobre).
Et puis, passé les célébrissimes Préludes,
quel orchestre français à l’audace de jouer la Dante
Symphonie et les grands poèmes comme Le Tasse,
Prométhée ou Hamlet
?
Autre jalon important de la saison qui s’ouvre : la célébration
du centenaire de l’orchestre, occasion rêvée pour inviter
les deux orchestres jumelés avec l’ONL, le City of Birmingham
et le Radio-Symphonique de Francfort. Du 22 au 27 septembre, les trois ensemble
se relaieront pour illustrer dignement l’anniversaire.
Côté administration, un vent d’optimisme semble souffler
sur l’avenir. La directrice générale de l'Auditorium,
Anne Poursin, refuse l’image dépressive accolée
actuellement à l’activité symphonique : « La façon
dont l’orchestre est perçu fait apparaître plus d’intérêt
que dans un proche passé ». Le public ? « Il y a des jeunes
et des vieux. En fait il nous manque la tranche 30-45 ans, une population
active que nous tentons de toucher par ailleurs, principalement par des concerts
très brefs à midi. »
Une saison qui semble donc s’ouvrir dans une certaine euphorie.
Premier rendez-vous le 30 septembre avec Liszt et Messiaen.
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