6.2. Le jeu dEchecs
et lEducation
Le jeu déchecs
attire plus que les autres jeux intellectuels lattention
des éducateurs et des spécialistes. Nous nous intéressons
tout particulièrement de lexpérience de lURSS
car lEmpire russe ne comptait que quelques milliers de
joueurs déchecs tandis que presque tous les Soviétiques
connaissaient les règles des échecs depuis ladolescence.
6.2.1. Le jeu déchecs
en URSS
Le développement du
jeu déchecs comme sport intellectuel national de
lURSS était le résultat de la volonté
politique du pouvoir soviétique [Eremeev, 1968 ; Kotov,
Youdovitch, 1979].
En 1920, Alexandre Ilyine-Genevski, commissaire général
(cest-à-dire, ministre) chargé de lEducation
militaire pour tous (Vseoboutch), a réussi à organiser
une Olympiade avec la participation des joueurs déchecs
connus de la Russie. Cétait le premier grand tournoi
après la Guerre civile.
Le succès de ce tournoi a permis la renaissance de lUnion
russe du jeu déchecs (URE) qui a organisé
en 1923 le II Congrès des joueurs déchecs
de la Russie avec la participation des représentants de
27 villes. En automne lURE a compté 1500 membres
actifs.
En 1924, Nikolaï Krylenko, ministre (commissaire du peuple)
de la justice, a diffusé parmi les joueurs déchecs
un document intitulé « Les principes du développement
ultérieur de lart échiquéen en Union
Soviétique » avec les slogans : « Le jeu déchecs
est une arme puissante de la culture intellectuelle » (support
efficace pour léducation intellectuelle et culturelle)
et « Le jeu déchecs aux travailleurs ».
Le jeu déchecs a été considéré
comme « une arme politique qui doit être utilisé
afin de a) donner le jeu déchecs comme un loisir
intellectuel aux masses des travailleurs, fatigués de
la lutte et le travail quotidiens, et b) utiliser toutes les
possibilités éducatives du jeu déchecs
afin de donner un impact nouveau au développement de la
culture intellectuelle et à lentraînement
mental des masses des travailleurs ».
Au mois daoût de 1924 le III Congrès des joueurs
déchecs a transformé lURE en Section
des Echecs du Conseil supérieurs du Sport de lURSS.
Le ministre N. Krylenko a été élu le Président
de cette Section. Ainsi la phase associative du mouvement échiquéen
soviétique a été vite terminé, lEtat
prenait en charge son financement.
En 1925 le Bureau de la Section des Echecs de lURSS a adopté
la déclaration « Sur la participation des joueurs
déchecs de lURSS aux tournois internationaux
». V. Eremeev explique :
« En refusant dadhérer à lUnion
internationale des Echecs (FIDE), considérée comme
une organisation bourgeoise qui mettait les Echecs hors de la
politique, le Bureau a accepté lorganisation des
tournois avec la participation des Maîtres bourgeois et
la participation de nos Maîtres aux tournois internationaux
à létranger. Le but était lapprentissage
de tous les secrets de lart des Echecs chez les Maîtres
bourgeois et leur transmission aux masses des joueurs déchecs.
» [Eremeev, 1968]
Daprès ce plan, en 1925, le gouvernement soviétique
a organisé le Premier Tournoi international de Moscou
avec la participation du champion du monde J.-R. Capablanca,
de lex-champion du monde E. Lasker et des autres plus grands
joueurs déchecs de cette époque ce qui a
bien attiré lattention des médias. Un film
comique « La fièvre échiquéenne »
a été réalisé pendant ce tournoi.
Les réformes ultérieures ont permis daméliorer
davantage lorganisation du mouvement échiquéen
en URSS et de renforcer son financement. Le gouvernement soviétique
faisait tout afin de transformer lURSS en première
puissance échiquéenne au monde, par exemple, E.
Lasker a été invité à vivre en Union
soviétique, il a reçu un appartement dans le centre
de Moscou et toutes les conditions pour ses activités
ont été créées, notons quil
existait une Internationale échiquéenne.
Les premiers promoteurs des Echecs en URSS étaient influents
et avaient de fortes personnalités qui ont joué
un rôle déterminant dans la diffusion rapide de
ce jeu en URSS. Ainsi Alexandre Ilyine est né en 1894
dans la famille dun amiral russe. Il a commencé
à jouer aux Echecs à 13 ans. Alexandre a adhéré
très tôt au Parti de Lénine et, en 1912,
a été arrêté et exclu du lycée.
Il a dû émigrer en Suisse afin de continuer son
éducation mais aussi ses activités politiques.
Après être devenu le champion de Genève du
jeu déchecs, il a ajouté son deuxième
nom « Genèvski » car Lénine, lui-même,
signait souvent ses article avec le nom d« Ilyine
». Son frère aîné Fédor a aussi
émigré et adopté le nom de « Raskolnikov
». En 1925 Ilyine-Genèvski est devenu Maître
des Echecs, en 1926, à Berlin, il est devenu champion
de lInternationale échiquéenne.
En 1924, Ilyine-Genèvski a lancé le célèbre
slogan : « Les Echecs aux masse ! », il était
membre du Bureau de la Section des Echecs de lURSS et dirigeait
la presse échiquéenne. En 1930, il a déclaré
: « Pour nous, le jeu déchecs est avant tout
un art et quil puisse être pratiqué comme
un sport nest pas très important. Limitation
aveugle des formes des autres activités sportives ne correspond
pas à notre perception idéologique. Il serait mieux
de développer les Echecs dans le cadre du Ministère
des Arts (Glaviskousstvo). Lancien Président du
Glaviskousstvo F. Raskolnikov soutenait cette idée. »
Ilyine-Genèvski et lancien ministre Raskolnikov,
son frère, sont devenu diplomates à partir de 1930,
peut-être pour ne pas participer aux purges staliniennes
car Raskolnikov est resté à létranger,
après avoir écrit une lettre de protestation contre
la politique de Staline.
Nikolaï Krylenko, un des plus proches collaborateurs de
Lénine, a été le premier commandant en chef
de lArmée Rouge, il est devenu ensuite ministre
de la justice. Krylenko a fait ses études dans les facultés
historiques et juridique de lUniversité de Petersbourg.
Il ne séparait pas, lui-aussi, les Echecs de lArt,
comparait ce jeu avec la poésie et la musique, le rapprochait
avec la Science.
6.2.2. Le portrait psychologique
du maître d'échecs
En 1925 Diakov, Petrovsky et
Rudik ont testé douze forts joueurs du Tournoi international
de Moscou (Dextreit, Engel, 1981). La conclusion générale
de leur étude a abouti au portrait psychologique du maître
d'échecs qui possède les qualités suivantes
:
Bon état de santé,
Des nerfs solides,
Maîtrise de soi,
Faculté de distribuer son attention à des objets
relativement sans liens,
Sensibilité à des situations dynamiques,
Esprit de type contemplatif,
Haut degré de développement intellectuel,
8. Caractère logique de la pensée mais dans le
domaine expérimental,
Objectivité et réalisme,
Mémoire spécialisée,
Puissance de pensée synthétique et «sens
positionnel»,
Facilité de combiner,
Volonté disciplinée,
Grande activité des processus intellectuels,
Discipline des émotions et de laffectivité,
Confiance en soi.
Ce travail a posé le
jeu déchecs en activité sérieuse,
en méthode dauto-développement des capacités
intellectuelles et dautodiscipline.
Edward Lasker a proposé de substituer aux seize points
ci-dessus les sept conditions (Ibid., p. 103):
Haut degré dintelligence (la culture est accessoire,
mais un fort joueur, même illettré, ne saurait être
stupide) ;
Capacité de penser objectivement (la subjectivité
est interdite car ladversaire est censé être
toujours objectif) ;
Capacité de penser abstraitement ;
Capacité de distribuer son attention à plusieurs
facteurs ;
Volonté disciplinée (le joueur doit pouvoir, à
volonté, accentuer vitesse et concentration de son esprit)
;
Nerfs solides et contrôle de soi ;
Confiance en soi.
A.Kotov et M. Youdovitch soulignent
dans leur livre (1979, p.187) :
«Les qualités exigées par le jeu déchecs
ne sont pas sans intérêt pour la vie sociale : discipline
de la pensée, organisation correcte du raisonnement, concentration
permanente et soutenue
Les échecs demandent aussi lesprit dentreprise,
de découverte, dinvention pour surmonter les difficultés
qui se présentent ainsi que les surprises dangereuses.
La nécessité de faire preuve constamment de persévérance
et de maîtrise de soi, de percer les plans du partenaire
confère aux échecs leur principale qualité
éducative.
Aux échecs, la force cest la pensée. La compétition
intellectuelle, lessai de ses forces en logique et en calcul,
en fantaisie et en invention, voilà ce qui fait lattrait
de ce jeu antique. La nature même des échecs recèle
des qualités qui en font un jeu privilégié
et un facteur culturel dimportance sociale. »
Notons que les adeptes des autres jeux intellectuels expriment
aussi les mêmes idées (en substituant les échecs
par leur jeu favori).
En 1932-34, Carl Ekoos a établi une correspondance statistique
entre laptitude au jeu et les résultats obtenus
dans six domaines : intelligence globale, capacité de
lecture et de mémorisation, résultats scolaires,
travail scolaire, travail échiquéen, expérience
échiquéenne antérieure. La conclusion principale
est que la capacité à bien jouer aux échecs
est directement proportionnelle au résultat moyen obtenu
dans ces six domaines.
Depuis 1936 dans les Echecs professionnels se sont produits de
grands changements qui ont permis aux joueurs soviétiques
de devenir les leaders de monde. David Bronsteïn, champion
de lURSS à plusieurs reprises et vainqueurs de nombreux
grands tournois internationaux, pense que ces changements ont
eu des conséquences négatives pour les Echecs :
« En effet, pour un dilettante les Echecs donnent une illusion
de la diversité des possibilités. Il regarde léchiquier
et croit : quel grand nombre de coups possibles ! Mais non !
Un pion ne bouge que dans une direction, les possibilités
de toutes les autres figures sont aussi limitées. Il semble
quil y a des milliards de combinaisons dans les Echecs,
mais ce sont les combinaisons stupides ! Dans les Echecs il faut
choisir un coup parmi les milliards dautres coups inutiles,
cest un modèle de la décision des problèmes.
Vous avez quelques possibilités dagir dans une situation,
vous navez le droit den choisir quune seule
et chacune des solutions a ses défauts. Dans la vie vous
pouvez attendre quelque temps, mais dans les Echecs vous êtes
obligé effectuer un coup en tenant compte de lappréciation
de cette position par votre adversaire. Quand les ordinateurs
sont apparus, ils ont tué tout définitivement.
Le triage des variantes et la sélection dune dentre
elles exclut le jeu dintellect. Car toutes les solutions
sont connues depuis longtemps. Et on sait comment jouer. Si je
joue ?-2 ?-4, on me répond ?-7 ?-6, cest la défense
française, alors je sais davance comment la situation
va se développer pendant plusieurs coups. Les situations
standardisées apparaissent
- Mais lArt du jeu déchecs, où a-t-il
disparu ?
- LArt existait, probablement, avant la publication, en
1936, des articles de Botvinnik et le début dapplication
du système de préparation échiquéenne.
LEcole soviétique des Echecs de Botvinnik a été
fondée sur les recherches. Quont-ils exploré
? La position initiale. Ce que faisait avant un match Lobanovski.
Mais les footballeurs
peuvent changer à nimporte
quel instant le plan initial tandis quun joueur dEchecs
ne le peut pas. Il est otage de son choix. » (Interview
de Dmitri Stakhov « Les seize case du mensonge »
(Chestnadtsat kletok obmana) / Ogonek ? 06 (4785) Février
2003).
On ne peut pas négliger cette déclaration dun
des grands joueurs des Echecs. Cest pourquoi, nous ne continuons
pas lanalyse des recherches sur le joueur d'échecs.
Notons que De Groot, au colloque de Pittsburgh (1966), avait
proposé quatre objectifs du programme de ces recherches
qui allaient servir de cadre pour les travaux des trente années
suivantes :
- comment fonctionne la perception échiquéenne
? quel est son rôle dans la performance?
- comment la mémoire échiquéenne se développe-t-elle?
- quelle est la structure de la mémoire à long
terme ?
- comment la mémoire à long terme fonctionne-t-elle
?
Charness, en 1992, a trouvé plus de deux cent cinquante
citations de ce programme de De Groot.
6.2.3. Le rôle de
lâge de début
Aristote avait déjà
noté que : «les premières impressions sont
toujours celles qui ont pour nous le plus dattrait. »
(Leif, Biancheri, 1966, p.36). Le grand maître Nicolaï
Kroguious, «détenteur dun quasi monopole
de la psychologie échiquéenne depuis de nombreuses
années» (Engel), a étudié beaucoup
linfluence de lâge dinitiation sur la
durée de la période des résultats optimums
et sur lintervalle séparant apprentissage et première
réalisation échiquéenne notable. Il affirme
que les joueurs ayant débuté dans lenfance
(soit avant lâge de 10 ans) deviennent grands maîtres
dun âge plus précoce que ceux ayant appris
à jouer à ladolescence (à partir de
11 ou 12 ans) et leur période de créativité
optimale est nettement plus longue.
En analysant un échantillon de 60 grands maîtres,
Kroguious a défini que lâge moyen auquel ils
apprennent à jouer aux échecs est de 10,5 ans.
Cependant, on observe parfois un apprentissage précoce
des règles avec quasi-immédiat et nouvel apprentissage,
définitif celui-là, quelque mois ou années
plus tard : « tout se passe comme si lapprentissage
ne pouvait avoir lieu de façon signifiante quà
la condition que lintérêt pour le jeu lui
préexiste. » ( Dextreit, Engel, 1981 ; Kroguious,
1986).
On voit ainsi que dhabitude même les futurs grands
maîtres ne commencent à jouer aux échecs
quà partir de 10-11 ans. Les règles abstraites
du jeu déchecs sont difficiles pour les jeunes enfants.
Pourtant Kroguious souligne limportance de linitiation
précoce. Cest pourquoi, les amateurs et les entraîneurs
des jeux intellectuels classiques ont accueilli le JIPTO avec
intérêt. Le JIPTO de base est facile pour les enfants
à partir de 5 ans, ils interprètent ses règles
chacun à sa manière : pour les uns ce jeu imite
une chasse, pour les autres cest une scène de conte
de fée. Les enfants, qui jouent au JIPTO, sinitient
plus vite aux autres jeux intellectuels.
Igor Soukhine dans lintroduction de son livre des Echecs
pour les jeunes enfants [1994] décrit les difficultés
dadaptation des enfants aux activités scolaires.
Un élève de la première classe (cest-à-dire
de la classe préparatoire) doit se soumettre aux règles
de la vie scolaire, il doit savoir se contrôler, se concentrer
sur létude, être discipliné et organisé.
Un élève doit être initié aux raisonnements
logiques, il doit savoir observer et mémoriser. Soukhine
souligne que les enfants passifs qui ne sont pas initiés
aux activités intellectuelles et qui naiment pas
réfléchir éprouvent de grandes difficultés
dadaptation à lécole élémentaire.
Après ces remarques, Soukhine expose son argumentation
sur limportance de linitiation précoce aux
Echecs :
« Et les Echecs peuvent venir ici en aide comme un bâton
magique, ils semblent être crées spécialement
pour la préparation les enfants à lécole.
Lactivité ludique favorise beaucoup le développement
des processus psychiques et de la volonté
Les Echecs
développent les facultés de réflexion de
lenfant qui commence à manipuler les représentations.
Lexpérience ludique permet mieux comprendre les
autres, aide prévoir leurs actions futures et les tenir
compte pour la choix de ses propres actions. Le jeu forme les
sentiments de lenfant, ses qualités morales
»
Notons que le JIPTO a été créé spécialement
dans des buts éducatifs, en particulier, pour la préparation
les enfants à lécole tandis que les Echecs
ont été modifiés sporadiquement pendant
des siècles, principalement dans le but de les rendre
plus intéressants pour les joueurs. Le JIPTO suscite lintérêt
ludique par la diversité de ses versions et par la grande
possibilité de leur adaptation pour tous les goûts.
« Les Echecs ne sont quun jeu qui procure aux enfants
beaucoup de joie et de plaisir, mais ils sont un moyen efficace
de leur développement intellectuel. Le processus de linitiation
aux Echecs favorise la faculté dorientation sur
un plan (qui est très important pour lécole)
et le développement des activités analytique et
synthétique, des facultés de réflexion,
de raisonnement, de conclusion, apprend lenfant de mémoriser,
de comparer, de généraliser, de prévoir
les résultats de ses activités, contribue à
la formation des qualités utiles comme la persévérance,
lattention, lautonomie, la patience, la souplesse,
la concentration, linventivité, etc. Cest
pourquoi, il faut commencer linitiation à ce jeu
sage le plus tôt possible, bien sûr, de la façon
accessible pour lenfant. L. Vygodski soulignait que lapprentissage
doit avancer dun pas le développement, le faire
progresser. »
On peut appliquer ces arguments au jeu de Dames, plus adapté
pour linitiation précoce, et au JIPTO. Soukhine
propose pourtant de commencer lapprentissage des Echecs
à partir de 3 ans :
« Un enfant de trois ans est déjà une personne
avec son monde intérieur particulier, ses habitudes, ses
désirs, qui saffirme obstinément et défend
son autonomie. Il maîtrise la parole, connaît plus
de 1000 mots, marche très bien, sait beaucoup faire, pose
des innombrables questions, éprouve une curiosité
vive pour son environnement
Lenfant pour la première fois se sent comme une
personnalité, se sépare des adultes. Il veut dorénavant
« être comme un adulte » mais il ne le peut
pas. »
Mais linitiation de tous les enfants au sport intellectuel
à partir de 3 ans est impossible ce que Soukhine reconnaît
dans les termes suivants :
« A trois ans lattention de lenfant est assez
développée mais elle est encore instable. Il ne
se concentre pas plus de 10-15 minutes même sur une activité
extrêmement passionnante. »
Cest pourquoi linitiation aux Echecs demande beaucoup
defforts et prend beaucoup du temps, Soukhine note que
« les leçons doivent passionner lenfant »,
« si nous voulons que lenfant assimile bien quelque
chose, nous devons lintroduire dans lactivité
de cet enfant », il faut « aider patiemment lenfant
à comprendre la différence des forces des diverses
figures » des Echecs :
« Par exemple, si nous commençons lapprentissage
des enfants plus grands par lexplication des termes comme
« rangée », « colonne », «
diagonale » et seulement après nous leur «enseignons
» les figures, pour les enfants de 3 ans cest assez
compliqué
il est mieux dabord de leur montrer
les figures échiquéennes et de montrer les «
voies » sur léchiquier pendant létude
des possibilités de chacune des figures
Nous conseillons daccompagner la lecture dun conte
didactique par sa représentation. Beaucoup denfants
ont des poupées : Neznaïka, Bouratino, Pertouchka
Utilisez-les pour la lecture-représentation du
conte et vous verrez comment augmente lintérêt
des jeunes enfants pour les leçons dEchecs. »
Comparons ces grands efforts, nécessaires pour apprendre
les règles des Echecs aux élèves des écoles
maternelles, avec la facilité de linitiation au
JIPTO :
Les Maternelles découvrent
les jeux intellectuels
«Courrier de lEure», Novembre 1997
«Si l'on dit que les enfants des classes maternelles sont
encore trop jeunes pour comprendre les jeux intellectuels qui
font appel à des stratégies, ils découvrent
cet univers et s'y plongent totalement sans même s'en rendre
compte quand on les fait jouer aux loups et aux moutons.
6.2.4. Le jeu déchecs
comme support pédagogique
Soukhine a rassemblé
dans son site http://chess555.narod.ru/pol.htm les articles et
citations des livres des adeptes russes de lintroduction
des Echecs dans léducation.
Cette sélection (à la date du 24.04.2004) commence
par lopinion de V. Soukhomlinski qui soulignait dans son
livre « Je donne mon cur aux enfants » lintérêt
(« importance ») des Echecs pour lécole
primaire car dans lécole élémentaire
« léducation intellectuelle occupe une place
importante, demande des formes et des méthodes du travail
spéciales ».
Citons encore B. Gerchounski, qui était en 1986 le Président
de la Commission « Les Echecs pour les Ecoles » de
la Fédération des Echecs de lURSS, dans son
article « Un allié et pas un concurrent »
affirme que « Une fonction pédagogique est une des
fonctions sociales les plus importantes des Echecs », que
les Echecs favorisent « le développement de lactivité
cognitive et de lautonomie, de la capacité de prendre
des décisions optimales dans les différentes situations»,
pour lui le rôle des Echecs « dans le développement
dune personne, indépendamment de son âge,
de sa profession, de sa qualification échiquéenne,
est évident ». Gerchounski explique le but principal
de sa Commission « Les Echecs pour les Ecoles »,
créée sur le modèle de la commission similaire
de la FIDE (Fédération Internationale des Echecs),
est « la poursuite de la vulgarisation des Echecs parmi
les jeunes, lorganisation de linitiation échiquéenne
pour tous, lanalyse de lexpérience accumulée
dans ces domaines ». Remarquons que les modalités
de lutilisation des Echecs comme supports pédagogique
et du transfert des compétences échiquéennes
dans les autres domaines ne sont pas encore bien étudiés
à cette époque, il note que les Echecs «
sont pourtant utiles non seulement pour lapprentissage
des mathématiques ».
Michel Noir dans lintroduction
à sa thèse en sciences de léducation
« Le développement des habiletés cognitives
de lenfant par la pratique du jeu déchecs
: Essai de modélisation dune didactique du transfert
» (Université de Lyon II, 2002) note :
« Dans plusieurs pays, de nombreuses équipes pédagogiques
ont introduit l'apprentissage du jeu d'échecs à
l'école pour les enfants de 7 à 10 ans. En France,
c'est le cas de certains instituteurs de classes de CE1 à
CM2, sur la base du volontariat pour la plupart.
L'attente des enseignants recourant à la pratique de ce
jeu est le développement des capacités de l'enfant
dans des domaines aussi variés que la concentration, la
mémoire, le raisonnement logique et la stratégie,
le respect de règles et de l'autre.
Les rares observations faites sur ces initiatives attestent que
les enfants, après deux années d'apprentissage
du jeu d'échecs, ont un niveau de performances plus élevé
que celui des enfants de même origine et de même
milieu social dans les matières exigeant des compétences
mettant en jeu logique, stratégie, mémoire et capacité
d'abstraction.
Les tournois de fin d'année bousculent même les
à priori que chacun peut avoir sur la corrélation
entre milieu social et résultats scolaires. Ce critère
motive la plupart des expériences conduites par des équipes
d'enseignants. »
Noir souligne que les psychopédagogues ont relevé
le bénéfice du jeu d'échecs pour l'enfant
confronté à l'apprentissage de certaines matières
:
« C'est notamment le cas pour le calcul arithmétique
et les mathématiques. Le problème d'échecs
s'aborde comme un problème mathématique : analyse
des données (les pièces sur l'échiquier,
leurs positions, les menaces, protections et combinaisons) énoncé
des hypothèses et simulation des coups possibles en déduction,
plan logique à suivre....
Si l'enseignement des mathématiques a pour but essentiel
de doter l'enfant d'une capacité de raisonnement et de
méthode, le jeu d'échecs est sans aucun doute celui
qui peut développer le mieux ses facultés dans
ce domaine. Observation - analyse - hypothèses - vérification-planification
- probabilité et calcul des variantes - analyse des conséquences
- toute la chaîne méthodologique est présente
dans ce jeu. »
Les mathématiciens professionnels ne peuvent considérer
laffirmation « Le problème d'échecs
s'aborde comme un problème mathématique »
que comme une métaphore, si le jeu d'échecs peut
« doter l'enfant d'une capacité de raisonnement
et de méthode » cela ne signifie pas quil
« peut développer le mieux ses facultés »
dans le domaine des mathématiques. Le domaine des mathématiques
est infiniment plus vaste et plus riche que le domaine de nimporte
quel jeu intellectuel.
Noir reconnaît :
« Pour que le but recherché - l'amélioration
des performances scolaires et celle des facultés de stratégie,
de mémoire et de concentration - soit atteinte, encore
faut-il que la méthode d'apprentissage d'échecs
soit conçue en fonction de ce développement et
qu'elle ne se limite pas à un apprentissage de la seule
matière échiquéenne.
De ce point de vue, les méthodes d'apprentissage du jeu
d'échecs à la disposition des instituteurs ont
la plupart du temps été créées par
des joueurs d'échecs et ne répondent qu'imparfaitement
à ce but. Aucune n'a été préparée
en prenant en compte les questions posées par l'apprentissage
de savoirs, leur transférabilité, et les méthodes
de didactiques, et à fortiori en ayant pour objectif de
transférer les habiletés développées
par la pratique à d'autres disciplines. »
Citons ses principales conclusions :
« Nous pourrons alors conclure sur l'intérêt
de la pratique du jeu d'échecs comme support privilégié
d'un enseignement centré sur le développement des
habiletés cognitives et des compétences transversales.
La première question que l'on peut se poser est celle
de la place d'un travail sur les habiletés cognitives
visant à développer des compétences transversales.
Trois options sont possibles dont les implications sont de portée
différente pour le système scolaire. Le choix entre
celles-ci est depuis longtemps objet de débats et d'interrogations.
- Une première hypothèse est la juxtaposition des
programmes disciplinaires et d'un temps dédié aux
apprentissages métacognitifs. Il s'agit là d'une
solution légère et souple, qui ne remet pas en
cause une organisation centrée sur les contenus disciplinaires,
mais qui soulève la question de la place laissée
à ce temps additionnel et celle de la prise en charge
de celui-ci
- Une deuxième approche peut se concevoir autour d'une
conception plus duale. Le temps disciplinaire coexiste avec un
autre champ, celui des apprentissages de compétences transversales.
Dans cette option, ce deuxième champ est institué
comme partie intégrante et principale, au même titre
que les contenus, disposant du même statut de valeur au
sein du curriculum
- Une troisième hypothèse verrait champs disciplinaires
et compétences transversales cohabiter, c'est-à-dire
faire l'objet d'une intervention concomitante de la part des
membres de l'équipe pédagogique. Cette dernière
méthode a suscité débats et affrontements
que nous devons mentionner. »
Noir sinterroge sur la finalité de lenseignement
scolaire :
« Quelle finalité ? Est-ce le respect de programmes
ou bien la vérification que les élèves ont
acquis des apprentissages, c'est-à-dire des utilisations
possibles de connaissances dans des contextes différenciés
? Dans les deux cas, la compréhension de l'objectif global
à atteindre, du « produit final » qu'est la
réussite éducative du sujet est nécessaire
pour bien maîtriser la partie de la chaîne dont on
est responsable. Et, d'évidence, dans l'hypothèse
d'une finalité axée sur les apprentissages transférables,
cette obligation de maîtrise du sens global est impérieuse.
Il y a, deuxièmement, l'image forte de l'éclatement
de la tâche entre plusieurs acteurs, éclatement
dont on infère qu'il conduit à un appauvrissement
de la tâche et à un intérêt minoré
de par l'absence de vision globale de l'ensemble du processus
d'apprentissage.
Lisons, pour illustrer notre interrogation sur la finalité,
ce que les instructions officielles définissent comme
finalité pour le collège, s'agissant d'une compétence
transversale primordiale, la logique :
Le collège doit développer la pensée logique.
Seul le développement de la pensée logique permet
à l'élève d'exercer son jugement et de penser
par lui-même.
Le développement de la pensée logique fait comprendre
aux élèves la nécessité en tout domaine
de recourir à des principes, d'observer des règles,
de suivre un ordre.
On accentuera progressivement sans rupture avec l'esprit des
classes antérieures, l'entraînement au raisonnement
déductif. -
Comment l'ensemble des acteurs
d'une équipe pédagogique d'une classe de collège
peuvent-ils atteindre cet objectif ? Est-ce chacun séparément
à l'intérieur de sa discipline ? Ou bien est-ce
à travers un travail en commun visant à concevoir
des contextes de transférabilité à partir
de son domaine vers les autres domaines ?
Plusieurs voies ont été explorées dans le
but de répondre à cet objectif d'un curriculum
plus intégrateur, que nous présenterons dans un
ultime développement. C'est en les examinant que nous
pourrons revenir à la question initiale de notre recherche
de la place possible du jeu d'échecs dans le curriculum
scolaire. »
Noir reconnaît « De l'évidence expérimentale
à l'utopie scolaire, et de l'utopie au changement, il
y a le long et difficile chemin sur lequel le poids du présent
et le scepticisme d'un système et de certains de ses acteurs
compteront beaucoup » car :
« Si l'on regarde ce qu'a été l'évolution
au fil du temps depuis que l'école de la République
existe, on ne peut que constater la tendance inexorable à
la multiplication des savoirs et des disciplines. Une telle logique
est-elle viable ? Nous connaissons depuis quelques décennies
une accélération inédite des savoirs nouveaux,
et un tel processus ne peut qu'amplifier la fragmentation des
savoirs. Le système scolaire a évolué, certes
à une moindre échelle, dans le sens de cette disciplinarisation
et de cet éclatement. Trop souvent, cela a signifié
une tendance a ignorer les territoires communs, singulièrement
en termes de méthodologie. L'idée d'interdidactique
peut-elle mettre un coup d'arrêt à cette évolution
? Il s'agit là d'une question et d'un enjeu qui ne pourront
être ignorés à l'avenir.
La logique d'apprentissage postulée par l'interdidactique
n'est plus une logique de discipline. Il en découle une
didactique qui n'est plus centrée sur un contenu mais
sur des situations-actions propres à faire travailler
sur les transferts entre savoirs. Les exemples développés
dans notre groupe d'expériences aussi bien que dans notre
didacticiel attestent de l'utilité du jeu d'échecs
comme moteur de génération de situations-actions
propres au développement des compétences transversales
et des habiletés cognitives.
Nous avions fait le choix d'un champ limité d'application
de notre recherche sur la didactique du transfert, celui du jeu
d'échecs. Et ce choix est trop circonscrit à un
domaine au regard des stratégies pédagogiques et
des curricula. Cela pour autant ne nous interdit pas de poser
une question : peut-on imaginer que le jeu d'échecs soit
un jour inscrit dans le curriculum scolaire en tant qu'outil
d'éducabilité cognitive ?
Pour cela il conviendrait qu'au préalable soit rassemblé
tout ce qui constitue l'épistémologie du jeu d'échecs.
Et c'est en s'éclairant de celle-ci que pourrait être
validée l'hypothèse de l'inclusion au curriculum
d'une didactique du transfert ayant pour support l'apprentissage
du jeu d'échecs. »
En effet, pour les adeptes
convaincus étant «Tout à la fois science,
art, sport et divertissement, les échecs représentent
la discipline-carrefour type. » (Dextreit, Engel, 1981,
p. ) Norbert Engel pense :
«Le projet pédagogique autour des échecs
est fondé sur deux principes : utiliser la motivation
quasi spontanée de lélève pour les
échecs en vue de susciter un intérêt ou de
faciliter la compréhension vis-à-vis dautres
disciplines ; ensuite faire usage de lunivers artificiel
créé par la règle du jeu comme modèle
détudes de situations concrètes
»
(Ibid., p.).
«Les instituteurs des petites classes de lécole
primaire sont unanimes à vanter un jeu qui permet à
lenfant de prendre connaissance de ses entoures (structuration
de lespace), qui lui apprend naturellement les rudiments
du nombre
Par ailleurs, le jeu prête à des
possibilités nombreuses comme travaux manuels (confection
de pièces en pâte à modeler), des déguisements
de théâtre (jouer des parties vivantes), des visites
de jardins de ville, en demandant aux enfants dimaginer
quon pourrait jouer aux échecs (dallage alterne
). Mais limmense mérite du jeu déchecs,
cest quil permet de répondre à une
des préoccupations fondamentales de lenseignement
moderne : donner la possibilité à chaque élève
davancer à son rythme propre. » (Ibid., p.).
Antonio Villar Marques de Sa
reprend ces arguments dans sa thèse « Le jeu déchecs
et léducation » (Université de Paris-X,
1988). Norbert Engel et Antonio Villar de Sa soulignent les possibilités
de lutilisation des échecs :
pour léducation artistique et culturelle ;
comme jeu de simulation ;
comme support pour lenseignement des mathématiques
et des autres disciplines scolaires ;
pour l'initiation à linformatique.
Nous pouvons donc formuler
« le Système Jeu déchecs» de
lutilisation des échecs dans léducation
( fondée sur « la motivation quasi spontanée
de lélève pour les échecs en vue de
susciter un intérêt ou de faciliter la compréhension
vis-à-vis dautres disciplines » ) de la façon
similaire au Système JIP avec les composantes :
Linitiation au sport intellectuel au moyen des échecs
(jeux, loisirs, distractions, sport) ;
Lutilisation du jeu déchecs pour léducation
artistique et culturelle (activités artistiques, activités
manuelles et artisanales, recherche historique, actualité)
;
Lutilisation des échecs pour léducation
scientifique (informatique, ordinateurs, robots, étude
du milieu humain) ;
Lorganisation des compétitions et des autres manifestations
pour perfectionner lart de communication des participants
(sport, loisirs, étude du milieu humain, correspondance
scolaire) ;
Lutilisation des échecs comme support pour lenseignement
des mathématiques.
En fait, en 1988, la formulation
du Système JIP a été effectuée sur
la base de lanalyse des opinions et conclusions des spécialistes
sur lutilisation des échecs et des autres jeux intellectuels
classiques dans léducation.
6.2.5. Les tentatives dintroduction
des Echecs à lécole
Norbert Engel reconnaît
les difficultés de lintroduction du jeu déchecs
dans les écoles :
« Pourtant, malgré ces arguments apparemment puissants,
les écoles où les échecs ont «pignon
sur la rue » sont encore lexception. Comment sexpliquer
cela ? Certes des activités ludiques nont pas bonne
presse dans le milieu scolaire, mais les raisons invoquées
sont plus précises, tantôt sincères, tantôt
hypocrites. Raison de motivation en U.R.S.S., raisons financières
en France, lourdeur de structure en R.F.A. Mais il est dautres
motifs, tel celui invoqué par «the National Institut
of Education » des Etats-Unis, prétendant quil
ne saurait y avoir transfert du don échiquéen à
dautres domaines du savoir, et quil vaut mieux faire
deux heures de mathématiques de plus, plutôt que
deux heures déchecs, si lon veut saméliorer
en mathématiques. Ce qui semble faire bon marché
de lintérêt de lélève
! Plus avant, les échecs apparaissent donc dans le monde
scolaire plus comme un concurrent que comme un complément
(sports, visites de musées, etc.) des matières
traditionnelles très important et non productif selon
les cours de notre société. » (Dextreit,
Engel, 1981, p. ).
La justification de lintroduction de cette discipline par
lespoir davoir ensuite le transfert du don échiquéen
à dautres domaines nest pas convaincant pour
les opposants. Par contre, largumentation élaborée
sur lutilisation des échecs comme support pédagogique
est plus convaincant. Mais largumentation sur lutilisation
du jeu déchecs dans léducation a été
toujours fondée sur son prestige et lintérêt.
Après la victoire de lordinateur sur Kasparov, ce
« grand mythe ludique » aurait perdu, « à
haut niveau, de son intérêt ».
David Bronsteïn a fait à ce sujet une déclaration
que nous devons prendre en considération:
«Lintellect résiste aux principes des Echecs,
qui sont en fait primitifs, comme le gain du rythme et de lespace.
Cest vrai que Nabokov croyait quil était plus
intelligent que tous les autres car il composait des problèmes
échiquéens. Mais les problèmes échiquéens
ne sont que des problèmes combinatoires. Les Echecs créent
une illusion de participation à une activité hautement
intellectuelle. Seulement une illusion. Croyez-moi, je sais ce
que jaffirme
» (Interview de Dmitri Stakhov
« Les seize cases du mensonge » (Chestnadtsat kletok
obmana) / Ogonek ? 06 (4785) Février 2003).
Cest pourquoi, aujourdhui, il est difficile de créer
un centre dintérêt durable avec les Echecs
et les utiliser comme support pédagogique. Malgré
cette situation défavorable, les adeptes des Echecs continuent
les tentatives dintroduction du jeu déchecs
à lécole avec le statut dune discipline
à part entière...
Soukhine dans son site (http://chess555.narod.ru/pol.htm)
évalue létat de lintroduction des Echecs
dans léducation (2004) de la façon suivante
:
« En 1993, le Ministère de lEducation de la
Fédération de Russie, lui-même, a demandé
de créer la première collection des documents pédagogique
et méthodique pour lécole élémentaire
qui a déjà été créée
en 1994. Mais il est encore tôt de parler de lintroduction
réelle avant de résoudre la question du personnel.
»
Citons les extrais du programme
des cours des Echecs pour les écoles élémentaires,
créés par Igor Soukhine :
COURS FACULTATIF « ECHECS
POUR LECOLE »
Edité en 1996 et réédité
en 1998, 2000, 2001 et 2002 :
Auteur : I. G. Soukhine
Extraits du programme de la
première année de formation :
« Le programme prévoit 33 leçons dEchecs
(une fois par semaine). Létude contient six thèmes.
Pendant chaque leçon on traite un sujet échiquéen
élémentaire avec lapprofondissement de certains
thèmes. On se concentre sur létude détaillée
de la force et de la faiblesse de chaque figure échiquéenne,
de ses possibilités dans le jeu. Le programme prévoit
que dans la première étape de linitialisation
les enfants pouvaient déjà évaluer, eux-mêmes,
les forces comparatives des figures et venir aux conclusions
que, par exemple, un Tour est plus fort quun Cavalier,
la Dame est plus forte quun Tour. »
En fin de la première année de formation les enfants
doivent connaître :
« les termes échiquéens: camps blanc et noir,
rangées, colonnes, diagonales, centre, partenaires, position
initiale, Blancs, Noirs, coup, prise, être sous un coup,
prise en passant, roques long et court, échec, mat, pat,
partie nulle ;
le nom des pièces: Tour, Dame, Fou, Cavalier, Pion, Roi
;
les règles du déplacement et de la prise de chaque
pièce. »
En fin de cette année de formation les enfants doivent
savoir :
« sorienter sur léchiquier ;
jouer avec chaque pièce séparément et avec
les autres tout en respectant le code échiquéen
;
mettre correctement léchiquier entre les partenaires
;
placer correctement les pièces avant le jeu ;
distinguer une rangées, une colonne, une diagonale;
effectuer un roque ;
déclarer un échec ;
mater ;
résoudre les problèmes élémentaires
du mat à un coup. »
Extraits du programme de la deuxième année de formation
:
«Le programme prévoit 33 leçons dEchecs,
une leçon par semaine. Si pendant la première année
de formation la majorité des leçons a été
consacrée à létude de la force et
de la faiblesse de chaque figure échiquéenne, maintenant
beaucoup de leçons sont consacrées aux méthodes
les plus simples dobtention des avantages matérielle.
Un grand pas pour les enfants dans la maîtrise des bases
des Echecs est de savoir mater.
Le cours contient six thèmes : « Brève histoire
des Echecs », « Notation échiquéenne
», « Valeurs des pièces échiquéennes
», « Technique de mat du Roi isolé »,
« Mat sans sacrifice du matériel », «
Combinaisons échiquéennes » »
En fin de la deuxième année de formation les enfants
doivent connaître :
« notation des rangées, des colonnes, des diagonales,
des champs, des pièces échiquéennes ;
valeurs des pièces échiquéennes, forces
comparatives des pièces. »
Les enfants doivent savoir :
« enregistrer une partie échiquéenne;
mater le Roi isolé avec deux Tours, avec la Dame et une
Tour, avec le Roi et la Dame, le Roi et une Tour ;
effectuer des combinaisons élémentaires. »
Extraits du programme de la
troisième année de formation :
Le contenu de la troisième année de formation est
plus compliqué que ceux des années précédentes,
cest pourquoi le programme « Echecs, troisième
année » prévoit 66 leçons dEchecs,
deux leçons par semaine. Sur la base des connaissances
et des compétences acquises les enfants approfondissent
leur perception de tous les trois stades dune partie des
Echecs
Le cours contient trois grands thèmes : « Bases
du début », « Bases du mittelspiel »
et « Bases dendspeil ». »
En fin de la troisième année de formation les enfants
doivent connaître :
« principes du jeu au début ;
principaux moyens tactiques ;
que signifient les termes: début, mittelspiel, endspeil,
rythme, opposition, champs clés.»
Les enfants doivent savoir :
«placer correctement les pièces échiquéennes
au début ; trouver des coups tactiques simple et deffectuer
des combinaisons ;
terminer bien le jeu dans les cas simples. »
Ce programme montre bien que
la complexité des règles abstraites des Echecs
demande des enfants de 7-10 ans de grands efforts pour leur assimilation.
On ne se concentre pratiquement quà linitiation
aux Echecs comme au sport intellectuel.
Par contre, « Le programme
du JIP « Sonor » de la formation de lesprit
créatif pour les enfants de 3-7 ans » [Tomski, Govorova,
(2002)], élaboré par la Fédération
Sakha du JIPTO sur la demande du Ministère de lEducation
de la Yakoutie est destiné non seulement au développement
individuel des enfants, mais vise aussi le développement
de la créativité des enseignants, eux-mêmes.
Donnons les descriptions raccourcies des modules de ce programme
:
Module 1. JIP ( Jeu Intellectuel
de Poursuite ) «Sonor »
- Kits du jeu.
- Règles du « Sonor ».
- Initiation au jeu.
- Stratégies du « poursuivant » et des «
fugitifs » dans le jeu « Sonor ».
- Tournoi amical du « Sonor ».
- Analyse des parties du JIP « Sonor ».
Module 2 «Sonor »
et initiation aux mathématiques
Utilisation du « Sonor » comme support de léducation
mathématique. Initiation à travers ce jeu aux notions
de base : nombre, espace, temps, calcul, lignes, figures, etc.
Module 3 «Sonor »
et dessin
Utilisation du « Sonor » comme support pour léducation
artistique. Compositions des kits du JIPTO avec aux sujets proposés
ainsi que la création des récits ou des contes
correspondants aux sujets des compositions artistiques du JIPTO.
Module 4 «Sonor »
et arts plastiques
Création des pions correspondants aux compositions du
« Sonor » et des panoplies pour les jeux géants
et théâtralisés.
Module 5 «Sonor »?
folklore
Ce module est destiné au développement des habilités
langagières. Pendant le jeu les enfants apprennent et
récitent les vers, des proverbes, des dictons correspondants
aux contenues.
Module 6 «Sonor » et léducation sportive
Les versions géantes et sportives du « Sonor »,
jeux théâtralisés, biathlon intellectuel
avec un plateau géant vertical où les coups sont
marqués par les fléchettes.
Lutilisation des Echecs
comme support pédagogique est plus difficile. Notons quà
lépoque de lengouement pour lintroduction
des «mathématiques modernes » à lécole,
le Ministère de lEducation du Canada a approuvé
le programme intitulé «Defi-mathématique
» dont le projet «Echecs et Maths » était
lun des six éléments (1984). Les échecs
étaient intégrés au programme de mathématiques,
dans lequel une heure par semaine était réservée
à ce jeu. Pour lannée 1987-88, cet enseignement
a touché 35000 élèves des écoles
primaires (Villar Marques de Sa, 1988, p.143).
En ce qui concerne léducation
supérieure, en 1966, on a été ouvert, dans
le cadre de lInstitut central de culture physique de Moscou,
une faculté des échecs où la formation se
fait «selon les programmes communs à toutes les
institutions denseignement supérieur, auxquels viennent
sajouter des cours de spécialisation échiquéenne.
Les étudiants promus enseignent dans les écoles
secondaires et sont entraîneurs déchecs. »
(Ibid., p.186).
La formation des enseignants
et des animateurs au JIPTO dans lInstitut pédagogique
et de lAcadémie pédagogique de Yakoutsk et
pendant les stages est centrée sur lutilisation
du JIPTO comme support pédagogique afin dutiliser
la motivation quasi spontanée des enfants pour sa version
de base en vue de développer leur créativité
et de susciter un intérêt ou de faciliter la compréhension
vis-à-vis dautres disciplines. |