Marc Alfred PELLERIN

Ecrivain, spécialiste des forêts, auteur de deux romans sur la Yakoutie

Deux missions en Yakoutie (1997, 1998)

www.pellerin.eu

Extraits du livre de Grigori TOMSKI, JIPTO et le Système JIP, Editions du JIPTO, 2005 :

Dans plusieurs pages de son roman N’oublie pas d’avoir peur (Gallimard, 2000), Marc-Alfred Pellerin évoque le JIPTO comme un élément important de la vie quotidienne en Yakoutie. Ce roman a gagné le prix «Sang d’Encre » de 2002.

Le JIPTO apparaît sur l’une des premières pages :
« Yakoutsk. Au siège du Journal de la Jeunesse Sakha. Le journaliste Volodia est seul dans son bureau, comme souvent en début d’après-midi. II a composé un numéro, attend.
À deux blocs de là, dans les locaux de la police judiciaire, Gennadi Orsoniev décroche, sans quitter des yeux l’écran sur lequel cinq rennes sauvages, figurés par de petits cercles blancs, tentent d’esquiver la poursuite d’un loup, figuré par un grand cercle noir. L’inspecteur Gennadi Orsoniev ressemble à l’idée qu’on peut se faire d’un moine mongol ou tibétain, ascétique et lettré. On lui donnerait entre vingt-cinq et trente ans. Son visage émacié, au teint brun, exprime une attention aiguë mais sans malveillance. Il est en train de se demander s’il ne tient pas une variante inédite aux règles du JIPTO. Une suggestion qui mériterait peut-être d’être communiquée au mathématicien Tomski, l’inventeur de ce jeu de poursuite. »
Commence une conversation « codée » dans les termes du JIPTO :
« Après un silence un peu bourdonnant dans le récepteur, une voix demande
- Loup noir?
Le nom de code qu’utilisait le journaliste Volodia Kyseliov pour téléphoner à Gennadi du temps où ils se rencontraient souvent, en amicale complicité. Le policier fronce les sourcils, répond
- Renne blanc.
Poursuivant leur conversation codée, ils se donnent rendez-vous au club de Jipto. Une fois là-bas, ils feront mine de s’être retrouvés par hasard. »

Le jeu aide à créer une ambiance particulière pour la rencontre de l’inspecteur Gennadi Orsoniev et le journaliste Volodia Kyseliov, à décrire leurs pensées et sentiments :
« Volodia arrive le premier. Le club de JIPTO est au centre de la ville, au rez-de-chaussée d’un immeuble mal construit, mal entretenu, dans l’atelier du vieil Ilya, réparateur de machines à écrire et grand adepte du jeu. Il y consacre d’ailleurs à présent presque tout son temps. A Yakoutsk comme ailleurs, les machines à écrire, même électriques, ne valent plus le prix d’une réparation. Pour l’été, la majorité des écoliers, des lycéens, des étudiants sakhas ont quitté la capitale. Rentrés au village, aider la famille à faire les foins. Dans la grande pièce vide, penché sur son plateau de Jipto le vieil Ilya joue une partie solitaire.
Le journaliste fait semblant de se poser soudain la question. Puis, lentement, comme menant une réflexion
- Si je me souviens bien, c’est la standardiste qui m’a passé ce correspondant. Il aura donc dû donner mon nom. D’un autre côté, j’étais seul dans le bureau. Il a pu demander seulement la rédaction. Je pourrais vérifier. D’un économe mouvement de tête, Gennadi décline la proposition. Volodia comprend que le policier médite l’information. Un renne blanc de Gennadi franchit la première ligne du territoire gardée par le loup noir. Un point pour Gennadi.
L’inspecteur questionne. Apprend que Lydia Alexandrova, femme de Viktor et soeur de Volodia, est en Ouzbekistan. Que Viktor Alexandrov est, lui-même, en mission aux États-Unis. »
Le journaliste Volodia (« Loup noir »), très excité, ne peut pas se concentrer sur le jeu, il « joue comme un loup ivre » :
« Un second renne blanc échappe au loup noir. Deux points pour Gennadi. Volodia éprouve la désagréable impression que le policier ne le croit qu’à demi. Pour se rassurer, il révise mentalement le scénario qu’il a construit : La Milice enregistre un appel anonyme. Un peu plus tard, lui, Volodia, reçoit, en tant que journaliste, le même message. Même voix, d’ailleurs, au cas où elle aurait été enregistrée par quelque service d’écoute. Lui, Volodia, téléphone alors au père de la jeune fille kidnappée, son propre beau-frère. Puis il met au courant et consulte, à titre personnel, son ami inspecteur. Jusque-là, tout se tient. En supposant que Gennadi désire mener sa propre enquête, il pourrait interroger la standardiste. Qui lui confirmerait la réalité du coup de téléphone, se souviendrait de l’insistance du correspondant. Parfait. Mais, soudain, une bouffée de chaleur monte au visage de Volodia. Si Gennadi interrogeait le portier, celui-ci risquerait de parler de la visite reçue le matin même par le rédacteur Volodia Kyseliov. Un garçon en treillis. Plutôt mauvais genre. Espérant ne pas avoir rougi, Volodia essaye de reconstituer la scène.
II se voit débouchant dans le hall, se diriger vers Inokenti. Pourquoi l’a-t-il fait si théâtralement, en écartant les bras ? Pourquoi a-t-il prononcé à haute voix son nom : Inokenti ! Et cette accolade ! Ces tapes dans le dos. Il entend encore Inokenti lui dire «Je ne t’aurais pas reconnu.» Il se voit lui prendre le bras et sortir. Et cette lèche-botte de stagiaire qui leur tenait la porte. Encore un qui pourrait témoigner si l’inspecteur enquêtait au journal.
En attendant, un troisième renne vient de sauter la ligne.
- Désolé, Gennadi, je joue comme un loup ivre. Je n’y suis pas du tout. Tu me comprends, j’espère. Cette histoire me tracasse. »
On apprend bientôt que le JIPTO a joué un rôle important dans la vie de l’inspecteur :
« Avant de s’endormir, couché bien à plat sur le dos, l’inspecteur Gennadi a fait le point de ce qu’il appelle l’affaire Volodia. Ce journaliste bienveillant, paternel, riche d’une souriante expérience, qu’il avait, un jour déjà étrangement éloigné, rencontré autour d’un plateau de JIPTO Cela remontait à l’époque où Gennadi venait d’achever ses études de littérature étrangère. Il découvrait le JIPTO et passait des heures à y jouer. Pour gagner de quoi survivre, il travaillait la nuit, dans un entrepôt de poisson. Emmitouflé, il chargeait sur des wagonnets des poissons raides comme des obus, empilés à l’infini le long d’un réseau de tunnels taillés dans le permafrost. Cette souterraine banquise, à l’éclairage imperturbable, au froid éternel, exerçait sur son esprit un effet anesthésiant. Quelques heures par jour, le JIPTO le maintenait en éveil.
Le journaliste avait pressenti le risque que ce mode de vie faisait peser sur l’avenir de son jeune partenaire. Il l’avait fait parler. De ses études, de son goût pour la littérature française et en particulier de l’admiration qui le portait à lire et à collectionner les livres de Georges Simenon. Après avoir consacré sa thèse au commissaire Maigret, Gennadi avait d’ailleurs commencé une traduction en sakha d’un des romans policiers de ce Belge dont Volodia n’avait jamais entendu parler. Pratique, le journaliste avait averti son cadet. Aucun avenir dans l’enseignement du français à Yakoutsk. Sans parler de la traduction. Et encore moins de la littérature. Mais, puisque le héros de ce Simenon était commissaire, pourquoi pas la police ?
En empilant ses poissons, Gennadi avait pesé plusieurs nuits la suggestion du journaliste. Une invitation à descendre du rêve dans la réalité. Mais quand Volodia lui avait finalement proposé de le recommander auprès d’un haut fonctionnaire de la police, Gennadi avait accepté. Dans ses moments de liberté, il pourrait toujours continuer sa traduction. Une fois devenu inspecteur, des occasions s’étaient présentées de rendre service au journaliste. Des renseignements. Des confirmations. Des mises en garde. De son côté, Volodia l’avait assisté dans sa carrière, en lui présentant l’un, le faisant valoir auprès d’un autre. »

Gennadi («Renne blanc») termine bien son enquête sur l’enlèvement mystérieux d’une fille du professeur Alexandrov. Il y a beaucoup de scènes de poursuite : sur la Magistrale qui joint Yakoutsk à la Transsibérienne, dans la taïga, sur le fleuve Léna avec les voitures, les bateaux et les hélicoptères. Volodia (« Loup noir »), plongé dans une relation amoureuse impossible et dans des problèmes psychologiques difficiles, finit par se suicider.

L’autre roman de Marc-Alfred Pellerin Inokenti ( Albin Michel, 2004) est directement inspiré par le JIPTO. Rempli de scènes de poursuite et d’évasion, il rappelle un peu les aventures de Tarzan et d’autres œuvres sur des enfants adoptés dans les forêts par les animaux. L’histoire se déroule pendant la dure époque de Staline. Dans une des premières scènes, Inokenti exilé dans le Grand Nord avec sa mère et ses frères, joue aux jeux de poursuite sur le bord de l’Océan Arctique.
« Soudain, Inokenti se lève. Il vient de penser au fils Ligatchev. En trois bonds sautillants, quittant la grève humide, il monte sur le banc de sable. Un mètre peut-être au dessus du niveau de la mer. De là, il voit tout. Quatre de ses frères, égrenés par rang de taille, courant vers le bivouac. Derrière, le fils Ligatchev, plus âgé, plus grand, courant beaucoup plus vite. Rejoignant le dernier, lui flanquant, sans même ralentir, un grand coup du plat de la main sur la nuque. Le frère tombe à genoux. Inokenti sait qu’il a mal. Qu’il serre les lèvres pour ne pas pleurer. Courant toujours, le fils Ligatchev n’est plus qu’à deux foulées d’un autre frère. Il est en train de venger l’injustice dont ses parents lui répètent qu’ils ont été victimes. Si des Ligatchev, russes de pères en fils, consciencieux fonctionnaires, ont été envoyés ici par erreur, les autres déportés, fascistes et yakoutes sont, eux, de vrais éléments antisociaux. Qui n’en baveront jamais trop.
Cahotant sur ses petites jambes, Inokenti se lance aussi vite qu’il peut vers le bivouac. Se mettre sous la protection du frère aîné. Que le fils Ligatchev, depuis un saignant corps à corps, n’ose plus approcher. Mais l’aîné les a avertis. Hors du bivouac, qu’ils se débrouillent. Le loup ne peut pas être après chaque louveteau. Inokenti court donc, se rapproche du bivouac mais aussi de ses deux derniers frères encore en fuite et du fils Ligatchev qui les poursuit, le bras déjà levé sur sa prochaine victime.
D’instinct, sans l’avoir pensé, Inokenti dévie sa route. Il ne court plus droit au but. Il écarte sa course de celle du dernier de ses frères que le fils Ligatchev poursuit encore. Bouche grande ouverte, haletant, galopant irrégulièrement, Inokenti, au lieu de foncer au bivouac, va l’éviter, le dépasser, le mettre entre lui et leur poursuivant. Le fils Ligatchev devine la manœuvre, infléchit sa course. Il va très vite. Inokenti n’a aucune chance. Mais il en donne une à son frère qui reprend du terrain.
Du bord de l’eau où se déroule la pesée du poisson, l’aîné de la famille observe la fuite de ses frères, la manœuvre d’Inokenti. A genoux sur le sable, une main à leurs nuques douloureuse, les trois frères déjà battus suivent avec un espoir étonné la course soudain hésitante de leur tourmenteur. Ils l’ont vu se détourner pour ne pas laisser Inokenti s’échapper. Puis revenir sur son autre proie. Trop tard. Le frère fuyard, soudain fou d’espoir et de fierté, a déjà trop d’avance.
La mère, absente aux jeux des enfants, accroupie tête penchée, raccommode les mailles du filet déplié tout autour d’elle. Entre ses lèvres gercées, une arrête d’esturgeon qu’elle utilise pour desserrer les nœuds. Intimidé, le fils Ligatchev n’ose pas approcher. Toujours courant, il contourne le bivouac. Il va couper la route d’Inokenti qui trottine désespérément, droit vers le feu, protection sacrée. Le fils Ligatchev court bras en tenailles, mains ouvertes, comme on le fait pour prendre un renne qui fuit au moment d’être attelé. Ce morveux-là, au moins, ne lui échappera pas. Terrorisé, le gamin trébuche, roule au sol. Le grand Ligatchev a juste le réflexe de l’éviter pour ne pas se prendre les pieds dans le petit corps roulé en boule. Mais aussitôt il s’arrête en fichant ses talons dans le sable, pivote, revient sur Inokenti. Flairant que cet avorton est plus dangereux à terre que debout, il se méfie d’un coup de pied. Mais ce sont deux poignées de sable qui lui incendient les yeux. Et Inokenti en profite pour se remettre à trotter vers le bivouac. Le fils Ligatchev a fait demi-tour. D’un pas incertain, se frottant les yeux, il s’éloigne. Arrivé au chenal, il fait quelques pas dans la mer, se baisse prend de l’eau dans ses mains en coupe, rince longuement ses yeux et ses paupières douloureusement ensablés. »
Ces jeux par leur cruauté soulignent les relations compliquées entre les différentes catégories des exilés (russes, polonais, lithuaniens, sakhas, etc.) et rendent le récit plus dynamique. Après une catastrophe naturelle, rescapé, il est emmené à la « Base 124 » :
« Un récit se dégage. Il est question d’un orage. Sans tonnerre. Sans nuage. Sans vent. Arrêté soudain, comme il avait commencé. Et puis la foudre tombée sur un banc de sable. Y laissant un trou et, au bord du trou, un enfant inanimé. Un yakoute. Que la baleinière a évacué. Le gosse de l’infirmerie.
Ensuite, l’océan était redevenu si calme qu’on ne lui prêtait pas plus attention qu’au ciel absolument serein. Et c’est pourquoi personne n’a vu, en plein après-midi, arriver la vague, ou les vagues; certains diront trois, d’autre sept. Quand l’océan déferla dans un énorme fracas, il était trop tard pour fuir. En quelques secondes, une effrayante plaque liquide submergea les bancs de sable, la plage. Dans son élan, elle franchit les dunes, noya la toundra, projetant pêle-mêle morts et blessés. »
Inokenti passe un long hiver en compagnie d’un médecin polonais, d’un exilé lithuanien, du commandant de cette base, il commence à jouer au jeu avec un « poursuivant » et cinq « fugitifs », representés par les petits galets. Ces trois personnages si divers, devenus ces amis, vont mourir de maladie ou d’accident.

Inokenti décide de s’évader et de fuir vers la Yakoutie Centrale, son pays natal. Sa longue route à travers la toundra et la taïga donne libre cours à l’imagination de l’écrivain, grand connaisseur de la nature, car Pellerin a été forestier dans sa jeunesse, puis a effectué beaucoup de voyages des Andes à l’Océan Arctique. Les aventures d’Inokenti sont extraordinaires : l’amitié avec des animaux sauvages, le gigantesque incendie de taïga, la rencontre avec une petite tribu de nomades délibérément coupée des autres hommes depuis des générations, etc.
Le garçon ne se sépare jamais, en aucune circonstance de son jeu qui lui suggère parfois des solutions salvatrices dans les situations difficiles.

Finalement, Inokenti est capturé :
« Bien des jours et bien des nuits plus tard, il sera surpris, désarmé et capturé dans son sommeil par des evenks appartenant à un sovkhoze d’éleveurs. Ils le poursuivaient à son insu depuis il qu’avait abattu et dépecé un faon de leur troupeau. Il ne comprend pas leur langue. Ne répond pas à leurs questions. On le convoie, pieds nus, en loques, ligoté sur un renne, jusqu’à un village, au bord d’un fleuve encore gelé. Aucun des trois miliciens russes du poste ne comprend la langue evenk. Ils congédient les sovkhoziens. Le plus jeune des miliciens interroge l’enfant qui reste muet.
Le plus vieux écrit sur un cahier que le délinquant a refusé de répondre à leurs questions. Le troisième emballe le pistolet, le ceinturon, les balles, le coutelas et six figurines de bois dans un morceau de papier huilé brun qui sent le rance. On conduit l’enfant dans une cabane sans fenêtre. On lui donne une portion de viande de renne fumée, une gamelle d’eau et on l’enferme. »

Bientôt il devient le « prisonnier N°162 » d’un camp, non loin de la Yakoutie Centrale. Son jeu devient rapidement populaire parmi les autres prisonniers et finit par intéresser le commandant du camp, grand amateur des Echecs.
Le roman se termine par un tournoi qui rend à Inokenti sa liberté : 
« Le commandant accueille debout Inokenti, le salue de la tête, lui fait signe de s’asseoir, s’assied à son tour. Désignant les cinq pions à têtes nues, le commandant veut savoir comment les nommer. Inokenti répond en yakoute que ce sont les évadés. Le commandant lève les yeux. Il a peut-être compris. L’interprète traduit littéralement. Un mensonge serait alors plus risqué que la vérité. Alentour, on chuchote de rang en rang. Le commandant a tendu les évadés à Inokenti. Lui-même dispose la figure à casquette trop large au centre de sa ligne de fond. Du 162, le commandant ne voit qu’un crâne tondu piqueté d’une repousse drue, d’un noir luisant. L’interprète précise que le jeu se joue en six manches. Sept s’il y a égalité. C’est une règle qu’il vient d’inventer. Car Inokenti a toujours joué et gagné jusqu’à ce que son adversaire renonce.
Le commandant demande au 162 quel est son prénom. Et quel présent demanderait l’enfant s’il battait le commandant ? Sortir du camp, répond Inokenti. Cette fois, pas besoin de traduire. Le commandant a compris. Déja les cinq détenus en bois de bouleau poussés par Inokenti se lancent vers la liberté. Il leur faut tourner le gardien à casquette, tromper sa poursuite.
Deux fois plus gros qu’eux, il se déplace deux fois plus vite. Mais ce sont les frères d’Inokenti qui galopent sur le sable pour échapper au grand Ligatchev. Et c’est lui, le plus petit, qui détourne la brute, l’écarte de ses frères. Ayant laissé s’échapper trois des cinq détenus, le commandant relève la tête, ne voit que le haut du crâne de son petit adversaire. Et c’est à son tour de jouer les évadés. De se faire manœuvrer, tourner, de perdre encore. Est-ce que ce jeu serait moins simple qu’il ne lui a paru ? Ou cet enfant, exceptionnellement habile et réfléchi ? Il n’y aura pas besoin de sept manches ni même de cinq ou de quatre. D’affilée, Inokenti a gagné trois fois.
Le commandant a tenu parole. Il a confié lui-même l’enfant sans patronyme à l’institutrice du village de pêcheurs. »

Nous voyons que dans les romans de Marc-Alfred Pellerin le JIPTO est utilisé avec un grand art pour les descriptions des caractères des personnages, de leurs sentiments, pensées et buts. Les deux romans que nous avons analysés sont très différents. Dans le premier il y a beaucoup de personnages : jeune et belle fille du marché, un député, un journaliste américain, les membres des mafias russe et americaine, les scientifiques, les hommes d’affaires et même le Président de la Yakoutie. Les phrases sont courtes et nettes, il y a beaucoup de dialogues. Edourd Waintrop le commente dans les termes suivants : « Le rythme qu’il arrive à donner à cette histoire, la façon dont il noue les destins de tous ses personnages font qu’on lit ce polar subpolaire comme on avale une vodka : d’un trait » (Libération, 16.11.2000). Le deuxième roman contient de nombreuses descriptions des paysages dans les diverses saisons de l’année, le personnage principal est souvent seul ou en compagnie des animaux sauvages, il y a très peu de dialogues.

Ainsi, étant un jeu de poursuite, le JIPTO s’intègre parfaitement dans des œuvres de genres très différents, rend le récit plus vif et aide leur auteur à exprimer et à décrire d’une nouvelle façon des nuances psychologiques fines, fournit des comparaisons inhabituelles.

 Btigitte PELLERIN

 Artiste

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© JIPTO, Grigori TOMSKI, 1988

AIGLE

Jiptographe : Brigitte PELLIRIN, 1997  

Librairie du JIPTO

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