Olonkho

Epopée héroïque sakha
Les épopées héroïques sakhas et des autres peuples turco-mongols donnent l’idée de la mentalité et des valeurs morales des peuples des steppes.
Amour du pays natal. Le pays des Sakhas dans leurs épopées n’est pas dans le Grand Nord mais plutôt non loin de la mer Aral :
«J’ai voulu regarder vers l’Ouest, là j’ai vu la mer Arât aux huit échappées, huit jours de marche pour la contourner sont nécessaires, grandiose elle ne cesse d’être et sonne ses lames. Cette contrée, tel le nombril de la terre, pleinement épanouie s’affirmait comme une incomparable beauté. Ce centre du monde dans sa pleine et luxuriante beauté atteignait la limite de sa perfection comme cette plaine au-delà du regard, celle dont on ne connaît pas les bords.» (Les guerriers célestes du pays yakoute-saxa, Gallimard, 1994, p. 45-46).
Mais ce pays est en danger :
«Oh, oui, c’est la vérité ! Les heureux habitants et le bétail du Monde du Milieu, les Abasy d’en haut et d’en bas commencent avec violence à les offenser, ils sont même prêts à détruire tous les heureux habitants et leur bétail, ...» (Ibid, p. 47).
Valeurs chevaleresques. Les chevaliers sont prêts à défendre leur pays, ils sont bien armés :
«Là, on pouvait trouver l’arc long, distingué parmi les plus beaux, lançant la flèche sifflant à travers les neuf ciels, il était fait de bouleau, arbre du pays Xamar Imên, renforcé par l’écorce du bouleau qui croît au pays Toumân Imên, collé avec fiel du poisson de la mort, la corde avec le tendon dorsal d’un énorme lion.» (Ce n’est pas le Grand Nord !) «On pouvait trouver aussi la flèche alerte noircie, celle qui pousse un cri et passe à travers huit ciels ; ici encore gisait la longue épée porte-mort, sur laquelle dents et lèvres de l’adolescent dressé de l’autre côté de la forêt se reflétaient. La lance à double tranchant était là, clairement s’y reflétaient les yeux et les sourcils de la jeune fille épanouie...» (Ibid, p. 53).
Un jour, le chevalier venu du Nord capture et emporte la soeur du héros. La poursuite commence :
"Niourgoun Bôtour l'Audacieux, aussitôt à cheval, prit tout droit la route du Nord avec son beau fouet sacré aux huit extrémités, aux sept épaisseurs, il éleva la main et le fit claquer. Son cheval, avec ses quatre forts sabots semblables à des meules de foin couvertes de neige détachait de la terre une pierre noire, grosse comme le ventre d'une vache étendue. Les oreilles du cavalier résonnaient, les ailes du grèbe résonnent ainsi. Sur son visage, le fouet du vent jouait, les baguettes de saule sont aussi cinglantes. Les gouttes de vapeur que le cheval expirait, aussitôt durcissaient en glace. Avec un sifflement qui se prolongea pendant trois jours de route, les sabots fendaient la terre et la dispersaient aussi loin qu'allait en un jour un homme à pied. Les jeunes arbres se plaquaient au sol, tels des tendons qui ceinturent un dos en mouvement. Les puissants arbres se pliaient, la queue du boeuf ainsi se plie. Les rageurs éclairs étaient ses compagnons de route, les coups de tonnerre, ses messagers. Ainsi il allait, dit-on." (Ibid, p. 61-62).
Les chevaliers sakhas sont très nobles, ainsi Niourgoun ne tue pas son adversaire endormi, il pense :
«Si tout de suite je le tue, le transperçant de part en part, alors, trois pays tout entiers, les gens me railleront, il se mettront à rire et à me harceler : «Pauvrelet, craignant d’être vaincu, tu as tué ton adversaire à la façon des voleurs !» Je préfère pour moi une mort honorable.» (Ibid, p. 103).
Rêve d’une vie heureuse et paisible. Les poèmes épiques sakhas contiennent souvent des dizaines de milliers de lignes, ils sont remplis de scènes de poursuite et des exploits fantastiques des chevaliers nobles. Le récit se termine toujours par le mariage du héros principal, sa noce qui est en même temps la fête de la victoire. La chamane divine les bénit :
«qu’il soit ainsi, que récompense et châtiments soient distribués, les massacres de mort sont terminés, et il s’éloigne, le destin noir plein de ruse. Aux fils qui n’ont qu’un oeil, les Abasy, ne vous mélangez plus jamais ! Vivez dans la paix pour faire des barrières au bétail fécond, pour construire des berceaux à vos enfants, la descendance de votre descendance.» (Ibid, p. 127).

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