E-G.L. 3 FRH
Elisabeth-Gertrude Larmagauche : 4ème épisode
E-G.L. 5

La vie extraordinairement ordinaire d'Elisabeth-Gertrude Larmagauche, infirmière (4)

Résumé des épisodes précédents :

L'étudiant que j'avais embauché pour résumer les épisodes précédents s'étant saoulé la tronche au Pétrus 61 (quels cochons, ces étudiants), je l'ai viré. Il n'y aura donc plus de résumé des épisodes précédents.

Chapitre 4 : Pétoooonncleeuuu !

C'est donc à l'automne 1972 qu'Élisabeth-Gertrude emménagea dans un studio grand confort au 23bis de la rue Wolfgang-Amadeus Von Thaïkovski à Juvisy sur Orge (Essonne). L'immeuble était étrangement conçu : on y trouvait sur le même palier des appartements de différentes tailles, du studio au f5. Élisabeth-Gertrude allait donc faire connaissance avec l'animal le plus nuisible de l'univers et du Calvados réunis : le voisin de palier. Mais n'anticipons pas, et revenons au sujet qui nous passionne: la vie sexuelle d'Élisabeth-Gertrude.
Comme vous le savez, le but, inavouable et pourtant avoué, de notre héroïne, était de mettre dans son lit le célèbre et très médiatique professeur Pétoncle Leerdamer. Mais hélas, le fringant neuro-chirurgien ne lui accordait pas même un regard, se contentant d'en réclamer toujours plus à la porte du poison de la paranoïa (1). Elle décida alors de se renseigner sur la vie privée du beau ténébreux.
Au rez-de-chaussée de son immeuble, luisait sans vergogne une plaque de cuivre ou l'on pouvait lire (à condition, bien sur, de savoir lire) ces mots: "Gédéon-Nestor Burnecreuse, Détective privé (de ressources). Enquêtes, filatures, coculogie." Intimidée, Élisabeth-Gertrude rassemble alors ses forces devant les bureaux du célèbre détective de Juvisy sur Orge, et sonne (2).

Gédéon-Nestor Burnecreuse était un grand gaillard entre deux âges, voire un peu plus. Son regard vitreux et son teint couperosé trahissaient un amour inconsidéré pour diverses boissons, à l'exception toutefois du monoxyde de dihydrogène qu'il ne tolérait qu'en petite quantité dans un grand verre de [               ] (3). Les pieds sur son bureau, une gitane maïs à la bouche, une bouteille de Valstar à la main, il regarda sans la moindre émotion entrer cette jeune femme plutôt bien roulée, dont le visage lui rappelait vaguement quelque-chose. C'est lorsque sa peut-être future cliente se présenta que Gédéon-Nestor sursauta. J'entends par là, les réflexes usés du détective ne lui permettant plus guère de sursauter, que son sourcil gauche monta d'un demi-millimètre. Le nom des Larmagauche lui évoquait des souvenirs de licence et de stupre. Il avait en effet été l'un des clients les plus fidèles du Dégorgeoir.
Comprenant immédiatement à qui elle avait affaire, Élisabeth-Gertrude sut que les services du détective ne mettraient pas à mal son compte en banque, et quelques secondes plus tard, à genoux devant Gédéon-Nestor, elle pompait, sans conviction mais avec une dextérité qu'elle tenait de sa grand-mère paternelle, un membre à peine plus gros que la gitane maïs que le détective gardait au bec. L'affaire fut donc rondement menée. En échange de cette gâterie, Gedéon- Nestor promit à notre héroïne un rapport circonstancié sur les activités extra-professionnelles de Pétoncle Leerdamer.
Mais hélas, le vieux limier ne pensait qu'à fumer, et il bascula sur le terrain de l'enquête.

Élisabeth-Gertrude, après avoir pourtant largement payé de sa personne, se retrouva le bec dans l'eau, sans rien avoir appris sur le professeur. Elle un conçut un certain ressentiment à l'égard du Gédéon-Nestor Burnecreuse, et lui garda un chien de sa chienne. Mais ceci est une histoire dont nous reparlerons plus tard. La vengeance, chez les Larmagauche, est un plat qui, Delon... pardon, Alain star des plats principaux des cantines Sodhexo, se mange tiède.
En bonne descendante directe de la dynastie Larmagauche, Élisabeth- Gertrude fréquentait assidûment l'estaminet « chez Germaine », où elle s 'était liée d'amitié avec Ginette, la fille unique et préférée de Germaine. A cette époque, Ginette promenait fièrement un ventre proéminent dont l'avait gratifiée un routier de passage dans le hangar à Valstar. Car malgré un prix défiant toute concurrence, le stock de Valstar ne diminuait plus guère, depuis la mort de Léon-Olivier Larmagauche. Et Germaine se lamentait sur ces hectolitres de nectar ambré, qui semblaient devoir rester là pour l'éternité. Elle ne se doutait pas que 25 ans plus tard, une bande d'hurluberlus allait épuiser le stock en moins de deux semaines... Élisabeth-Gertrude demanda donc conseil à son amie Ginette qui, de trois ans son aînée, avait accumulé une expérience hors du commun sur les choses du sexe et de la séduction.
- Ce qui merde, chez toi, c'est les fringues " lui dit son amie avec un franc-parler digne d'éloges (maçonniques). Elle lui fit alors cadeau des accessoires de la séduction féminine, à savoir un tee-shirt moulant, une minijupe en skaï, une paire de bas résille et une autre de chaussures à talons aiguilles.
- Fringuée comme ça, ma chérie, tu le fais tomber en moins d'une seconde, ton tripoteur de neurones ".

Le lendemain, elle se pointa à l'hôpital Marcel Petiot affublée de ces fringues pour le moins inhabituelles, dans un hôpital de la classe de Marcel Petiot. Certes, elle ne passa pas inaperçue en faisant sa tournée des chambres. Mais à la fin de la matinée, elle n'avait toujours pas croisé son héros. C'est au début de l'après-midi que la chose se produisit. Dans un couloir, elle vit en face d'elle arriver le Professeur Pétoncle Leerdamer. En le croisant, elle lui jeta une oeillade assassine dont elle avait le secret, oeillade propre à faire bander la momie de Toutankamon. Le professeur la gratifia d'un regard surpris, accompagné d'un « 'jour » distrait.
- Mais qu'est-ce qu'elle a à se fringuer telle une pétasse, cette idiote ? Elle serait plutôt bien foutue... " pensa-t-il avec modération. Quoi qu'il en soit, c'était bien la première fois qu'il la remarquait, et à cet égard, le but d'Élisabeth-Gertrude était atteint (ce n'était pourtant pas de la tarte...). En s'éloignant, le chirurgien essayait d'imaginer l'infirmière en jupe plissée et socquettes blanches. Car sa perversion était ailleurs...

(à suivre si vous le voulez bien...)

(1) Je place ici une sournoise allusion que seuls certains Grands Initiés pourront comprendre. Les autres voudront bien m'en excuser et aller se faire cuire un homme schizophrène (le temps en est venu). J'ai parfois l'impression de parler au vent.
(2) Vous en rêviez, Vincent l'a fait.
(3) Emplacement publicitaire à louer.
 

© Vincent Marchal

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