E-G.L. 5 FRH
Elisabeth-Gertrude Larmagauche : 6ème épisode
E-G.L. 7

La vie extraordinairement ordinaire d'Elisabeth-Gertrude Larmagauche, infirmière (6)

Résumé des épisodes précédents :

Tout a commencé il y a environ dix-sept milliards d'années, par l'Explosion Primordiale, aussi appelée « Big Bang ». Mais ce n'est que bien plus tard que la vie est apparue sur terre. D'abord sous la forme d'organismes procaryotes, qui peu à peu, ont évolué vers des formes de vie moins primitives telles que les bactéries, les unicellulaires, puis les multicellulaires.
Ensuite sont apparus les premiers animaux à squelette externe, puis, il y a quelques cinq cent millions d'années, les premiers vertébrés. Il faut pourtant attendre encore trois cent millions d'années pour voir apparaître les premiers mammifères. Ceux-ci étaient ovipares. Les premiers vivipares virent le jour il y a cent dix millions d'années, les premiers grands singes il y a trente millions d'années.
Ces grands singes évoluèrent alors, avec la lenteur dont sait faire preuve la nature, vers les premiers homidés (Ramapithèque).
L'évolution continuait toujours avec lenteur, et, après différents stades qu'il serait fastidieux de citer dans un résumé, l'homo sapiens vit le jour il y a cinq cent mille ans. Puis l'homo sapiens évolua. La nature le dota petit à petit, avec une patience infinie, de tous les attributs qui sont l'apanage de l'homme tel que nous le connaissons aujourd'hui, pour arriver enfin à l'être le plus complet, le plus abouti, à la machine biologique la plus complexe de l'univers, bref, à la perfection vivante, j'ai nommé Élisabeth-Gertrude Larmagauche (1).

Chapitre 6 : Voisin, tu me les brises.

Et le temps passait. Et la vie continuait. Vous-vous en doutez peut-être, mais c'est ce qu'ils avaient, l'un et l'autre, de mieux à faire. Élisabeth-Gertrude Larmagauche en profitait sournoisement pour passer son temps à continuer de vivre.
Mais hélas, sa vie devenait de plus en plus terne et monotone, la seule distraction de notre héroïne étant la lutte sans merci qui l'opposait à l'incompréhensible résistance de Pétoncle Leerdamer. Il était pourtant une personne qui, au quotidien, brisait la monotonie de sa triste existence: François-Norbert Maigrepine (2), son voisin de palier. Bien sur, l'immeuble du 23bis rue Wolfgang-Amadeus Von Thaïkovski à Juvisy sur Orge (Essonne) possédait son lot de demeurés, de pisse-chagrins et d'emmerdeurs. Il serait fastidieux d'en faire ici la liste (chic !) intégrist... pardon, intégrale, mais je ne saurais passer sous silence le panel de personnages hors du commun qui peuplait la résidence.

René-Patrick Rougelimé, l'homme à tout faire de l'immeuble, ancien légionnaire, alcoolique et totalement demeuré (3), passait son temps dans les escaliers, à tenter de résoudre le grand mystère qui l'obsédait depuis toujours: que peut-il bien y avoir sous la robe des femme? Lui qui n'avait eu de relations sexuelles qu'avec des chèvres ou des adjudants...
Jean-Saturnin Loremus, que l'on surnommait l'Abbé, était un prêtre défroqué, reconverti dans la vente de cassettes à caractère pornographique. Les gamins de l'immeuble le fuyaient comme la peste.
Eugènie-Suzanne Berlingué, pucelle et fière de l'être, passait le plus clair de son temps à éviter les avances de René-Patrick. La pauvre femme, maigre comme l'intelligence d'un posteur sur frh et plus barbue que le zouave du pont de l'Alma (4),  ressemblait tellement à une chèvre qu'elle excitait la libido de l'ancien légionnaire.
David-Vincent Lenvahi ne possédait pas de signe particulier. Il me permet toutefois de placer ici une allusion discrète, visant à encourager Stratocaster à nous écrire un nouvel épisode des aventures de David Vincent.
Alexandrovich-Bénito Beruriez. Mi Russe, mi Italien, mi Colombien, plus connu sous le sobriquet de "triple-moitié", était soupçonné d'accointances avec la maffia. Il n'était plus le même, depuis qu'il avait perdu son dard dans un accident de chasse (d'eau) (5).
Olga-Gerda Monsaindou était sans aucun doute la femme la plus laide que notre bonne vieille terre, qui en a pourtant vu, ait jamais portée. Dégoulinante de mauvaise graisse et de sueur, poilue, ventrue, cuissue, toujours affublée de tenues extravagante qui mettaient en valeur ses monstrueux bourrelets , elle était une nymphomane convaincue, et poursuivait de ses assiduités tous les hommes de la résidence.
Mais cette sombre brochette d'hurluberlus semblait fade et dérisoire, à coté de François-Norbert Maigrepine. Ce sinistre gaillard était, je vous l'ai dit, le voisin de palier d'Élisabeth-Gertrude. Entré comme technicien de surface chez Sodhexo, François-Norbert Maigrepine, ne reculant, si j'ose dire, devant rien, était passé contremaître grâce à l'homosexualité du directeur. François-Norbert Maigrepine militait activement au sein d'une organisation qui prônait la préférence nationale et la pureté de la race. Sa femme, Florence-Nestorine, timide et effacée, l'aidait à coller les affiches à chaque élection. Elle ne partageait pas vraiment les idées de son mari, d'ailleurs, elle n'entendait pas grand-chose à la politique, mais si elle refusait de participer aux campagnes de collage, François-Norbert la cognait sauvagement, en évitant toutefois de laisser des traces au visage.
François-Norbert Maigrepine détestait les animaux, et ne manquait jamais l'occasion d'un coup de rangers bien placé chaque fois qu'il croisait un chat ou un chien dans les escaliers. Seul le pitbull de Jean-Patrick Rougelimé échappait à ses sévices. Allez savoir pourquoi...
François-Norbert Maigrepine possédait une Renault 12 bleue, agrémentée de toutes les options nécessaires au standing de son propriétaire: queue de tigre pendue au rétroviseur, couvre-volant en moumoute, auto-collant "Gordini", etc...
Pour couronner le tout, François-Norbert Maigrepine n'hésitait jamais à mettre sa main de facho aux fesses  d'Élisabeth-Gertrude chaque fois qu'il la croisait.
A cette époque, la mère Maigrepine se trimbalait un polichinelle dans le tiroir à rejetons. "Aïe, aïe, aïe", se disait Élisabeth-Gertrude in petto, ce qui était son droit le plus strict, "si ces deux là se reproduisent, on est mal partis pour l'amélioration de la race humaine", faisant ainsi une allusion involontaire au résumé des épisodes précédents.

Et malgré tout, François-Norbert Maigrepine allait être une aide précieuse dans l'oeuvre qu'Élisabeth-Gertrude s'était juré de mener à bien : se venger de l'affront que Gédéon-Nestor Burnecreuse, le détective, lui avait fait subir.

(à suivre si vous le voulez bien...)

(1) Pour en savoir plus: http://perso.libertysurf.fr/pythacli/ (publicité gratuite et sans obligation d'achat).
(2) Au départ, il s'appelait Jean-Pierre. Mais il a préféré garder l'anonymat. On le comprend...
(3) Qu'il est doux, parfois, de pléonasmer.
(4) Non. Le zouave du pont de l'Alma ne s'appelle pas Monsieur Paul.
(5) Les plus malins d'entre vous auront, mentalement, mis une majuscule à dard. Je te leur en congratule le scrotum avec une plume d'autruche.
 

© Vincent Marchal

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