18 ) Backstab
Vertu leva un instant les yeux de son travail et aperçut en contrebas un groupe d'arbalétriers en position de tir, visant ostensiblement Tiberius qui avait omis de se coucher. Elle bondit sans réfléchir, souple comme un chat, et le faucha aux genoux. Il tomba à terre, à l'instant précis où un carreau enflammé se fichait dans le métal là où sa tête ne se trouvait plus. Vertu se releva, adossée à la porte ornée de runes. Elle aida le jeune mage à se relever, à couvert.
Derrière la voleuse, la porte extérieure s'ouvrit, sans un bruit.
- Franchement, qu'est-ce que vous feriez si je n'étais pas là ?
Quel était ce choc dans son dos ? Cette faiblesse soudaine ? Pourquoi Redshirt la regardait-elle avec cet air effaré ? D'où venait tout ce sang qui maintenant maculait sa toge et sa figure ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à tomber ?
- Ils vont le savoir tout de suite, ricana derrière elle une voix qu'elle reconnut tout de suite.
Condeezza Gowan retira son épée du cur de Vertu, qui s'effondra face contre terre, vomissant son sang, incapable de respirer. La Reine Noire la retourna sans ménagement d'un coup de botte, sans un regard pour les deux magiciens. Vertu vit le visage hideux de son ennemie penché sur elle, déformé par une fureur indicible. On aurait dit la face d'une lionne achevant une antilope après une trop longue traque.
La douleur n'était rien, Vertu n'était que stupeur.
ça ne pouvait pas finir ainsi.
Trop bête.
Même pas vengée.
Injuste.
Mort.
Peur.
Vertu Lancyent sombra dans la nuit, tandis que résonnait dans toute la Tour de Fer le rire triomphant et douloureux de la Reine Noire, enfin victorieuse après tant d'années. Un rire mêlé à un rugissement de dépit, car dans l'âme tumultueuse de cette fille des enfers, il était révoltant que tant de rancur accumulée s'achève par cette agonie si brève et presque indolore.
Tiberius resta frappé par la présence écrasante de la Reine Noire, elle-même sous le coup de sa victoire aussi soudaine qu'imprévue, sur sa pire ennemie. Morgoth, lui, ne réfléchit pas. Il jeta sa chaîne de combat qui s'enroula autour du cou de Condeezza, qui glapit de rage. Mais il n'avait pas la vigueur d'un guerrier, ni sa vivacité, et avant qu'il ne parvienne à lui trancher la gorge, sa terrible adversaire avait lâché son épée ensanglantée et, prenant à pleine main la chaîne qui l'étranglait, s'en assura la maîtrise. Elle projeta soudain contre Morgoth un violent éclair d'azur aveuglant contre son ennemi pour s'en dégager. Choqué, il recula jusqu'à traverser la porte derrière lui, qui venait enfin de s'ouvrir. là, titubant, il vit avec un relatif détachement la Reine Noire venir sur lui, sans empressement, sûre de sa victoire sur un si piètre adversaire. Son ennemie disparue, elle se sentait en effet invincible.
Un nouvel éclair frappa Morgoth, qui mit genou en terre sous l'effet de la douleur.
- C'est à elle que je réservais ce traitement, mais puisqu'elle est morte avant son tour, tu vas avoir l'honneur de subir à sa place les mille agonies que je lui réservais. Souffre donc, sorcier.
Et derechef, les éclairs jaillirent, plus puissants que jamais, arrachant de cruels hurlements d'agonie à notre héros qui se tordait maintenant par terre comme un lombric au soleil. Si puissante était l'énergie dégagée par la Reine Noire que le corps martyrisé de Morgoth ne pouvait la contenir, et s'échappait autour de lui en tourbillons mystiques, en éclairs secondaires qui rebondissaient dans toute la vaste salle circulaire où se déroulait le combat.
Car en fin de compte, ils étaient parvenus à la salle du condensateur. La machine en elle-même semblait n'être qu'un amas de bulbes et de dômes de porcelaine et de verre, transpercés par des piques de cuivre poli, le tout haut comme un immeuble de trois étages. Deux surprenantes créatures s'activaient autour d'elle, pour autant qu'on put les qualifier de créatures. Car les golems de magie n'étaient que des conglomérats de sphéroïdes, de rubans, d'étoiles et de nuées mystiques, flottant librement au sein d'une forme invisible mais vaguement humanoïde, hauts chacun comme deux hommes. Incrédules, ils s'étaient figés pour observer les deux combattants, ne sachant trop que faire, car le monde des êtres organiques leur était totalement étranger et parfaitement incompréhensibles, eux qui n'étaient soumis qu'aux lois de la magie.
Puis, ils virent que la plus puissante des deux entités, qui avait visiblement le dessus, projeta une puissante décharge contre le condensateur. Certes, celui-ci était conçu pour en absorber bien plus, mais pas de cette façon, pas à cet endroit. Avant que les deux gardiens n'aient pu faire quoique ce soit pour rétablir la situation, les délicats équilibres qui régnaient dans la machine furent rompus, et une chaîne incontrôlable de déflagrations mystiques se mit à en parcourir les canaux.
Furieux, les deux golems se précipitèrent sur Condeezza, qui du coup oublia Morgoth pour se concentrer sur ses eux. Bien qu'ils fussent insensibles à la magie, elle parvint à les tenir à distance par la seule force de sa volonté, ployant l'espace autour d'elle et leur projetant des éclats de réalité altérée. De curieux phénomènes se produisirent alors, des créatures éphémères et grotesques se matérialisèrent et disparurent presque aussitôt, certaines disparaissant d'ailleurs avant d'être apparu. Des couleurs nouvelles apparurent dans l'univers, des altérations sensorielles, de minuscules boucles temporelles, comme sur un disque rayé. Puis, Condeezza tira son fouet ardent et leur causa de cruelles blessures pour qu'ils se tiennent tranquilles. D'abord surpris par cette violente, les deux golems modifièrent subtilement leur essence propre, puis se mirent à avancer, à avancer vers la Reine Noire ivre de sang...
Morgoth n'en vit pas plus. Il était parvenu à reprendre quelques forces, et avait à son grand regret puisé quelque énergie supplémentaire dans son anneau vert, fragment de l'Anneau d'Anéantissement. Assez pour se lever, et fuir loin de cet enfer magique. Il tira Tiberius par la manche, et tous deux, ils transportèrent au loin le corps sans vie de Vertu.
Ils n'allèrent pas loin. Trois pas plus loin, ils tombèrent sur des sbires de Condeezza, armés jusqu'aux dents et d'humeur homicide. Mais ils ne les virent pas longtemps, car avant même d'avoir pu se préparer au combat, leurs vues à tous deux se brouillèrent. Il leur sembla que des cloches se mettaient à carillonner dans leurs oreilles. Puis, un vent puissant les frappa, et en ouvrant les yeux, ils virent qu'ils avaient été transportés par magie sur la plate-forme sommitale de la Tour de Fer.
Il y avait là Dumblefoot, visiblement affairé à quelque sortilège, et son noir séide impassible, et puis Sook, curieusement drapée dans un étendard royal de Gunt. Derrière eux, un capharnaüm indescriptible de machines fondues et de tôles tordues, restes dérisoires de l'artefact qui avait fait la fierté du Convenant Royal. A leur tour apparurent dans un pentagramme de sang Monastorio et Mark, puis enfin le groupe de Sarlander.
- Hélas, s'excusa le vieillard, je ne trouve nulle part votre elfe.
- Elle est là, voyez, dit Mark. C'est ce grand dragon qui cercle à quelque distance de la tour.
Effectivement, Xyixiant'h orbitait à une raisonnable altitude, attentive à tout mouvement dans les airs. Car les forces armées du royaume de Gunt, même privées de leur pièce maîtresse qui était Markhyxas, n'en étaient pas moins appuyées par une impressionnante variété de créatures et de machines volantes, que l'on avait alarmées et qui, petit à petit, s'amassaient dans les cieux. Il faut dire toutefois, pour être honnête, qu'ils ne faisaient pas trop de zèle pour aborder le grand dragon mordoré, dont les cercles menaçants suffisaient à inspirer le respect.
- Merveilleux ! Ah, quel spectacle... Mais j'y songe, pourrait-elle nous transporter en lieu sûr ! Ce serait plus sûr que tout autre moyen magique.
- Certes, certes. Notre mission consistait à vous ramener jusqu'à la tour de Banaga, où vos partisans se rassemblent, alors si cette destination vous agrée...
Le Magiocrate ne fit pas d'objection. Mark fit donc un geste pour attirer l'attention du dragon. Dans les airs, elle avait l'air grande. Mais une fois posée, avec des points de repère, elle était colossale. Elle débordait de tous côtés. Elle était plus grande, en fait qu'ils ne l'avaient jamais vue, plus brillante aussi, en quelque sorte, plus complète. Ceux qui avaient déjà eu le loisir d'étudier les écailles de son mufle en comptèrent un plus grand nombre. Quand à Tiberius, bien qu'il en eut vu assez en quelques heures pour combler toute une existence de souvenirs épiques, il béait. Il avait cru jusque là que quand les autres qualifiaient Xyixiant'h de " dragon ", c'était une métaphore, une taquinerie, ou une plaisanterie entre eux faisant référence à une anecdote dont il n'avait pas connaissance. Eh bien non, c'était un dragon.
Et ils montèrent dessus.
Elle décolla, et rapidement, laissa derrière elle ses poursuivants. Alors Morgoth, ayant laissé son sinistre fardeau à Mark, se rapprocha de la tête de sa douce et tendre, et lui hurla dans l'oreille :
- Elle est morte. Vertu est morte.
- Je sais, répondit mentalement le dragon.
- Xy, pourras-tu la ressusciter ? Pourras-tu la sauver ?
- J'essaierai, Morgoth, j'essaierai.
19 ) La fin de la Compagnie
Ce qui pour un peuple passe pour une marque de barbarie est souvent chez un autre un usage normal et honorable. Morgoth, qui se flattait de son esprit large et avait pas mal voyagé, le savait bien. Pourtant, il avait du mal à comprendre comment les habitants de Gunt pouvaient se livrer à de telles pratiques funéraires, à d'aussi obscènes profanations. Bien sûr, dans un pays hanté par tant de nécromanciens, la nécessité de détruire les corps était compréhensible, mais comment supportaient-ils de voir ainsi réduits à néant ceux qui avaient été leurs proches ? Comment pouvaient-ils sans tressaillir voir noircir et se craqueler la peau, et sourdre les filets de graisse bouillonnante ? Comment pouvaient-ils, sans défaillir ni vomir, sentir cette abominable odeur de grillade nauséabonde, âcre et tenace, qui s'accrochait à la peau et aux vêtements, piquait les yeux ? Comment pouvaient-ils, sans se boucher les oreilles, rester sourd à l'éclatement des os, le grésillement des organes ?
Il se forçait toutefois, avec une obstination perverse, à ne rien manquer de la crémation. Il ne quittait pas des yeux le cadavre immonde, squelette noir et desséché posé sur son bûcher torride, dont la bouche grande ouverte vers les cieux exhalait de longs rubans de cette fumée noire. Peut-être pensait-il lui devoir d'endurer cette épreuve, à celle qui sans être sa mère l'avait mis au monde, à celle qui sans être son amante avait fait de lui un homme.
- Par Hegan, je jure de n'avoir de repos tant que cette femme sera vivante.
Mark, empreint d'une gravité peu coutumière, résumait l'opinion générale autour du bûcher. Nulle trace de vice, de mensonge ou de dissimulation n'était plus lisible dans son expression. Vêtu d'un pourpoint blanc, appuyé sur sa grande épée, il avait maintenant tout du paladin. Comme il avait changé.
- Mort à la Reine Noire.
Piété tira du fourreau le sabre maudit de sa sur, comme s'il voulait que la lame vit le funèbre spectacle. Il était de son droit de seul parent survivant que de prendre les possessions de Vertu. Il s'était notamment approprié l'épée maudite, et en toute connaissance de cause, avait fait sienne la malédiction de Ryunotamago. Brusquement, il se détourna, et partit dans la nuit. C'était plus qu'il n'en pouvait supporter.
Mark à son tour se fondit dans la nuit, laissant Morgoth en compagnie du diacre de Hazam qui procédait à l'office funèbre. Lorsque soudain forcit le vent sec de cette triste nuit, les bûches calcinées du centre s'effondrèrent en une gerbe d'étincelles, emportant ce qui restait de Vertu dans les tréfonds du brasier. Puis, quelque chose s'en échappa, et roula quelques pas avant de s'arrêter contre la botte du magicien. Il le considéra, et n'éprouva pas de dégoût. Il s'accroupit, prit le crâne noir et encore fumant dans sa main gantée de cuir noir. Ainsi, il resta un long moment à contempler ce visage familier qu'il reconnaissait encore, comme s'il recouvrait toujours les ossements salis. Puis, il le reposa parmi les braises, et attendit là en silence, jusqu'à l'aube.
Derrière la colline de la nécropole, il y avait une petite rue calme et étroite que l'on était obligé d'emprunter pour rendre hommage aux défunts. Dans cette rue, il y avait une taverne, qui n'était ni gaie ni bruyante, car le lieu ne s'y prêtait pas, mais où l'on pouvait trouver quelque apaisement à ses peines. là s'étaient finalement retrouvés les autres survivants de cette aventure. Dumblefoot avait tenu à assister au début de la cérémonie, il avait réconforté la Compagnie de quelques banalités bien senties, puis s'était absenté, car de pressentes affaires l'attendaient. Sans grande distinction, Xyixiant'h buvait bière sur bière, comme si elle pouvait atteindre l'ivresse malgré sa constitution de dragon. Elle n'aimait pas la mort, ni l'échec, et par dessus tout, elle n'aimait pas faire montre de son impuissance devant ses amis. Ghibli souligna :
- Et dire qu'elle avait si peur de vieillir. Elle n'en aura pas eu l'occasion.
- On ne savait pas grand chose d'elle, finalement, poursuivit Sarlander. Sook, tu sembles l'avoir fréquentée plus que nous, je crois.
- Ouais. Mais c'est pas pour autant que j'en sais plus que vous. C'était une nature, ça c'est vrai. Une vraie légende. Et elle avait une façon de vous égorger son manant, du grand art, je doute de l'égaler un jour. Eh oui, la vieille garde se clairsème, hein Mark ?
Le paladin ne répondit pas.
- En tout cas, dit Tiberius, même si je l'ai peu connue, c'est quelqu'un que je n'oublierai pas.
- Et que comptes-tu faire maintenant ? Demanda Monastorio. Nous étions neuf, il nous manque quelqu'un...
- ça ne sera pas moi, répondit-il. Je ne crois pas être fait pour la vie d'aventurier, finalement. Je crois que quand toutes ces affaires se seront tassées, je vais rentrer à Jhor pour retrouver les miens et mener une petite vie tranquille, loin des armes et des tracas(5).
- Sook alors ?
- Je ne suis pas certaine que tout le monde m'apprécie dans ce groupe, je me vois obligée de décliner l'invitation. Et puis, le nord me sort par les yeux, j'y ai plein d'ennemis, et cette histoire d'anneau ne me dit finalement rien qui vaille. Je pense que je vais rentrer à Dhébrox pour mettre mes affaires en ordre, et de là, partir vers le continent oriental. Il paraît qu'on s'y agite un peu, ça me fera du bien de changer d'air.
- Tu ferais mieux de laisser tomber, Monastorio, dit alors Mark d'une voix pâteuse. La Compagnie du Gonfanon n'existe plus. Libre à toi de continuer cette quête, mais je crois pour ma part qu'elle est vaine. Je vais retourner chez les paladins du Cur d'Azur, en tout cas dès que j'aurais dessoûlé, et je vais me consacrer à mon sacerdoce. Par pure ambition personnelle, bien sûr.
- Bien sûr, moqua le nain.
- Si je compte bien, il ne reste que moi, Morgoth, Xy, Clibanios, Sarlander, Ghibli... Six sur neuf.
- La quête de l'anneau est terminée, Monastorio, exposa calmement Xyixiant'h. Que veux-tu de plus ? Moi et Morgoth avons convenu de lutter contre Condeezza et ses sbires, aux côtés du Magiocrate. Quant à Clibanios, il n'a pas l'air particulièrement enthousiaste à l'idée de te suivre, en tout cas, il est bien silencieux.
- Et il ne faudra pas compter sur moi ni sur Sarlander, acheva Ghibli.
- Allons bon, vais-je me retrouver seul ?
-On vient de convenir que nous perdions notre temps dans cette histoire. Et puis, on l'a retrouvé, l'Anneau, et d'une certaine façon, il est brisé, ou en tout cas, hors d'état de trop nuire. La guerre qui s’annonce n’est pas la nôtre, on peut donc dire qu’on a fait notre boulot. Plus ou moins. Alors voilà, après avoir bien bourlingué, on a découvert qu’on était tous les deux passionnés par la civilisation Bardite, alors on a décidé de partir tous deux explorer ces contrées et découvrir les merveilles de cette antique civilisation, ses aèdes, ses hétaïres, sa sculpture toute en subtile nuances de force et de grâce. On m'a souvent vanté la polychromie du kouros de...
- Ah oui ?
- Ah oui, et aussi nous frayer un chemin dans la vie à coups de marteau et de hache lourde ! Par la barbe de saint Naindeguerre, tavernier, une chope d'hydromel, et gare à ta tête si c'est que de la pisse de troll ! Que les os moussus de mes ancêtres... et tous ces trucs. Non parce qu'on n'est pas des pédés, quand même !
- Ah.
- Enfin, à 75%.
Des périls insondables, de la romance, des vengeances, des trahisons, des fourberies devant lesquelles l'honnête homme se voile la face, des retournements de situation, des sortilèges merveilleux, des courtisanes lascives et leurs commerces contre-nature avec des créatures fabuleuses issues de révoltantes expériences de nécromancie, les sept procédés cocasses et farfelus trouvés par Nurbel le Chanceux pour circonvenir les gardes rhomboédriques du Dédale de Soufre de Bolmhanz la cyber-dracoliche démoniaque, et ce qu'il advint de lui après qu'il se fut emparé de son légendaire trésor... Vous ne retrouverez absolument rien de tout cela dans :
Morgoth en RTT
Notules de bas de page
1 - Brosseroche Peignecailloux, dit "Mou Pack" (car il était très lent à descendre six bières), trouva la mort à 68 ans, ce qui est fort jeune selon les critères nains, dans de troubles circonstances liées semble-t-il à un trafic de stupéfiants. Il eut toutefois le temps de composer quelques-uns des chefs-d'œuvre de la chanson naine contemporaine, tels que "J'baise ta mère", "Moma lik my dik", "Ta mère j'l'encule", "Dans l'cul d'ta maman" ainsi qu'un florilège de comptines pour la fête des mères.
2 - Et pour les âmes moins fortes, ils sont l'occasion de conforter son biceps par la pratique de l'onanisme, ce qui n'est pas forcément plus inutile que la méditation, du reste.
3 - Les lecteurs attentifs auront ici noté qu'il y avait dans la Tour de Fer une grande quantité de réserves de nourritures, et qu'elles étaient systématiquement vides. Ce dont ils auront fort logiquement tiré deux hypothèses. La première, c'était que la Tour avait été conçue pour abriter des régiments d'éléphants de guerre particulièrement voraces pendant toute la durée d'un long siège. La seconde était que l'architecte, cédant en cela à un travers fréquent parmi sa congrégation, avait construit l'édifice en fonction de critères esthétiques afin de lui donner l'aspect le plus monumental possible, sans se soucier de trouver une quelconque utilité aux dizaines de milliers de mètres carrés qu'il construisait en surnombre. Une fois le gros œuvre achevé, il avait maladroitement tenté de camoufler son incurie par de petits panonceaux ornant les portes, qui ne traduisaient que son embarras, ainsi que son ignorance du mot "cellier".
4 - Car c'était un juron.
5 - Ceux d'entre vous qui s'en inquièteraient auront le soulagement d'apprendre que Tiberius Kenny Redshirt retourna finalement à Jhor, comme telle avait été son intention. Après avoir éclairci son affaire avec les autorités, il épousa sa promise et, ayant consacré ses points d'expérience à progresser jusqu'au huitième niveau d'aubergiste, il s'installa à son compte en rachetant une taverne, qu'il fit prospérer jusqu'à sa mort, laquelle intervint précocement à l'âge de quatre vingt treize ans, suite à une mauvaise chute dans un escalier.