Vie de RENÉ- LÉON PÉTEL , page 10

l'avons eu, le pauvre homme! et jusqu'à ce que la maladie l'emporte. Et, se tournant vers M.Coulon, Voyons.., vous rappelez-vous quand il est mort?
-Monsieur Coulon, entrant dans le jeu : "oh.., environ 6 mois je crois! nous le regrettons bien, c'était un excellent employé". Sur quoi, l'inspecteur, satisfait de boucler son enquête, porte la mention "décédé" sur son dossier.....,et l'éponge est passée pour René sur deux années sans doute d'un impôt qui, en tout état de cause, ne devait d'ailleurs pas être très élevé. Par la suite, il passa au siège de l'entreprise, au Pré-St.-Gervais, en qualité de comptable. René rentrait très tard à la maison à cette époque, lorsque les enfants avaient fini de dîner. C'est l'époque d'une certaine aisance pour la famille et l'on gardera plus tard, un souvenir nostalgique du temps du "47" . On paie les services d'un jardinier qui vient, de temps à autres, tondre la pelouse et surtout on emploie une bonne à demeure. Ou, plutôt 3..,successivements. Augustine d'abord. Elle avait dans sa chambre un si beau papier à lettres bleu ciel qu'Henriette admirative, ne résista pas à l'envie d'en chiper quelques feuilles, ce qui lui valut quelques ennuis.! Francis se souvient, lui, qu'Augustine lui lisait de belles histoires (en fait les fables de La Fontaine) et qu'il resta longtemps perplexe en entendant la conclusion de celle du Renard et de la cigogne:
Trompeurs c'est pour vous que j'écris
Attendez-vous à la pareille .
se demandait quel "appareil" pouvait être ainsi à redouter. Valérie qui ne resta pas longtemps. Henriette ne l'aimait pas car elle refusait de se laisser commander par la petite fille. Gabrielle : notre petit tyran en jupons se rattrapa avec elle et lorsque sa mère lui demandait un service, par exemple d'aller chercher une couche pour Ginette bébé, celles-ci séchant au grenier, elle en demandait l'exécution à la bonne en affirmant: Maman a dit que...!.ou bien elle lui disait: je veux bien t'aider mais il faut que tu me donne du sucre et du chocolat....?.. Cette excellente fille pleura pourtant en les quittant quand il fallut s'en séparer faute de pouvoir continuer à la payer.
Les deux aînés vont en pension dans la journée, Francis chez M. Pétavin (Av.Diderot, à qui succédera l'institution Bonnet) et Henriette chez M. et Mme Maas (au 1 av. du Gran-Chêne, qui deviendra pension Tixador) où elle a parait-il son premier flirt, (elle a huit ans), avec un nommé saco... et ce au plein moment de l'affaire saco et Vanzetti aux U-S-A-. C'est là qu'un soir, en sortant de l'école avec sa copine, Jacqueline Péters, Henriette sachant que son père ne rentrait que vers 21h. et qu'avec maman on s'arrangeait toujours, va faire des tours de chevaux de bois à la fête, sans argent bien sur. E11es se font sérieusement gronder par le gars du manège qui les menace des gendarmes et, malchance, rentrant à la maison à 18h.30, son père est déjà rentré
et la reçoit sur le perron en lui flanquant la trempe ! La maman ayant prévenu l'école, le lendemain M. Maas lui dit que les gendarmes la recherche. Qu'elle fasse attention à elle! Dès lors Henriette se cachera ou filera à la vue d'un quelconque uniforme (même celui du facteur). Un des maîtres de l'Etablissement d'enseignement Pétavin, habite l'hôtel de la Porte Blanche (depuis disparu dans l'agrandissement du carrefour) qui est à coté du 47. De leur chambre les enfants voient la fenêtre de la sienne et, assistent, amusés, à sa toilette matinale. Ce qui les frappe c'est que, sitôt enfilé son pantalon sur le caleçon long qu'il n'a pas quitté, son premier soin est de se coiffer de son chapeau melon et que c'est ainsi revêtu de sa dignité qu'il procède à une rapide ablution du visage et des mains, avant de fixer son faux col. De plus ils se rongeait les ongles!
Une grande ombre cependant sur cette période heureuse et qui, elle, durera au delà des beaux jours : Les convulsions tétaniques qui ont saisi Ginette (Geneviève) après sa naissance ont bloqué son développement normal tant physique qu'intellectuel. Malgré la consultation du Professeur Nobécourt, grand ponte du domaine médicale exerçant à l'hôpital des "Enfants malades" et une tentative de traitement en cet hôpital, les crises persistent. Seul soulagement: des bains dans une eau à 37° dans laquelle il faut la maintenir et c'est seule sa mère qui le fait.