Vie de RENÉ- LÉON PÉTEL , page 9
Brest. Assez vite, la famille le rejoint. ils resteront à Brest jusqu'au début de 1919, mais y occuperont trois logements successifs, ( le loyer...,et le confort..,diminuant à chaque changement) :
1° - Dans le beau quartier, rue d'Aiguillon, près du cours Dajot, chez Mme.Philomène Abarnoux.
2° - Dans le quartier St-Martin sur la place de l'église, ce qui permettait aux enfants de voir de haut les cortèges des cérémonies.
3° - Enfin, dans une pièce unique, chez Mme coquel, dans une rue longeant le cimetière.
C'est là qu'un jour René rapporte, pour améliorer le menu, deux belles araignées de mer vivantes; mais Renée n'a jamais pratiqué l'accomodement culinaire des crustacés. Un peu craintive, elle jette les bêtes dans une marmite d'eau...froide ! et la met à chauffer sur la cuisinière. Dès que la température s'élève, les araignées qui étaient peut-être engourdies se réveillent, trouvent la situation inconfortable, soulèvent le couvercle, se hissent hors du récipient, échouent sur le carrelage où elles commencent à se promener. Terreur de Renée et des deux enfants qui, pour échapper aux "monstres" montent sur les chaises où le père de famille les trouvera encore réfugiés en rentrant pour le dîner. Le l0-2-1919, René est démobilisé. On lui propose de rester dans le corps de la Sûreté Générale, en lui faisant valoir que son niveau peut lui laisser espérer d'arriver assez vite au grade de commissaire, mais il éprouve une certaine allergie vis-à-vis du style Policier, en particulier pour avoir été témoin de la différence d'attitude suivant qu'on a affaire à de petites gens ou à des notables. Il décline donc cette offre et toute la famille revient à Paris. Provisoirement il faut se loger chez les parents de Renée, M. et Mme Boudier qui tiennent maintenant un café rue de Picpus. Hélas il ne règne pas un climat très paisible entre Renée et sa mère, non plus qu'entre celle-ci et sa seconde fille Suzanne; Paul-Emile Boudier se réfugie quant à lui dans un silence taciturne, ce qui n'est pas favorable commercialement, au style de clientèle que suppose un débit de boissons. En s'interposant au cours d'une dispute, Renée reçoit un coup très violent dans le ventre; or elle est enceinte et près du terme, cet incident fut-il la cause des convulsions tétaniques dont souffrira le futur bébé dès sa naissance et dont les suites nous le verrons, seront irrémédiables ? On ne peut certes l'affirmer mais un doute flottera toujours à ce sujet. L'accouchement de cette petite Geneviève à lieu le 5-3-1919 chez une sage-femme à St.Maur. Bientôt d'ailleurs, la famille revient se loger dans cette boucle de la Marne, d'abord au 3 rue Victorine, en location meublée, mais assez rapidement ensuite dans un pavillon plus vaste 47 Bd National (devenu depuis av.Foch). Peu de temps après son retour à Paris, René travaille de nouveau aux Halles avec son beau-frère Badier. Il part très tôt le matin, vers 3h. Constant Badier passe le prendre avec sa voiture. Fernand, le neveu de René, est maintenant dans l'affaire, lui aussi, après un séjour en Angleterre. Il a le goût des belles voitures: une Delage puis une Delahaye. Le jeune Francis, sans doute emmené un jour par son père aux Halles (il devait avoir 8 ans) garde le souvenir "époustouflant" d'être rentré à Saint-Maur avec son grand cousin en prenant les quais de Seine, vers Bercy, à 140 km, à l'heure. Peu au-delà de 1920, René reprend sa liberté vis-à-vis de son beau-frère et entre comme caissier au "Lit National" rue de la Roquette. Il semble s'entendre fort bien avec le gérant du magasin, Monsieur Coulon, comme le prouve l'anecdote suivante. Pendant quelques années, profitant de ses fréquents déménagements René avait "oublié" de faire ses déclarations de revenus et se trouvait bien de ne pas payer d'impôts. L'administration persévérante avait pourtant fini par retrouver sa trace, au moins celle de son lieu de travail. Un inspecteur se présente rue de la Roquette et après avoir décliné sa qualité pose au monsieur d'aspect fort sérieux qu'il trouve dans le bureau....,c'est-à-dire, sans le savoir, à l'intéressé lui-même, la question : N'avez vous pas dans votre personnel un certain Monsieur Pétel? René: Monsieur Pétel! Mais certainement nous