Vie de RENÉ- LÉON PÉTEL , page 11

Hélas, on s'aperçoit alors que, malgré tout, elle n'arrive pas à marcher. Elle restera paralysée des membres inférieurs et ne fera ses premiers pas que tout d'un coup à 5 ans à la stupeur du Monde médical qui avait déclaré que ce serait impossible; mais elle n'aura jamais qu'un langage inarticulé et restera un grand "petit enfant" à la charge de sa mère surtout, dont l'existence se trouvera bloquée au foyer ainsi, pour une part, que celle de sa soeur aînée. Le père supporte à la maison cet handicap mais préfère ne pas l'exposer à l'extérieur. Les soins des premières années (qu'aucune protection sociale ne couvre à l'époque) ont coûté fort cher et malgré les éléments d'une apparente prospérité, les finances du ménage, s'apparentent pour ne pas changer, à l'exercice de corde raide. Fin 1922, au moment de la naissance de Claude il faut songer à réduire les frais de logement et l'on va s'installer a Arcueil dans un modeste pavillon de là "cité-jardin" sise près de l'aqueduc. C'est là qu'ils ont le souvenir du "Planteur de Caïfa" (café et épicerie) qui passait dans la rue avec son triporteur vert. Quoique né à St.Maur, chez une sage-femme de la rue Charles Floquet, durant le déménagement, et la nuit de Noël, c'est à St-Denis d'Arcueil que Claude sera baptisé le 8-2-1925. C' est en juin 1922 que Francis faisant sa lère communion à St.Maur, à N.-D.- du Rosaire, on en profite pour baptiser Henriette et Ginette. Et puis, il fallait bien que ça arrive dans les premiers mois de 1923, un nouvel incident vient interrompre la carrière de René au "Lit National". Pourtant celle-ci se présentait bien. Le directeur, M.Péjaudier, l'appréciait et lui laissait espérer un poste de direction de magasin. Mais se rapprochant de la sphère directoriale, il se trouve en rapport avec Mme Péjaudier et ne voilà-t-il pas que cette dame prétend lui donner des ordres. Dieu sait si, plus encore à cette époque, l'intervention féminine était mal admise dans les affaires. René réplique si "vertement" à la dame (il lui dit: vous m'emmerdez...!..) que celle-ci, outrée, demande son renvoi et son mari tout en réitérant à son collaborateur l'assurance de son estime....s'exécute ! Il aurait fallu tenir compte du fait que si Péjaudier était directeur, c'était sa femme qui possédait le capital. René, s'il a beaucoup d'autorité naturelle, n'aura, par contre jamais beaucoup de diplomatie.!...Son ami Leloup, ex-capitaine long-courrier, qui a dû mener plus habilement sa barque, possède 17 rue Brunel dans le 17éme près de l'Av. de la Grande-Armée, un commerce de volailles, vins fins etc... Pour tirer d'embarras son condisciple il lui confie la gérance. Le magasin s'appellera : Comestibles R. PÉTRUS (transposition transparente de R.PÉTEL). Francis, qui a 12 ans, fait alors ses premières armes professionnelles comme garçon de courses. Malheureusement le tempérament de René ne comporte pas le doigté et le style légèrement déférent qu'attend la clientèle " huppée " du quartier et, surtout, il ne sait pas que l'indispensable est de s'allier les bonnes grâces des cuisinières ou valets chargés des achats par quelques "commission" sur ceux-ci. Francis se souvient de la question qu'on lui posait lorsqu'il allait livrer ; Et le "sou du franc"?? ce qui pour lui s'apparentait à l'hébreu! Le commerce de volaille bat de l'aile.., et, au bout de 6 mois, il vaut mieux y renoncer. Francis et Henriette se rappellent que pendant cette période force poulets figurèrent au menu des repas familiaux et que l'on commençait à s'en lasser. Est-ce par une conjonction entre son expérience dans le commerce alimentaire et celle, plus réelle, de marin ? peut-être aussi sur l'intervention de Leloup? René, un peu au pied du mur, accepte un poste de Cambusier (responsable du stockage, de la conservation et de la distribution des aliments) sur un paquebot , le Niagara , de la Compagnie Générale Transatlantique et part pour un voyage qui durera presque deux mois, vers La Havane, New-Orléans et retour. Au nombre des passagers se trouvait l'illustre ténor Caruso. L'artiste, très imbu de sa célébrité, avait un caractère difficile et traitait de haut le personnel de bord. Oserons nous raconter ce qui advînt? Eh bien oui, tant pis pour les délicats..! Un jour, il conteste la netteté de l'assiette posée devant lui, réclame le responsable, donc le "cambusier" (en l'occurrence René) et exige le remplacement en termes hautains, que digère mal celui-ci. Il emporte l'objet du litige à la cambuse, il..., pisse dessus, l'essuie juste le nécessaire puis la rapporte au "rouspéteur" qui satisfait souligne ce qu'il croit son triomphe en