Vie de RENÉ- LÉON PÉTEL , page 12

disant : Ah! au moins celle-ci est chaude! Au cours du voyage, René est choqué par l'énorme gâchis de denrées dû à l'intérêt que le commissaire de bord (officier chargé des fonctions administratives et de l'intendance) y trouve du fait du fait de sa commission sur les achats - A la Havane on jette à la mer, sans vergogne, une bonne part des denrées approvisionnées au départ et qu'on renouvelle. Le même scénario se déroule à New-Orléans. Dans cette dernière ville, notre cambusier s'indigne des raffinements pointilleux de la ségrégation raciale dans les Etats du Sud des U-S-A- qu'il découvre, en particulier dans les tramways où, évidemment contestataire, il tente, mais en vain, de monter dans le compartiment réservé aux Noirs, d'où la police le fait descendre. Il constate aussi qu'alors (en 1923) New-Orléans se souvient encore d'avoir été: La Nouvelle Orléans et qu'on y trouve une bonne part de la population parlant un français un peu particulier "le cajun". Au retour de ce voyage, René a une idée!...Monter un élevage de volailles, complété par celui de lapins argentés (spéciaux pour leur fourrure). Il en parle à Constant Badier en lui proposant de s'associer à cette entreprise et surtout d'y fournir les fonds de départ. Constant, plutôt sceptique ne dit ni oui, ni non et promet vaguement une aide éventuelle si René lui présente un projet concret déjà en état de démarrer avec quelques chances de développement. Le futur éleveur, toujours enthousiaste, sur de la réussite, considère cela comme valant un engagement ferme et......,en février 1924, sous la neige, toute la famille déménage pour aller à Celettes, près de Blois, à l'orée de la forêt de Russy, dans un bâtiment dit "La Tuilerie" inclus dans le domaine du Château de Luthaine appartenant au comte de Chevigné. Le logement est rustique et ne comporte que deux pièces, avec pour tout chauffage l'âtre de la cheminée dans l'une d'elles. Quant à l'eau il faut la prendre à la pompe, dehors. René commence à monter poulaillers et clapiers mais il semble que tout ne se passe pas comme il l'espérait. La participation Badier, c'était prévisible, ne se réalise pas. Constant se contentera de lui envoyer ----une bicyclette ! grâce à laquelle René pourra faire le trajet pour travailler un peu dans une scierie voisine et assurer un minimum de budget au ménage. Pendant ces quelques mois, les aînés ne vont pas à l'école d'autant que, pendant une période, leur mère est malade et ne peut sortir. Ils jouissent de cette vie dans la nature, parfois un peu rude lorsqu'il faut aller dans la forêt chercher le bois nécessaire au feu de la grande cheminée munie d'un trépied sur lequel on pose la marmite. Claude (qu'on appelle P'tit Claude, nom qu'il gardera dans la famille jusqu'à son mariage) est un bambin plutôt fluet, ce qui lui permet de se sauver de la maison, à quatre pattes, en passant par la chatière du bas de la porte. Un jour , il faillit être perdu ainsi que Ginette dans la forêt. Francis et Henriette avaient emmené les deux petits dans la charrette destinée aux fagots. Les ayant déposés au pied d'un arbre, ils jouent un moment, s'éloignent sans bien s'en rendre compte et, tout à coup, s'aperçoivent qu'ils ont perdu de vue les bambins qu'on leur a confiés. Panique...car ils ne retrouvent pas 1'endroit et ce n'est qu'au bout d'une recherche assez longue, qu'heureusement un hasard providentiel les ramène au point de départ. Cette existence campagnarde se poursuivra pour les enfants et leur mère jusqu'en juin 1924, mais, dès la fin avril, René renonce à ses espoirs avicoles et les précède sur le chemin du retour de façon à trouver de quoi financer le rapatriement. Logeant provisoirement chez son beau-frère, il entre à la compagnie des G 7, et devient donc chauffeur de taxi. En juin donc, retour général, mais pendant quelques semaines Francis rejoindra son père chez les Badier, tandis que Renée et les trois autres enfants trouvent asile dans le petit appartement qu'occupe Bd Kellermann, la soeur de Renée, Suzanne, mariée maintenant à Fernand Bourgerie. C'est un vrai campement car ce jeune ménage en est à la phase de démarrage et une bonne partie du mobilier consiste en caisses recouvertes de tissu. N'importe! il parait qu'un climat de bonne humeur régnait alors et que les deux soeurs ne perdaient pas une occasion de rire. René déniche enfin un logement et toute la famille se retrouve dans un vieil immeuble assez vétuste, rue Alexandre Dumas. Il faut y lutter contre les punaises! On vit encore là au sein d'un des petits villages de Paris. Les hommes travaillent souvent à Proximité