Vie de RENÉ- LÉON PÉTEL , page 15

arcades autour de la Bourse de Commerce) aux Halles de Paris. Il y prendra la responsabilité des transports et des livraisons et dirigera une "flotte", qui deviendra de plus en plus importante, de camionnettes et de camions frigorifiques. Suivant un vieux terme de métier il est "piqueur" c'est à dire le patron des cochers devenus chauffeurs livreurs. Il gardera cette fonction, un peu allégée en durée de présence, les toutes dernières années, de 1931à 1949. En 1934, en été nouveau déménagement. La famille retourne au Parc st.Maur, pas très loin du fameux 47, au 61bis de la même Avenue Foch, dans un pavillon mitoyen, au bout d'une allée commune.
Ce retour aux sources, dans ce quartier agréable et calme, cela paraît le paradis bien qu'en fait la construction ne soit pas très moderne. Pour René et Renée c'est le 15ème emménagement depuis leur mariage...et ce sera le dernier. C'est pendant cette période St.Maurienne qu'auront lieu les grands événements familiaux : Mariage de Francis, en avril 1939; de Claude, en mars 1944; d'Henriette en septembre 1950; ' C'est au Parc-St.Maur que seront vécues les années de la guerre et de l'occupation, et que, finalement, hélas, auront lieu le décès de René en novembre 1949 et celui de Renée en avril 1958.
Bien que René soit maintenant stabilisé dans son emploi chez les Badier, les moyens d'existence du foyer restent très modestes et les sorties et relations extérieures limitées. C'est que, pour René, les questions d'argent restent toujours très secondaires. Il ne se préoccupe pas de demander une augmentation et dame! dans une entreprise devenue importante et où l'écran administratif du comptable s'établit entre les directeurs et le personnel, celui qui ne réclame pas....!
Quand le budget familial coince trop, par suite d'un besoin plus précis ou plus urgent, René se contente de demander un dépannage exceptionnel à Fernand Badier ( qui bien sûr le lui accorde). Pourtant il faut admettre que pour Renée surtout l'existence n'est pas facile et que c'est un exploit que de joindre les deux bouts. Ce désintéressement sera toujours - et surtout plus tard, avec le recul - un sujet d'admiration pour ses neveux Fernand et René. Il permet aussi à René de garder une certaine indépendance dans son travail et de pouvoir dire avec une franchise un peu rude parfois ce qu'il pense de telle ou telle décision. Sa vigueur physique - Claude se souvient de l'avoir vu, quand il avait déjà une bonne soixantaine, écarter un gars qui s'y prenait maladroitement, saisir un demi-boeuf et l'accrocher convenablement mais surtout son sens de la justice lui donne une autorité incontestée sur son équipe de chauffeurs et même vis-à-vis de tout le personnel. A la maison, bien sûr, on ne discute pas non plus avec le père de famille et il lui suffit généralement d'un regard un peu direct pour couper court à ce qu'il estime ne devoir pas être fait ou dit. Cependant cela n'empêche pas le "Pater familias" d'être plutôt gai, de plaisanter souvent, très taquin et pince-sans-rire, faisant "marcher" avec jubilation l'un ou l'autre, en particulier sa femme et malgré tout l'ambiance familiale reste chaude et relativement heureuse. René sait aussi tenir l'auditoire familial en suspens par ses récits colorés sur tel ou tel épisode de son enfance ou de ses voyages. Il a toujours eu grande prestance, se tenant très droit, et dans les rares circonstances où il se met sur son "trente-et-un" son allure impressionne vivement ses enfants. Renée dans ces occasions porte aussi la toilette avec beaucoup d'élégance, en particulier les chapeaux (la capeline)- La garde-robe familiale va d'ailleurs bénéficier d'un renouvellement partiel très exceptionnel, (en 1937?), grâce au gain modeste d'un lot de la Loterie Nationale. De 1935 à 1939 Francis, poursuit ses grandes virées cyclistes. Il a acheté, à crédit, une magnifique bicyclette "Hirondelle" à rétropédalage, fleuron des productions de la Manufacture d'Armes et cycles de St.Etienne. Les étapes de nos randonneurs se font souvent maintenant dans les Auberges de Jeunesse. Au groupe se sont joints les frères Isorès, Louis et Henri, et c'est après un séjour à l'Auberge d'Essoyes que Francis soufflera sa fiancée (Lyliane Van Severen) à ce dernier. Quand il n'était pas sur la route, notre mécanicien s'intéressait le samedi au fonctionnement d'un assez énorme poste de