Vie de RENÉ- LÉON PÉTEL , page 2

René l'invite à déjeuner à St.Maur, avenue du midi. Celle-ci étant à plus d'un kilomètre de la gare du Parc-St.Maur, il est convenu que René viendra le chercher à l'arrivée du train venant de Paris-Bastille ( qui sera remplacé par le R.E.R.) ; mais le père Mauduit a pris un train plus tôt que prévu et cet aveugle se débrouille si bien qu'il sonne à la porte au moment où René allait partir, ayant fait le parcours à pied par les diverses rues à emprunter.
Mais revenons à l'été 1890. C'est alors que la veuve de Félix PÉTEL rencontre Louis-Arsène HOUTARDE âgé de 44 ans originaire du département de l'Yonne comme les FORTIN, (mais des environ de Chablis), marchand de vins et propriétaire d'un café 19 rue Tronchet. Elle l'épouse le 28-2-1891.
Est-ce pour cela que René à cette période se retrouve pensionnaire à Châlons-sur-Marne dans l'établissement des Frères Jules? Il est possible que ceux-ci aient été réputés pour la préparation à l'examen d'entrée à l'Ecole des Arts et Manufactures de Châlons, où le père de René avait été lui-même élève vingt ans avant.
Cependant pour ces Frères Jules, il semble que l'essentiel ait été de dépenser le moins possible sur les pensions versées par les parents. Le souvenir le plus marquant qu'ils ont laissé à leurs élèves était celui de sordides "marchands de soupe " dortoirs glacials, rares et chiches portions de viande que les jeunes consommateurs prétendaient taillées dans des "genoux de bisons". René se souvient que sa minceur particulière le faisait désigner pour aller, en passant entre les barreaux du soupirail, "prélever" des camemberts dans la cave du pavillon des directeurs, leur solide appétit d'adolescents se trouvant par trop bridé. On ne peut s'empêcher de remarquer la similitude avec la pension des frères Old Nick décrite par la comtesse de ségur dans "Le bon petit diable".
Ce séjour dut cependant se limiter à deux années scolaires au maximum. En effet, le second mariage d'Emilie Fortin, veuve Pétel, dure peu car dès le 29-1-1892, onze mois après la noce, Louis-Arséne Houtarde décède. Au dire de ceux qui les connurent, cela valait mieux pour la sécurité matérielle d'Emilie. L'assiduité du marchand de vins sur les champs de courses avait parait-il déjà bien écorné les biens du ménage. Il semble cependant que le patrimoine de Madame Veuve Houtarde restait confortable. Peut-être aussi fut-il amélioré par ce qui put lui revenir au décès de sa mère, 14 mois plus tard (18-4-1893).
Pour René revenu dans la région parisienne (il a 14 à 15 ans), les études se poursuivent au Collège chaptal. Il n'était pas un excellent élève et se distinguait surtout en musique et en gymnastique.
C'était encore l'époque des "bataillons scolaires" (sociétés de tir et de gymnastique créées par Paul Bert en 1881), où l'on inculquait aux adolescents un patriotisme pénétré de l'esprit de revanche. René se souvenait de l'exercice et des défilés avec des fusils de bois, ce n'est que plus tard, à l'Ecole d'Hydrographie, que son esprit s'ouvrira aux maths.
Où se situe à l'époque la résidence de la famille? René se souvenait principalement de celle sise à St.Maur-des-Fossés (Seine) 157 boulevard de Créteil: la villa "Emilia". Il y est photographié avec son violon à 12 ans environ; donc après le décès de son grand-père Fortin en juin 1888 et avant le mariage Houtarde. C'est là que sa mère sera encore domiciliée, à son décès en 1908. Mais lors du mariage de sa soeur aînée, Henriette, Joséphine, Camille avec constant BADIER en mars 1894, l'adresse familiale est: avenue de la Pelouse à Saint-Mandé (Seine). Enfin plusieurs séjours durent se faire dans un appartement à Rouen, 13 rue Brémontier, (s.inf.).
De son enfance, René gardait le souvenir de journées passées en divers lieux:

- Dans la propriété, au bord de l'Eure, qu'habitait à Vauféry (au sud de Chartres) sa grand-mère Henriette Letulle, divorcée puis veuve de Joseph Fortin et remariée à M. Durand dit "Señor Durando "personnage dont nous avons relaté par ailleurs les aventures. On y parlait l'espagnol aussi bien que le français et René y regardait avec une curiosité rêveuse divers objets que sa