Vie de RENÉ- LÉON PÉTEL , page 8
très loin de chez les Badier. Tout semble aller pour le mieux. Le soir ou le dimanche, des amis viennent en visite. René joue du violon, une amie de Renée, Suzanne Soubies (qui sera marraine de Francis), se met au piano, accompagnant la jeune épouse qui chante les mélodies de Delmet ou d'autres succès de cette époque. Cependant la jeune femme est un peu froidement reçue par ses belles soeurs car on lui reproche surtout de ne pas avoir de dot; quelques frictions durent se produire entre les beaux-frères et un jour, vers 1911 peut-être, René décide de changer son fusil d'épaule (ce ne sera pas la dernière fois!).
Il retrouve un ami, ancien officier de marine marchande lui aussi : Maurice Leloup (qui sera parrain de Francis). Ils entreprennent de vendre, essentiellement, parait-il, à de riches Brésiliens les premiers avions que l'on présentait sur le terrain d'Issy-les-Moulineaux. C'est là que se situe une anecdote qui explique que cette occupation ne se prolongea pas : Renée accompagnait quelquefois son mari sur le terrain. De nature enjouée, elle entretenait facilement la conversation avec les éventuels clients et les pilotes. Un jour 1'un d'eux, le célèbre Pégoud, qui accomplira le premier "looping" en 1913, lui propose de lui donner le baptême de l'air. Elle monte à la place du passager. On lance l'hélice, le moteur tourne, le coucou va prendre sa ligne de décollage. Soudain René Pétel qui était occupé avec un autre interlocuteur, voit sa jeune femme dans la carlingue......mais c'est qu'il n'est pas question que son épouse prenne des risques autrement que sous son aile....et puis, personnellement, il n'a pas grande confiance dans ces engins volants.. Il bondit, empoigne l'aileron arrière, s'arqueboute et....retient l'avion ! Sur son injonction, Renée doit descendre et ce n'est qu'après qu'il libère 1'appareil.
Un premier fils, André, était né le 24-12-1910 mais il meurt à 3 jours; René se retrouvera seul pour suivre le cercueil. Le second, Francis, vient au monde le 24-2-1912. C'est alors que sa tante, Lucie, vient de St.Circq-la-Popie (Lot) disant à son frère lorsqu'il lui ouvre la porte : "je viens voir mon neveu". A quoi René lui réplique : "On ne voit pas mon fils si l'on n'a pas reçu ma femme" et lui referme la porte au nez ! Il semble que jusque là, le ménage réside toujours avenue du Midi à St.Maur mais, fin 1912 et en 1913, ils habitent à Sèvres,2 rue de Brancas, peut-être pour se rapprocher d'lssy-les-Moulineaux. C'est là que Francis sera baptisé le 19-lO-1913 . En 1914, à la naissance d'Henriette, l'adresse des parents est 74 rue Olivier de Serres à Paris dans le l5ème arrondissement, près de la porte de Versailles, et en 1916 et début 1917 on les retrouve rue des Epinettes, dans le 17ème, près de la porte de St.Ouen. C'était l'époque des alertes qui annonçaient l'arrivée des"Zeppelins" sur Paris qui subissait aussi les tirs aveugles de la "grosse Bertha". Dès le déclenchement des sirènes, Francis, craintif et prudent, filait vers la cave accompagnant les premiers voisins qui descendaient; la petite Henriette, elle, commençait par aller au buffet de cuisine pour s'approvisionner de morceaux de sucre et de chocolat...!..Entre-temps évidemment René a cessé sa collaboration avec Leloup. Il travaille d'abord dans la société des ascenseurs Eydoux-Samain, puis on lui propose de partir à Casablanca pour tenir un "Comptoir". Le médecin de famille ayant émis l'opinion que cela pourrait être fâcheux sur le plan de la santé pour sa jeune femme enceinte d'Henriette, il y renonce et fin 1914 il est comptable chez un négociant en chocolat, café. Quand, au cours de la guerre 1914-1918, les difficultés de ravitaillement commenceront à se faire sentir, ces précieuses denrées seront une monnaie d'échange bien appréciable. Le 9 décembre 1914, il a été classé dans le Service auxiliaire et sera maintenu dans ses foyers jusqu'au printemps 1917. Le 16 mai de cette année il est mobilisé, rejoint le ler régiment de Zouaves à St-Denis et ira garder les voies au tunnel de Rolleboise, près de Bonnières-sur-Seine sur la ligne Paris-Rouen. Le 2 août il passe au 147ème d'infanterie et va garder cette fois les prisonniers allemands, au camp de Guérande, près de La Baule et du Croisic. René trouve son rôle de gardien bien fastidieux. Un jour il voit un avis affiché annonçant qu'on recherchait d'anciens officiers de marine marchande pour renforcer les effectifs de la police des ports: Il écrit. Sa candidature est retenue et le 24-9-1917 il est nommé Inspecteur auxiliaire de la police spéciale maritime à