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1939

  • Arrivée de l'Amiral Robert à la Martinique sur le croiseur"Jeanne d'Arc" le 14 septembre.

  • Cahier d'un retour au pays natal, dans ce poème original par sa forme, Césaire dressait un sévère réquisitoire contre l'exploitation coloniale, le sous-développement qu'elle entraînait et surtout le racisme qu'elle entretenait.

1940

  • Le croiseur Bertin arrive avec 300 tonnes d'or de la banque de France.
  • Début des travaux de la Rocade
  • Fragments d'histoire ou hier et aujourd'hui à la faveur d'une promenade dans les rues et aux environs de Fort de France, écrit par Théodore Baude qui est le premier Martiniquais à recevoir, à titre civil, la cravate de commandeur de la légion d'honneur.

1941

  • Restructuration des conseils municipaux par l'Amiral Robert.

1942

  • L'affaire Beauregard : Économe d'habitation, René Beauregard victime des "milans" de son entourage et de sa jalousie maladive finit par décharger son pistolet le 3 juillet 1942 sur sa femme. Il refusa de se livrer à la justice et prit le maquis. Il bénéficia de la protection et de la complicité de la population paysanne. Il se donna la mort le 1er octobre 1949 plutôt que de tomber aux mains des gendarmes.

1943

  • Résistance à Vichy à la Martinique.
  • Arrivée de Henry Hoppenot, successeur de l'Amiral Robert, le 14 juillet sur le contre-torpilleur le"Terrible". Le délégué de la France libre reçut un accueil triomphant.

1944

  • Le célèbre homme de théâtre Louis Jouvet se produit à la Martinique.
  • Henry Lemery (1874-1972), né à Saint-Pierre fut arrêté pendant la seconde guerre mondiale le 19 septembre 1944 à Paris. Considéré en qualité d'ancien ministre du maréchal Pétain, d'avoir collaboré avec les allemands, il élève une vive protestation lors de son arrestation puisqu'il avait démissionné de son poste de ministre des colonies pour montrer son désaccord avec la politique du Maréchal Pétain. Il avait toutefois conservé l'estime et l'amitié du Maréchal. Leméry mourut à Paris 1972, à l'âge de 98 ans.

1945

  • Naissance du rassemblement féminin par un journal:" la femme dans la cité": publié par Paulette Nardal.
  • Aimé Césaire est élu maire de Fort de France en mai

1946

  • La Martinique devient un département Français par le vote de la loi du 19 mars 1946.

1947

  • Rupture entre les socialistes et les communistes, rupture à l'occasion de la grève de chez Renault (mai 1947).
  • Une femme, Luce Lemaistre, élue Maire du Morne-Vert.

La Madone de paroisse en paroisse une ferveur indescriptible

  La Martinique s'apprête à recevoir Notre Dame de Boulogne, une vierge rédemptrice. On l'appelle La Madone ou encore, Notre Dame du Grand Retour. Le bateau qui la transportait accoste au petit matin du 6 mars 1948 à la compagnie générale du transatlantique. L'après midi, la statue était présentée à la foule.

Depuis plusieurs jours, la ville prenait un air de fête. Des drapeaux aux fenêtres, des guirlandes dans les rues, les trottoirs fleuris. A l'angle des rues Lamartine et Schoelcher, une énorme couronne royale brille de mille feux. La vierge illuminée arrive enfin dans la rade de Fort-de-France. La Foule est impressionnante. Elle vient sauver le peuple Martiniquais de tous ses péchés, dit-on. Pendant trois mois, elle passe alors de paroisse en paroisse. Par la côte Caraïbe, elle atteint le Nord en Avril, redescend ensuite vers le Sud, toujours portée par une ferveur indescriptible. Veillées de prière, chants, messes de minuit. Comme en Guadeloupe lors de son passage, c'est partout la même foi. Les cases les plus humbles prennent des airs de fête, les églises sont trop petites, les prêtres pas assez nombreux lors de la confession.

   Durant ce périple, les dons affluent dans la barque de la Madone: pièces, sous, francs, bijoux, billets.    Le 6 mai, c'est le grand départ, ils étaient 50 000, voire 70 000 venus saluer et remercier la Vierge D'où Personne ne le savait dans la nuit, la population la voit disparaître dans les flots. En fait, Notre Dame du Grand Retour. n'est pas partie. Elle a été entreposée à Sainte-Thérèse, sous une bâche. Ce sont des dockers qui la découvriront et les interrogations de tous ces croyants qui avaient cru en son départ pour d'autres cieux sont nombreuses. Grande escroquerie '' Pourquoi a-t-on menti à tous ces chrétiens ? Pour le Clergé qui avait organisé sa venue, il n'y a jamais eu de supercherie. La statue attendait un statut... Mais alors qu'a-t-on fait de l'argent du peuple dans la barque. A-t-il vraiment servi à la construction des églises de Jossaud et de Bellevue ? La disparition du Latecoère en plein Atlantique quelques mois plus tard vient alimenter " le milan ". Sur cette page d'histoire, chacun croit détenir sa vérité. Aujourd'hui, même si la ferveur de 1948 a disparu, Notre Dame du Grand Retour est bien ancrée à Jossaud et les pèlerins viennent toujours la vénérer.

 

 

Pieds nus, les bras en croix

A l'époque de la Madone, Yolande, âgée alors de 25 ans, habitait Le François. Elle nous raconte..

   " On nous a annoncé qu'une vierge devait arriver. Elle traversait de nombreux pays et nous avions enfin la chance à la Martinique de la recevoir. Le Clergé avait organisé sa venue avec faste. A la date prévue, Notre Dame du grand retour est arrivée. Toute la population de la Martinique était dans la ville. Pour l'accueillir. Il y avait des banderoles de bienvenue. Tout le monde chantait. C'était une fête extraordinaire. La ville était décorée comme elle ne l'a jamais été. La Vierge ne passait guère plus de 24 heures dans une commune. Généralement, elle arrivait l'après midi. On la dirigeait à l'Église, le lendemain matin, le pèlerinage commençait vers l'autre commune d'accueil, ses habitants venaient la rencontrer à mi-chemin. Les gens marchaient sur des kilomètres pieds nus, les bras en croix.

Lors de son départ, toute la population s'est retrouvée à Fort-de-France place de la Savane. Il fallait voir des hommes et des femmes pleurer. On sentait que c'était profond. La Vierge a été mise sur un gros bateau et puis elle a disparu en fait elle était cachée dans un entrepôt à Calebassier (Fort-de-France). On a également entendu qu'un prêtre devait ramener tout l'argent en France à bord de Latécoère. Cet avion, qui venait tous les mercredis en Martinique, s'est écrasé en mer, en plein Atlantique, avec le prêtre et l'argent. Nous avons été trompés. "Denyé fwa yo kouyonnen nou "disaient des personnes révoltées. Les gens étaient tristes, écoeurés, déçus. Certains ont abandonné la religion Catholique.

  • 6
  • MARS
  • 1948

" J'ai vu des enfants guéris "

Sidonie se souvient : " Il fallait voir cela, tout le monde suivait La Madone. Même les blancs étaient dans la rue. Il y avait une ferveur dans la population. , Les gens marchaient à genoux. J'ai même vu les les pieds d'un enfant se redresser alors qu'il était infirme, des enfants guérir dans chaque commune, les gens donnaient de l'argent, des offrandes. Chaque soir, on enlevait de la barque des sacs d'argent. Au François, on a dû débarrasser la barque à trois reprises, tant qu'il y Il avait de l'argent. Entre François Vauclin, au quartier " Sans Souci " une femme enceinte a accouché sur le bord de la route. L'abbé Feval était obligé de la cacher un peu avec son aube. Les églises restaient ouvertes toute la nuit. Le soir, il y avait grande réception au presbytère pour tous les Autres prêtres ".

"Dans chaque commune, les gens donnaient de l'argent, des offrandes . Chaque soir, on enlevait de la barque des sacs d'argent".

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