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  • 14
  • Février.
  • 1974

CHALVET : symbole de l'affrontement social.

La terre martiniquaise a été tout au long de ce XXe siècle le théâtre de violents affrontements sociaux. Non plus entre esclaves et maîtres, comme au XIXe siècle, mais entre ouvriers agricoles, planteurs et forces de l'ordre. De ces tristes épisodes, il était difficile de faire le choix d'une date. " Chalvet 1974 " en est cependant, une des plus récentes et des plus marquantes dans la mémoire collective contemporaine du monde agricole et des Martiniquais en général.

Deux hommes, Ilmany Sérier, dit Renor, 55 ans, et Georges Placide Marie-Louise, 19 ans, vont comme beaucoup d'autres de leurs frères de labeur, s'épuiser dans les bananeraies de Vivé et de Chalvet, au Lorrain et à Basse-Pointe pour grappiller quelques centimes de dignité. S'échiner sur les terres, Raymonde Cabrimol, dite " Man toï" , sait ce que cela veut dire. Elle a à peine 16 ans quand elle obtient l'autorisation d'y poser les pieds pour la première fois afin de gagner sa vie.

En 1974, dans sa quarantième année, elle est toujours posée sur l'habitation Vivé, coupant et chargeant des régimes a n'en jamais finir.

   " La grève a commencé en janvier pour des revendications Salariales et d'embauche. Nous nous étions organisés et nous passions partout pour débaucher les ouvriers et je leur disais que même si le patron vous oblige à travailler; ce n'est pas lui qui a vos mains ni vos têtes. J'avais été fichée comme une meneuse et les gendarmes circulaient tout le temps devant chez moi.. Ils voulaient savoir où ce faisait les tracts. Un fonds de solidarité avait été créé entre nous pour venir en aide aux ouvriers les plus en difficulté financièrement.. Nous avions aussi l'appui de jeunes de Fort-de- France, Bertide, Rosaz, Rastocle, Cyrille etc... que les békés les gendarmes et les autres appelaient "gauchistes" se souvient-elle.

   

 

 

 Le premier incident sérieux s'est produit à Fond-Brulé. Les gendarmes avaient barré le pont. Nous avions ramassé plein d'ouvriers le long des habitations. Un gendarme noir a dit " Nous allons vous occuper de vous aujourd'hui !...". Certains d'entre nous ont sauté dans la rivière. J'ai dit : "Nous sommes en pays de liberté, égalité, fraternité, nous avons le droit de passer sur ce pont et nous passerons". Je suis passée la première, les gendarmes se sont écartés et tout le monde est passé, raconte Raymonde.

   "Quand nous sommes arrivés au quartier (au poteau), la rue était pleine de monde. Nous avions débauché partout. Un chauffeur de taxi arrivant du Lorrain est venu me dire qu'il y avait un hélicoptère et quatorze cars de gendarmes qui montaient et qu'il fallait partir. Il était trop tard.

   J'ai vu une boule de feu, j'avais rempli mon chapeau de pierres. J'ai crié " pran zannana pou zot ! Un de mes enfants a enlevé sa chemise et a rampé dans les traces. Sa chemise a été criblée de balles. Ilmany était tombé. J'ai été blessée au bras. Ils avaient tué un père de 22 enfants. (...)" se rappelle cette militante. Le maire Pernock et le conseiller général, Allaguy, voulait précipiter l'enterrement. Depuis Fort-de-France où j'étais descendu sur le port et dans les lycées pour des meetings, j'ai téléphoné au maire pour lui dire "Si vous ne voulez pas que Le Lorrain pète, il faut laisser Ilmany sur le parvis de l'église. " Nous avons récupéré le cercueil. Des ouvriers l'ont défoncé pour voir si le corps y était. M. Cerland est intervenu et lu veillée eut lieu chez lui. Pendant l'enterrement d'Ilmany, on nous a appris qu'on avait trouvé Marie-Louise sur la grève de Chalvet et qu'il ressemblait à quelqu'un qui avait été battu à mort... Quelque temps après, on nous proposé 36,50 F alors que nous revendiquions 36,46 F, Nous avons refusé. Nous voulions 36,46 F rien de plus. La vie de deux hommes ne valait pas cette différence...

" Manman la grev baré mwen. . . "

Cette célèbre chanson du patrimoine musicale Martiniquais est héritée de la grande grève des ouvriers des plantations de cannes en 1900. Un mouvement qui a pris naissance dans le nord atlantique pour s'étendre rapidement d'habitations en habitations à toute l'île.

Le 3 février 1900 une fusillade nourrie des gendarmes du côté de l'usine du François, tue 10 travailleurs et en blesse des dizaines. Les femmes ouvrières y jouèrent un grand rôle. Ce scénario de débauche des ouvriers sur les plantations comme le faisaient quelques années auparavant, les esclaves en révolte, a été reproduit tout au long du XXème siècle.

   En janvier et février 1974, les ouvriers agricoles, cette fois dans les bananeraies ont marché de plantations en plantations pour amener le maximum à défendre les embauches et une augmentation de salaire journalier. Un d'entre eux est tombé: Renor Ilmany. Un jeune Georges Marie-Louise était retrouvé deux jours après, le samedi 16 février sur la grève du Chalvet le corps déformé et boursouflé...

   Enfin, rappelons que la dernière grande grève en date des ouvriers agricoles n'est vieille que d'une année (décembre 1998-janvier 1999). Là aussi, les femmes ouvrières et une syndicaliste en furent le symbole.

 

1977

  • Ouverture du Campus universitaire de Schoelcher.

1978

  • Ouverture d'une unité d'hémodialyse au Lamentin : les insuffisants rénaux se rendaient auparavant dans l'un des deux centres Guadeloupéens.

1979

  • Le cyclone David dévaste la région Nord de la Martinique.
  • Réaménagement des services fiscaux avec la création d'une brigade anti-fraude (19 janvier)
  • L'avenue Duparquet devient l'avenue des Caraïbes (22 février)
  • Pose de la première pierre de l'hôpital de la Meynard.

1980

  • L'Académie française décerne la médaille de la fondation Piccard à Liliane Chauleau, directrice des Archives Départementales pour son ouvrage : La vie quotidienne aux Antilles Françaises...
  • Prix de l'Académie Charles Crox décerné à Eda Pierre.

1981

  • Chirurgie cardiaque : 15 opérations à cœur ouvert au Carbet
  • Mise en place des zones d'éducation prioritaire (ZEP) à la Martinique pour lutter contre les échecs scolaires et les inégalités sociales des élèves.

1982

  • L'affaire Nicky : Jerry Defretas alias Nicky est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il est reconnu coupable du meurtre d'Albin et du viol de deux jeunes filles... La disparition de Madame Hilaire reste toujours une énigme.
  • Décentralisation. Aimé Césaire est élu président du Conseil Régional
  • Mort de Paul Lodéon à l'âge de 83 ans. Il créa le 1er service de chirurgie en Martinique.

1983

  • Inauguration officielle de l'Université des Antilles -Guyane.

1984

  • Le département devient autorité organisatrice des transports scolaires. En application des textes, le Conseil Général définit les circuits de transport, participe au financement des services effectués par 62 transporteurs et groupements, équipés d'environ 200 véhicules.

1985

  • 4 ports de pêche acquis par le département
  • 12 cantons nouveaux

  • Mort de Marius Cultier (23 décembre) : Célèbre pianiste martiniquais, né à Fort de France en 1943, il a grandi dans le quartier des Terres Sainville.
  • Par les lois de décentralisation, le département n'a désormais que le réseau routier départemental à sa charge.

1986

  • Mise en service le 31 janvier 1986 du pont du Trou du diable. La route du soleil ne passe plus par Rivière Pilote.

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