LES DONNEES HISTORIQUES :
Film : Les anges de thermidor
Après le drame de Puy de Pont, le jeune paysan
né le 8 mai 1785, a neuf ans; il est pris en charge par ses
oncles.
Il engage ses études à Périgueux,
puis à Paris, et admis à l'école de médecine
de Montpellier, il présente sa
thèse
avec succés le 18 juillet 1808.
Sa famille décimée, Pierre Delor n'avait
aucune raison de revenir en Dordogne, pourtant il s'installe dans
la Double, région ingrate. Si sa rancoeur persiste à
l'encontre des "tigres gorgés de sang", il n'a aucun ressentiment
vis à vis de la République.
Brave médecin, dévoué, original
de caractère (n'a t'il pas traité dans sa
thèse des "affections hystériques
et hypocondriaques !) il réside d'abord à Echourgnac
puis dans un lieu des plus déserts de la lande humide à
Sauzelle, commune de La Jemaye dans une modeste maison où il
mourra le premier mai 1862.
Le Docteur Delor avait déjà vendu sa maison
trois mois auparavant, le 24 janvier 1862, à un sieur Sicaire
tout en se réservant la jouissance jusqu'au 24 juin 1862.
Le médecin avait donc plus que des prémonitions
sur son état de santé.
L'acte de vente nous apprend qu'il avait acquis cette
maison de sa propre fille Mademoiselle Jeanne Thérèse
Delor laquelle l'avait reçue en héritage de sa mère
Valérie Soulard.
Le docteur Delor s'était donc bien marié
avec son ancienne maîtresse, ce qui est confirmé au
surplus par son acte de décés qui le disait veuf de Valérie
Philosie Soulard.
Cette homme, là où il a vécu, comme
il a vécu, a bien inspiré Eugène Le Roy qui
a trouvé en lui les traits du Docteur Charbonnières, le
héros de son roman "L'ennemi de la mort" (*).
Pourquoi évoquer la terreur de 1793 ?
"Les anges de thermidor", ce film traite des 18 mois
de "terreur" en Dordogne en 1793 et 1794.
Pendant cette période la "terrible machine de
Guillotin" est restée dressée place de la Clautre,
alimentée par les
décisions
du Tribunal Criminel statuant révolutionnairement.
C'est à partir des dossiers authentiques des 80
affaires traitées par ce Tribunal de Périgueux que
la trame du
scénario a été
contruite.
Lorsque l'immeuble abritant le Tribunal, quartier Saint-Sylain,
a été détruit, les commis greffiers du Tribunal
Civil ont eu le réflexe opportun de consigner dans
deux tomes l'intégralité des pièces
assurant leur prérénité.
L'affaire Delor m'avait toujours intrigué depuis
que mon beau-père, le Bâtonnier Abel Lacombe, avocat
d'assise, m'avait remis ces deux livres en me soufflant : "Méfie
toi toujours des Tribunaux d'exception".
Il en avait fait l'expérience pendant et après
la guerre notamment devant la Cour de Justice où il partageait
avec Maître Robert Ducos Ader, la défense de centaines
d'accusés la plus part acquittés.
L'idée a donc germé d'insérer l'affaire
Delor dans l'enchainement des faits historiques de l'époque
et notamment l'intrigue du conventionnel Roux-Fazillac avec l'évêque
constitutionnel Pontard, le comportement équivoque de cet
évêque faisant contrepoint avec celui du jeune vicaire
et de la jeune novice fidèles à leur foi et à
leurs engagements.
Cela permettait aussi de reconstituer précisement
le
Tribunal Révolutionnaire avec
le concours de magistrats, greffiers, avocats, huissiers, policiers,
gardiens de prison, etc...
D'ailleurs les plages du DVD permettent de sélectionner
les scènes construites à partir des procès-verbaux
des officiers municipaux lors de l'arrestation et de la dénonciation,
des Comités Révolutionnaires chargés de l'instruction
et enfin ceux du greffe établis lors des audiences jusqu'à
la décapitation.
Autrement dit la trame dramatique rassemble des faits historiques
et constitue un roman ne s'écartant pas de la réalité
d'un passé vécu et subi.
Le personnage omniprésent reste
la guillotine
dont le sort enfin sera définitivement réglé par la
loi du 9 octobre 1981 abolissant la peine de mort.
Cette tranche de notre histoire qui a vu se partager les
citoyens et le clergé, n'est pas à la gloire des hommes
de la 1
ère République, ni
à celle de ces conventionnels égarés et délirants
qui se condamnaient eux-mêmes.
A part Anatole France dans "Les Dieux ont soif", le sujet
de la terreur a été rarement traité dans son ensemble.
En Dordogne, l'évènement a été
terrible, mais bien moins encore qu'à Bordeaux, Nantes, Lyon
et Paris.
Depuis l'Etat et l'Eglise font chemins séparés
dans de nombreux pays, pas tous encore. C'est en cela que ce film
est d'actualité.
Michel Labroue
Document annexé n° 1 : Extraits de la thèse Pierre Delor (téléchargement)
Document annexé n° 2 : Extraits
du livre des commis greffiers sur le Tribunal Révolutionnaire
(téléchargement)
Sites à visiter :
Neuvic à la veille de la révolution : www.neuvicenperigord.com
Institut d'histoire de la révolution française : Université Paris
1 Panthéon-Sorbonne
(*) L'ennemi de la mort a été porté à
l'écran par Roger Kahane en 1980, tandis que Stelio Lorenzi
avait réalisé en 1965 la super production "Jacquou Le Croquant",
autre roman clef d'Eugène Le Roy.
Film long-métrage "Les anges de thermidor" (Style : film
d'époque, drame, (P) année 2004, durée 1h33, langue
française, réalisateurs M., M. & P. Labroue).