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Avec la création d’une floraison de guides d’informations pratiques, les cityguides, Internet met fin au monopole de la PQR. Celle-ci n’a pas tardé à réagir en ordre dispersé. La concurrence s’annonce rude.

 

 

 

 

 

’était il y a bientôt vingt ans : une floraison de radios de proximité naissait suite à la libéralisation de la bande FM, entraînant la fin du monopole des locales de Radio France. L’histoire se répétera-t-elle sur Internet avec la multiplication des cityguides, ces guides pratiques d’information de proximité  ?

L’enjeu, cette fois, ce sont les informations services, les bases de données, les annonces classées, en bref, un des principaux fonds de commerce de la PQR (presse quotidienne régionale).

" Ces savoir-faire, d’autres opérateurs peuvent les maîtriser " , remarque Denis Ruellan, directeur du département information communication à l’IUT de Lannion et maître de conférence à l’université Rennes 1. Avec douze de ses confrères, il a mis en place un groupe d’études sur le développement des sites d’informations locales en France. Il constate : "  Ce n’est pas difficile de récupérer les horaires et les programmes de cinéma, c’est du domaine public. N’importe quel opérateur qui crée un cityguide trouvera ces informations par un réseau de collecte ou un partenariat avec les annonceurs du coin. " 

De jeunes entreprises l’ont bien vite compris. Première de toutes, Webcity. Créée en 1998 par un Lyonnais de vingt ans, Alexandre Dreyfus, la start-up étend son réseau dans une trentaine de villes françaises. De Lille à Marseille en passant par Paris, le portail envisage même une expansion en dehors de nos frontières, à Genève, Londres et Bruxelles. Et pas moins de 80 personnes travaillent pour la société lyonnaise à mi-chemin entre le condensé d’informations locales et le guide pratique interactif.
D’autres ont suivi sur le même modèle : Vianice, lancé par un étudiant niçois dans cette même ville, ensuite à Lyon et Toulouse, mais aussi Cityvox déjà présent à Barcelone, Madrid, Berlin, Paris...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des entreprises aux reins fragiles
Ces cityguides sont-elles en mesure de créer une information originale, des annuaires et suffisamment de profits pour se développer et survivre à terme  ? Denis Ruellan reste prudent quant à leur avenir : " Prenez l’exemple de Webcity. Son réseau commercial et de collecte est faible. Ses avantages industriels en terme d’annuaires et de moteurs de recherche ne semblent pas très solides par rapport à ses concurrents. Webcity reste encore une entreprise fragile. " 

Le succès de ces entreprises attire la convoitise de grands groupes comme France Télécom. Certains leur prêtent des ambitions à la mesure de leur puissance et de leur force de frappe, à savoir une grande maîtrise technique en matière d’annuaires et de moteurs de recherche, accompagné d’un vaste réseau de commerciaux aptes à démarcher les annonceurs.

Autre concurrence potentielle, celle des diffuseurs d’annonces locales tels que Top Hebdo. Ces entreprises anciennes ont un savoir-faire considérable dans la collecte des petites annonces classées et sont habituées à la gratuité. Le passage sur Internet ne les gênerait pas. " Apparemment, ils sont très craints (par tous les acteurs de l’information locale) " , observe Denis Ruellan.

La PQR a vite réagi
Cantonnée principalement dans les colonnes des quotidiens régionaux, l’information locale s’affranchit donc peu à peu de ses supports traditionnels. Reste que confrontée à cette nouvelle concurrence, la PQR n’est pas restée inactive. Sa première réponse a été de créer des sites " vitrines " , reproduisant, en ligne, tout ou partie des articles du support papier. Pour modeste qu’ils soient, les investissements n’assurent pas automatiquement des succès d’audience ou encore moins la rentabilité. Alors la PQR se lance elle aussi dans les cityguides. C’est d’abord Ouest-France qui met en place maville.com en octobre 1999, dans les principales villes de sa zone d’influence.

C’est ensuite Le Télégramme de Brest qui s’associe avec Le Républicain lorrain, en mars dernier, pour créer un nouveau réseau, vivalaville.com, un portail à l’appellation déposée, déclinable sous le nom de chacune des villes concernées. Après Vivabrest, Vivanantes et Vivarennes, déjà opérationnels, devraient s’ajouter une quinzaine d’agglomérations de plus de 100 000 habitants. Un projet ambitieux qui nécessiterait quelque 300 millions de francs et 250 salariés, parmi lesquels des équipes spécialisées de " cyberjournalistes " .

" A terme, il ne devrait rester que trois opérateurs (dans les cityguides). Nous voulons être parmi ceux-là " , déclarait Edouard Coudurier, directeur général du Télégramme de Brest, dans Le Monde du 19 mars. Dernier quotidien régional à se lancer dans la bataille des cityguides, Sud Ouest à travers le guide pratique viapolis.com (voir l'interview d’Hubert Barat, responsable de sud-ouest.com). Là encore, il s’agit de concevoir un modèle exportable dans le reste de la France et en Europe.

Seuls quelques sites survivront
 " Face à la concurrence, la PQR propose une réponse forte et un peu inattendue, analyse Denis Ruellan. Elle sort de ses frontières géographiques traditionnelles pour se trouver de nouveaux partenaires. " 
La multiplication de ses projets risque de laisser des traces : les titres de la PQR se retrouveront en concurrence sur des territoires où ils ne sont pas implantés. Aux Etats-Unis, le modèle des cityguides s’est beaucoup développé, notamment autour de réseaux comme citysearch. L’histoire a montré que seuls quelques-uns des sites ont survécu.

Personne en France ne doute de figurer parmi les survivants, arguant d’un contenu plus riche, plus novateur que les autres. Du plan pour trouver les meilleures adresses de boîtes branchées à la possibilité de contacter son association en ligne, chacun fourbit ses armes. " Et la PQR n’est pas trop mal placée, conclut Denis Ruellan. Elle a réagi vite et n’a pas un retard insurmontable. Mais surtout, elle peut compter sur d’énormes atouts. " La légitimité que lui confère sa notoriété entre autres 




 
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