Sophia Loren : Antonietta. Marcello Mastroianni : Gabriele. Françoise
Berd : la concierge. Patrizia Basso : Romana.
Le genre : chronique d'une rencontre sur fond politique.
Cette journée du 8 mai 1938 est doublement particulière. Historiquement,
elle marque la visite officielle du chancelier Adolf Hitler à son
ami et allié, le Duce Benito Mussolini. Humainement, elle rapproche
deux êtres solitaires et malheureux : Antonietta, femme au foyer,
pourvue d'un mari autoritaire et de six enfants, et Gabriele, speaker à
la radio et homosexuel. Tous deux sont exclus de la cérémonie
officielle qui a attiré la foule romaine.
Unanimement et justement loué, ce film est l'un des plus originaux,
des plus émouvants, des plus forts que le cinéma italien nous
ait offerts. Ce n'est pas ce qu'on appelle un film politique, et pourtant
il est plus convaincant que tous les discours et toutes les thèses
sur le fascisme. Mais ce n'est pas tout. Il y a cette rencontre fulgurante,
violente, poignante, entre deux êtres que rien ne devrait rapprocher,
sinon leur détresse ; il y a une tendresse qui sourd des dialogues
embarrassés, des regards qui se dérobent puis se rencontrent.
Il y a l'expression d'un amour impossible réduit aux gestes précipités
d'une étreinte désespérée. Il y a le talent
de Sophia Loren et de Marcello Mastroianni, tous deux utilisés à
contre-emploi et également admirables. Il y a le talent d'Ettore
Scola, particulièrement inspiré ici.
Gilbert Salachas (extrait de Télérama du 18/05/2002)